À l’ONU : les plantations ne sont pas des forêts !
La forêt, c’est la vie, un lieu où s’entrecroisent une multitude d’espèces animales et végétales, un foyer pour des millions d’êtres humains. Pourtant, l’ONU considère aussi comme des forêts les stériles plantations industrielles d’arbres, un non-sens qui ouvre grand la porte à la destruction de la nature. Écrivons à l’ONU !
AppelAu secrétaire général de la FAO et aux organisateurs du XIVe Congrès forestier mondial
“Par sa définition erronée de la forêt, l’ONU exacerbe la déforestation en favorisant les plantations industrielles d’arbres. Merci de la modifier au plus vite !”
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) commet une erreur fondamentale depuis trop longtemps : elle considère les forêts comme un simple « couvert arboré ».
Avec sa définition, la FAO n’estime ainsi pas qu’il y a déforestation (perte nette de forêts - no net deforestation) lorsque des forêts tropicales à la riche biodiversité sont défrichées et remplacées par des plantations d’hévéas ou d’eucalyptus. Et lorsque des prairies sont détruites ou des terres paysannes sont accaparées pour développer des monocultures industrielles d’arbres, l’organisation onusienne nomme cela boisement (afforestation).
Le refus de la FAO de définir la forêt par sa diversité biologique, sociale, culturelle et spirituelle a pour conséquence de favoriser l’expansion des plantations à grande échelle au détriment des communautés locales, des forêts véritables et des autres écosystèmes.
Même les plantations d’arbres génétiquement modifiés, à l’instar des eucalyptus transgéniques, sont appelées à tort forêts.
Les Nations unies provoquent de fausses solutions au réchauffement climatique en considérant les forêts uniquement comme des puits de carbone. Organisations non gouvernementales, mouvements sociaux et scientifiques dénoncent de longue date cette définition incorrecte.
Lors du Congrès forestier mondial à Durban de septembre 2015, Sauvons la forêt manifesta aux côtés d’ONG et de mouvements sociaux du monde entier contre les causes réelles de la déforestation et ses responsables. Aujourd’hui, l’organisation onusienne n’a toujours pas pris ses responsabilités sur cet outil primordial dans la lutte contre la déforestation à l’échelle planétaire.
Merci de signer et de diffuser au plus vite la présente pétition !
Contexte
Informations supplémentaires
World Rainforest Movement (Mouvement mondial pour les forêts tropicales)
• Rapport du WRM La définition du mot “forêt“
• Informations sur le sujet Définition des forêts
• Article du WRM Pour refuser la REDD+ et les industries extractives pour s’opposer au capitalisme et défendre la vie et les territoires
• Rapport La Journée internationale des forêts de l’ONU 2015 et son thème : ‘Forêts, climat, changement’. Quel changement ?
• Page thématique Les plantations d’arbres
• Page thématique Monocultures intensives d’arbres
FAO
• Annexe du Programme d’évaluation des ressources forestières Termes et définitions utilisés dans FRA 2010
• Publication Politiques de développement agricole - Concepts et expériences
• Textes fondamentaux de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
• Evaluation actuelle des ressources forestières mondiales (en anglais) Global Forest Resources Assessment (FRA2015)
Destinataire de la pétition
En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires y compris sur les réseaux sociaux :
• M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Viale delle Terme di Caracalla
00153 Rome
Italie
Tél : +39 (0)6 57051
Courriel : FAO-HQ@fao.org
Facebook : https://www.facebook.com/UNFAO
Twitter : https://twitter.com/FAODG & https://twitter.com/FAOForestry
• M. Trevor Abrahams, Secrétaire général du XIVe Congrès forestier mondial
• Mme Tiina Vahanen, Secrétaire Générale associée du XIVe Congrès forestier mondial
WFC2015 Congress Secretariat
African Agenda
Tél : +27 (0)21 683 2934
Courriel : info@wfc2015.org.za
Twitter : https://twitter.com/Forests2015
Vidéo : Ceci n’est pas durable
Lettre ouverte à la FAO
La lettre ouverte ci-dessous a été adressée à la FAO à l’occasion du Jour international des forêts le 21 mars 2014. Elle a été rédigée par la Vía Campesina, les Amis de la Terre International, Focus on the Global South ainsi que par le Mouvement mondial pour les forêts tropicales (WRM). Cette lettre ouverte a été signée par de nombreuses organisations dont Sauvons la forêt (Rettet den Regenwald e.V.).
