L’orang-outan, victime durable de l’huile de palme
Les cultures d’huile de palme menacent la survie des orangs-outans à Bornéo. Le cas de l’entreprise BGA est exemplaire sur les limites du label de la RSPO censé garantir des produits « durables » respectueux de l’environnement. Stop à la déforestation et aux importations d’huile de palme !
AppelGouvernement français, Union européenne et acteurs de l'économie
“Non à la destruction des forêts tropicales pour l’huile de palme ! Merci de mettre fin à son importation.”
L’entreprise d’huile de palme indonésienne Bumitama Gunajaya Agro (BGA) est en train de déboiser une forêt primaire irremplaçable dans le Kalimantan occidental à Bornéo. Abandonnés, épuisés par la faim, singes nasiques et orangs-outans assistent impuissant au spectacle macabre de leur habitat naturel dévasté.
Les ONG Friends of Borneo et International Animal Rescue Indonesia (IAR) avaient déposé en avril 2013 une plainte officielle auprès de la RSPO, l’organisation délivrant le label de l’huile de palme durable et dont BGA est membre depuis 2007. Sauvons la forêt avait lancé à l’époque une pétition pour appuyer leur démarche.
Mi-novembre 2015, BGA nous a envoyé une lettre demandant le retrait de cette pétition de notre site internet : les problèmes de destruction de la forêt tropicale seraient résolus, BGA se serait mise en conformité avec les standards de la RSPO et assure « essayer » de bien faire à l’avenir.
Sauvons les orangs-outans ! Stop à l’huile de palme !
Nos partenaires sur place brossent un tableau fort différent de la situation. BGA continuerait d’enfreindre les règles, déjà insuffisantes, de la RSPO. Elle fait d’ailleurs l’objet d’une nouvelle plainte déposée le 26 septembre 2015 par le groupe local AR Borneo et des représentants d’une communauté autochtone. Ils accusent l’entreprise d’activités illégales sur leur territoire dans le Kalimantan occidental.
Ce cas parmi d’autres montre clairement les limites du label d’huile de palme « durable » de la RSPO. Celui-ci n’empêche ni la déforestation ni la perte de biodiversité ni les expulsions souvent violentes subies par les populations locales.
Les clients de BGA se nomment IOI, Wilmar et Sinar Mas, eux-mêmes fournisseurs en huile de palme de l’industrie agroalimentaire et de biens de consommation en Europe. Le système de certification de la RSPO est aussi reconnu par l’Union européenne pour identifier les agrocarburants« durables ».
Merci de signer notre appel adressé aux responsables politiques et économiques.
ContexteOrangs-outans et biodiversité
Les plantations de palmiers à huile détruisent irrémédiablement l’habitat naturel des orangs-outans et de l’immense biodiversité des forêts tropicales humides. Les animaux sont indésirables et ne peuvent survivre au milieu des forêts défrichées. Les membres de l’association International Animal Rescue Indonesia (IAR) n’ont plus eu d’autre choix que d’endormir les orangs-outans afin de pouvoir les évacuer de cet enfer.
Il n’existe quasiment plus d’habitat de substitution pour les animaux. Car outre leurs forêts tropicales détruites, les monocultures de palmiers à huile s’étendent déjà à perte de vue. Partout en Indonésie et chez son voisin malaisien, les forêts tropicales sont détruites pour faire place à toujours plus de palmeraies.
Certification RSPO
Le label de la Table ronde sur l’huile de palme durable (en anglais Roundtable on Sustainable Palm Oil - RSPO) regroupe 1.200 entreprises de la filière allant des producteurs d’huile de palme d’une part à ses acheteurs comme l’industrie agroalimentaire ou celle de biens de consommation (Nestlé, Unilever etc.) d’autre part. Certaines organisations proches des milieux d’affaires comme le WWF viennent compléter la ronde pour servir d’alibi au label fait par et pour les industriels.
Car le label RSPO n’exclut pas la destruction des forêts humides pour les plantations de palmiers à huile. Seules les « Zones à haute valeur de conservation » (High Conservation Value Areas - HCVA) n’ont pas le droit d’être déboisées.
