Agrocarburants : journée d'action au Parlement européen
11 sept. 2013
Sauvons la forêt a participé à une journée d'action le 11 septembre 2013 à Strasbourg à l'occasion du vote sur la politique énergétique européenne. Au menu : manifestation devant le Parlement, remise des signatures collectées par différentes pétitions à Corine Lepage et Matthias Groote, analyse et décryptage du vote des eurodéputés.
Un collectif d'organisations de protection de l'environnement et de défense des droits humains s'est réuni le mercredi 11 septembre 2013 à Strasbourg pour manifester publiquement son rejet des biocarburants avant le vote des eurodéputés sur la politique énergétique européenne. Aux côtés de Friends of the Earth, Wahli, Oxfam et Action Aid, nous avons accueilli les eurodéputés à l'entrée du Parlement européen avec nos pancartes, puis distribué aux passants nos tracts d'informations sur la nocivité environnementale des "biocarburants".
Nous avons remis plus tard dans la matinée les différentes pétitions lancées par les organisations participantes à Corine Lepage et à Matthias Groote, respectivement rapporteur et président de la Commission de l'environnement du Parlement européen. Avec un peu plus de 118 000 signatures, Sauvons la forêt a apporté près de la moitié des 243 998 signatures remises à l'ancienne ministre de l'environnement. Les députés européens étaient par ailleurs déjà informés de l'état actuel de notre pétition depuis la semaine dernière.
243 998 signatures remises à Corine Lepage et Matthias Groote
Farouche opposante à la politique de soutien de l'UE aux agrocarburants, madame Lepage nous a semblé particulièrement remontée contre certains de ses collègues eurodéputés qui se sont laissés débaucher par le lobbying des industriels, notamment par les promoteurs de l'huile de palme. Ainsi, au moment où nous la remerciions de prendre acte de notre mobilisation citoyenne contre les agrocarburants, madame Lepage réagissait en ces termes : « Je fais simplement mon travail et j'aimerai que les autres députés fassent le leur ! ».
Malheureusement, Corine Lepage avait vu juste. Au moment du vote en séance plénière auquel nous avons assisté, nos visages se sont fermés : les taux d'incorporations des biocarburants de première génération passent à 6%, le facteur ILUC ne sera pas pris en compte avant 2020, madame Lepage ne sera pas mandatée (à deux voix près) pour négocier le texte de loi avec les États membres. En d'autres termes, la consommation de biocarburants issus des terres agricoles augmentera peu mais augmentera tout de même, le bilan environnemental global des agrocarburants sera certes évalué mais ne sera pas pris en compte dans les calculs officiels avant l'année 2020, l'huile de palme aura toujours sa place dans les énergies "climatiquement neutres" jusqu'à cette date.
Les députés européens exacerbent la déforestation en toute connaissance de cause
Dans les coulisses du Parlement, certaines personnes partageant notre combat de l'intérieur de cette institution ne comprennaient pas notre morosité. Elles considèraient le vote venant d'avoir lieu comme un message clair adressé à l'industrie : la dynamique est cassée, les agrocarburants ne sont plus une solution d'avenir. Quand bien même le résultat du vote pouvait être interprété de cette manière très optimiste, nous déplorions le manque de courage de certains eurodéputés vis-à-vis des industriels et de leurs lobbyistes.
Car ce vote coûtera extrêmement cher à l'homme et à la nature. L'huile de palme continuera de faire des ravages en Indonésie et en Malaisie, des denrées alimentaires seront encore gaspillées dans le réservoir des véhicules. Et tout cela au prix de la destruction des forêts tropicales humides...
Si les députés européens ont préféré fermer les yeux sur les conséquences de leur politique, ce ne sera peut-être pas le cas des ministres qui se prononcerons à leur tour sur la question des agrocarburants à l'automne.
Nous ne sommes pas prêt d'abandonner. D'autres échéances approchent. Nous serons là, une nouvelle fois.
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Informations supplémentaires
• Article du Monde Le Parlement européen plafonne les agrocarburants jugés nuisibles
• Deux articles d'actu-environnement
1- Le Parlement européen plafonne à 6% l'incorporation d'agrocarburants de première génération en 2020
2- “ Des lobbies très puissants s'opposent à la réduction de la part des agrocarburants de première génération ” (interview de Corine Lepage)
• Intégralité des amendements votés par le Parlement européen
• Schéma explicatif Procédure législative dans l'Union européenne