La définition des forêts doit correspondre à ce qu’elles signifient vraiment !
Monsieur José Graziano da Silva
Directeur général de la FAO
Nous constituons un groupe nombreux de mouvements sociaux, d’ONG et de militants et nous adressons cet appel urgent à la FAO pour qu’elle revoie sa définition des forêts. Telle qu’elle est à l’heure actuelle, cette définition réduit la forêt à n’importe quelle surface couverte d’arbres, et laisse de côté la diversité structurelle, fonctionnelle et biologique des autres éléments qui la composent, ainsi que l’importance culturelle de l’interaction entre les forêts et les communautés. Cette définition de la FAO favorise surtout les intérêts du lobby des exploitants forestiers et des compagnies qui font des plantations industrielles d’arbres pour produire de la pâte, du papier et du latex ; en revanche, elle ne tient pas compte des 300 millions (ou plus) de femmes et d’hommes du monde entier qui, d’après la FAO, dépendent directement des forêts pour leur subsistance. Cela inclut les populations indigènes et traditionnelles, dont beaucoup sont des paysans qui dépendent de l’agriculture en forêt et de la grande diversité de produits non ligneux qu’il offre pour leur souveraineté alimentaire. En plus d’assurer leur propre souveraineté alimentaire, tous ces peuples contribuent de façon fondamentale à nourrir le monde. Les forêts jouent un rôle capital dans la vie de ces femmes et de ces hommes, de ces paysans, artisans, pêcheurs et cueilleurs, qui doivent figurer parmi les principaux acteurs d’un processus de révision que la FAO devrait mettre en place pour faire en sorte que sa définition des forêts reflète ce qu’elles représentent au 21e siècle.
Les forêts sont si importantes pour la vie des millions de femmes et d’hommes qui en dépendent de nombreuses façons, qu’il devient parfois difficile pour eux de mettre en paroles, même dans leur propre langue, jusqu’à quel point cette importance est cruciale. Parfois, les peuples des forêts le résument en disant tout simplement que la forêt est leur « foyer », non seulement un morceau de terre couvert d’arbres mais un territoire où ils se sentent protégés et où ils peuvent trouver tout ce qu’il leur faut pour bien vivre. Le plus souvent ce sont des peuples indigènes, parmi lesquels figure la centaine de peuples volontairement isolés qui restent encore. Bien d’autres groupes en font partie aussi ; même si leurs modes de vie sont différents, ils dépendent tous de la forêt. Tous, sans exception aucune, respectent profondément la forêt dont ils sont tributaires tout en en faisant partie.
Si la cueillette de produits forestiers autres que le bois est une activité essentielle pour la plupart de ces hommes et de ces femmes, d’autres sont des paysans qui pratiquent l’agriculture avec des méthodes transmises depuis des générations et perfectionnées peu à peu afin de maintenir intactes les fonctions de la forêt. L’agriculture de ce genre, ainsi que la chasse, la pêche et la cueillette de divers produits non ligneux tels que miel, fruits, graines, glands, tubercules, plantes médicinales et d’autres herbes, assurent la souveraineté alimentaire et la santé de ces populations. Les paysans contribuent aussi à la subsistance d’un nombre encore plus élevé de personnes : 1 600 millions, d’après les estimations de la FAO. En outre, les peuples forestiers utilisent le bois surtout pour leurs besoins domestiques, et rarement comme principale activité commerciale. Et quand il est utilisé à des fins commerciales, les échanges ont lieu dans les marchés locaux. Les communautés qui dépendent de la forêt connaissent bien le potentiel de destruction qu’implique l’extraction commerciale de bois. Celle-ci donne d’énormes bénéfices à une poignée d’étrangers mais laisse derrière elle une destruction irréparable et perturbe gravement les moyens d’existence de la population.