Sauvons la forêt revendique la conservation et la protection de toutes les zones de forêts tropicales restantes. Il n’en va pas seulement des orangs-outans dans les forêts de l’Asie du Sud-est mais aussi des nombreuses autres espèces menacées parmi lesquelles le singe nasique, le tigre, la panthère nébuleuse, l’éléphant pygmée ou le rhinocéros de Sumatra. Par ailleurs, les forêts sont aussi les foyer, source de revenu et moyens de subsistances de nombreux peuples autochtones et de paysans.
BGA : Bumitama Gunajaya Agro
Le société productrice d’huile de palme Bumitama Gunajaya Agro (BGA) fait partie de Harita, un sulfureux groupe indonésien tirant profit à la fois de l’activité minière (nickel, bauxite, charbon), de l’huile de palme, de l’exploitation forestière et du transport de marchandises. Un tiers de BGA est détenu par l’entreprise malaisienne IOI qui exploite entre autres une grande raffinerie d’huile de palme à Rotterdam (Loders Croklaan) pour le marché européen.
BGA a déjà défriché 124.000 hectares de forêts pour ses plantations de palmiers à huile à Bornéo (provinces de Kalimatan central et occidental) et à Sumatra (province de Riau). L’entreprise s’est aussi appropriée 65.000 hectares de terres supplémentaires. BGA déboise en moyenne 13.000 hectares de forêts tropicales par an pour ses cultures de palmier à huile.
Vidéo
Reportage de 12min05s relatant le sauvetage des orangs-outans par de l’International Animal Rescue Indonesia (IAR)
Informations supplémentaires
• Article du Blog Vivre sans huile de palme RSPO ou la mauvaise blague du durable
• Site officiel de la RSPO Fiche du membre PT Bumitama Agri Ltd (BGA)
• Site officiel de BGA Page de statistiques sur l’expansion de ses plantations
• Déclaration commune de 256 organisations internationales rejetant la RSPO 'International Declaration Against the 'Greenwashing' of Palm Oil by the Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO)
Photos
(Source: International Animal Rescue Indonesia IAR)
Ces photos ont été prises en mars 2013 par l’IAR lors du sauvetage de quatre orangs-outans sur la concession de palmiers à huile de BGA dans le Kalimatan occidental
Gouvernement français, Union européenne et acteurs de l'économie
Madame, Monsieur,
Les écolabels comme celui de la « table ronde pour une huile de palme durable » (Roundtable on Sustainable Palm Oil – RSPO) ne peuvent empêcher la destruction des forêts tropicales et de la biodiversité.
Un cas exemplaire provient de Bornéo, où le producteur d’huile de palme indonésien Bumitama Gunajaya Agro (BGA) défriche des grandes zones de forêt tropicale, anéantissant son écosystème et ses animaux menacés comme l’orang-outan.
Des activistes de l’organisation écologiste International Animal Rescue Indonesia (IAR) avaient porté secours en mars 2013 à quatre orangs-outans épuisés par la faim sur un défrichement destiné à recevoir de nouvelles plantations de palmiers à huile. Des photos et vidéos bouleversantes de l’IAR attestent de ce sauvetage.
BGA est membre de la RSPO, un label ayant pour but de certifier l’huile de palme durable. Parmi les clients de BGA on retrouve IOI, Wilmar et Sinar Mas, des entreprises qui revendent l’huile de palme en Europe aux industriels de l’agroalimentaire et des biens de consommation ainsi qu’aux producteurs de biocarburants.
L’Union européenne a reconnu le système de certification de la RSPO pour identifier les biocarburants produits de manière durable. L’huile de palme certifiée par la RSPO peut ainsi être incorporée dans l’essence.
Je vous demande de tout faire pour empêcher la destruction des forêts tropicales et de mettre fin à l’importation de l’huile de palme. Cette huile nocive ne devrait pas pouvoir se retrouver dans nos aliments, nos produits cosmétiques et d’entretien ou dans le réservoir de nos automobiles.
Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de ma considération et de ma vigilance citoyenne.
Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes
Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…
Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.
À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».
Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre
Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.
Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.
Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.
La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement
Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.
Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :
- cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
- lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
- le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
- Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
- Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
- Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
- Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.