Cependant, les États et les institutions multilatérales comme la FAO et la Banque mondiale continuent de considérer les forêts comme des terres où l’extraction commerciale de bois de prix, pratiquée par des entreprises privées souvent étrangères, est le meilleur recours d’un pays pour s’acheminer vers le « développement » et sortir les gens de la « pauvreté ». Ce point de vue centré sur le bois est à l’origine de l’actuelle définition de forêt de la FAO : « Terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectares avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert arboré de plus de 10 pour cent, ou avec des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. […] » (1)
Cette définition réductrice justifie aussi l’expansion des plantations industrielles d’arbres en tant que « forêts plantées ». En effet, selon la définition de la FAO, ces plantations à grande échelle en régime de monoculture sont considérées comme du « reboisement » et serviraient à compenser la diminution des forêts. Or, dans la pratique, les plantations industrielles, d’arbres, de palmiers à huile ou de soja, ont énormément contribué à la destruction des forêts et d’autres biomes tels que les herbages et les savanes, et ce dans le monde entier. Grâce à elles, une poignée de sociétés transnationales a obtenu des bénéfices en abondance, mais les communautés tributaires de la forêt sont restées dans la misère et, souvent, on dû quitter leurs territoires. Les femmes qui, de façon générale, ont des rapports particuliers avec la forêt, tendent à souffrir davantage à cause de sa destruction. Les communautés touchées par les plantations industrielles d’arbres ne les appellent jamais forêts.
Le rapport de la FAO « Situation des forêts du monde » continue à diffuser le mythe que la déforestation n’est plus un problème aussi grave que par le passé. Cette « bonne nouvelle » supposée est due au fait que la FAO confond les forêts et les plantations et permet donc que des dizaines de millions de plantations industrielles d’eucalyptus, d’acacias et d’hévéas à croissance rapide soient comptabilisées comme des « forêts plantées » dans les statistiques forestières de chaque pays. En appliquant l’actuelle définition de forêt de la FAO, même une plantation de 100 000 hectares d’eucalyptus à croissance rapide génétiquement modifiés est une « forêt », en dépit de tous les effets négatifs inhérents à la monoculture à grande échelle, sans parler du risque de contamination de la composition génétique des arbres et des forêts des alentours.
Dans ses principes fondateurs, la FAO se décrit comme une organisation qui dirige les « activités internationales qui visent à éradiquer la faim » et comme « un forum neutre où toutes les nations se rencontrent sur un pied d’égalité ». Pour que cette déclaration soit vraie, la FAO doit modifier d’urgence sa définition de forêt afin que, au lieu de refléter les préférences et les perspectives des entreprises forestières, des fabricants de pâte et de papier et des producteurs de caoutchouc, elle reflète ce que les peuples tributaires des forêts voient en elles, et l’utilisation qu’ils en font.
Contrairement à la procédure existante sein de la FAO, un processus d’élaboration d’une définition nouvelle et plus appropriée des forêts doit engager efficacement les femmes et les hommes qui dépendent directement des forêts. Une définition appropriée doit soutenir leurs modes de vie, leurs réseaux et leurs organisations. Tel est notre espoir en ce Jour international des forêts. Nous nous engageons à poursuivre cette campagne jusqu’à ce que la FAO ait effectivement pris ces initiatives.
(1) http://www.fao.org/docrep/013/i1757f/i1757f13.pdf
Au secrétaire général de la FAO et aux organisateurs du XIVe Congrès forestier mondial
Monsieur le Secrétaire Général,
Madame la Secrétaire Générale associée,
La FAO définit la « forêt » comme une « terre occupant une superficie de plus de 0,5 hectare avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à cinq mètres et un couvert arboré de plus de dix pour cent, ou avec des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. »
Cette définition réduit la forêt à un simple couvert d’arbres. Elle fait abstraction de la diversité structurelle, fonctionnelle et biologique des arbres et des nombreuses autres espèces qui composent une forêt, ainsi que de l’importance culturelle de l’interaction entre les forêts et les communautés.
La définition de la FAO profite aux intérêts du lobby forestier et aux entreprises de l’industrie du papier, du caoutchouc et de la bioénergie. Réduire les forêts à leur fonction de stockage du carbone avantage encore plus les entreprises de plantations car cela leur permet de considérer les monocultures industrielles d’arbres comme des «forêts plantées» absorbant le carbone de manière particulièrement rapide. Le carbone ainsi stocké peut alors être vendu comme «crédit carbone». Ceci est une fausse solution au changement climatique.
La définition de la FAO permet même de nommer «forêts» les plantations d’arbres transgéniques.
L’expansion des monocultures industrielles d’arbres (eucalyptus, pin, acacia, etc.) est, de manière directe et indirecte, un vecteur important de déforestation. Elle détruit la biodiversité et contribue au changement climatique. Elle dévaste aussi les vies de millions de personnes, dont les autochtones. Selon la FAO, au moins 300 millions de femmes et d’hommes à travers le monde dépendent directement de la forêt pour leurs moyens de subsistance.
Dans ses principes fondamentaux, la FAO prétend jouer « un rôle de chef de file dans les efforts internationaux de lutte contre la faim » et se veut une « tribune neutre au sein de laquelle tous les pays se réunissent sur un pied d’égalité ».
Pour satisfaire cette exigence, la FAO doit impérativement modifier sa définition incorrecte du terme «forêt» qui légitime et exacerbe des développements destructeurs. La FAO doit abandonner une définition servant les seuls intérêts de l’industrie du bois, du papier et du caoutchouc pour une définition qui reflète les réalités écologiques et les besoins des peuples qui en dépendent.
À l’occasion du XIVe Congrès forestier mondial de la FAO à Durban, une large alliance composée de mouvements sociaux, d’organisations non gouvernementales et d’activistes demandent à la FAO et aux autres institutions de formuler une nouvelle définition du mot «forêt».
Nous estimons que le processus d’élaboration d’une définition appropriée de la «forêt» ne doit plus être soumis à l’influence de l’industrie du bois et des plantations mais doit au contraire être mené par les communautés forestières qui, elles, dépendent directement des forêts pour leur subsistance.
Nous sommes convaincus du fait que la définition actuelle de la forêt de la FAO doit être changée. Les plantations ne sont pas des forêts ! Nous vous demandons de définir la forêt par sa réelle signification.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Secrétaire Général, Madame la Secrétaire Générale associée, à l’assurance de notre considération et de notre vigilance citoyenne.
La forêt tropicale est l’habitat naturel ayant la plus grande biodiversité au monde. Mais elle est gravement menacée. Chaque année elle perd environ 150.000 kilomètres carrés, soit plus de 40 terrains de football par minute !
Les arbres géants sont abattus pour l’industrie du bois et des meubles, ou pour faire place à des plantations immenses de palmiers à huile, de canne à sucre et de soja. Le poumon vert de la Terre disparait aussi à cause des mones d’or et de cuivre, de l’extraction de pétrole et des barrages électriques. Les conséquences sont dévastatrices :
• Environ la moitié des espèces animales et végétales vivent dans les forêts tropicales. Orang-outans, tigres et toucans ont besoin de la forêt pour survivre. A cause de la déforestation, 150 espèces disparaissent chaque jour.
• 60 millions d’autochtones vivent dans et de la forêt pluviale. Ils utilisent ses ressources sans la détruire. Mais ils sont de plus en plus souvent expulsés et menacés.
• Les forêts pluviales sont essentielles pour la stabilité du climat et la conservation des sols. Leur destruction aboutit à encore plus d’émissions de CO2 dans l’atmosphère, d’inondations et de glissements de terrains.
Telle est la réalité. Nous ne pourrons préserver les dernières forêts tropicales qu’avec votre aide !