« Nous garderons nos forêts, vous gardez vos dollars ! »

Enfants dans le village de pêcheurs de Vishumbi (parc national des Virunga, République démocratique du Congo) La prospection pétrolière menace l’approvisionnement en eau d’un million de personnes (© Rettet den Regenwald / Mathias Rittgerott) Pêcheurs dans le village de Vitshumbi (lac Édouard, Parc national des Virunga, République démocratique du Congo) Les pêcheurs du lac Édouard pourraient également perdre leurs moyens de subsistance (© Rettet den Regenwald / Mathias Rittgerott) Rapport Greenpeace Africa « Nous garderons nos forêts, vous gardez vos dollars ! » © Greenpeace Africa

19 oct. 2022

Le gouvernement de la République démocratique du Congo laisse sa population dans l’ignorance de ses projets d’exploration pétrolière à grande échelle dans le pays. Selon un rapport de Greenpeace Africa, que soutient Sauvons la forêt, la majorité des villageois s’oppose au bradage des forêts par souci de l’environnement.

Les habitants de 14 villages de la République démocratique du Congo (RDC), que Greenpeace Africa a interrogés pour le rapport "Nous garderons nos forêts, vous gardez vos dollars !", ne savaient rien des plans inquiétants du gouvernement.

« Le gouvernement néglige son propre peuple. C’est comme si ces forêts étaient vides, qu’elles étaient sans villages, sans animaux, c’est navrant ! », déclare un habitant dans le rapport.

Fin juillet, le gouvernement de Kinshasa a lancé la mise aux enchères de 27 blocs pétroliers et de 3 blocs gaziers. Les concessions couvrent au total 277 954 kilomètres carrés, une superficie plus grande que le Royaume-Uni. Au moins 13 de ces blocs chevauchent des aires protégées, dont le célèbre parc national des Virunga qui est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, et 3 des tourbières.

 

La population est particulièrement préoccupée par la pollution des rivières dont elle dépend pour son eau potable. Selon le rapport, environ un million de personnes pourraient être touchées, et les impacts pourraient même se faire sentir dans la métropole de Kinshasa. La pollution de l’eau mettrait également en danger l’agriculture et la pêche, c’est-à-dire les moyens de subsistance de la majorité des villageois.

« Le projet du gouvernement (...) est nocif pour nous qui vivons ici et pour tout ce qui nous entoure. Nous respirons de l’air frais, nous vivons dans un environnement sain - pourquoi détruire tout cela et nos poissons ? », demande un villageois. Les habitants craignent également de devenir des "esclaves" et de voir apparaître de nouveaux conflits sociaux avec le début de l’exploration pétrolière. Ils ne voient pas dans les combustibles fossiles un moyen de sortir de la pauvreté, bien au contraire.

« Ce rapport montre comment l’appel d’offres des blocs pétroliers et gaziers en RDC menace non seulement le climat mondial et la biodiversité, mais expose les communautés à la pollution,  aux maladies, aux conflits, à la pauvreté et à la corruption qui accompagnent inévitablement la malédiction du pétrole », a déclaré Irène Wabiwa Betoko de Greenpeace Afrique.

De nombreuses organisations de défense de l’environnement et des droits humains de la RDC et du monde entier se sont prononcées contre l’exploration pétrolière prévue et s’efforcent de l’empêcher. Si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez encore signer notre pétition.


  1. plans inquiétants

    Le rapport "Nous garderons nos forêts, vous gardez vos dollars !" a été présenté conjointement par Greenpeace Africa, 350 Africa.org, Sauvons la forêt ainsi que les organisations congolaises Dynamique Pole, Innovation pour le développement et la protection de l’environnement (IDPE), Youth Movement for the Protection of the Environment (MJPE) et Réseau des éducateurs du développement durable (REDD).

  2. 27 blocs pétroliers et de 3 blocs gaziers

    Les entreprises peuvent soumettre leurs offres jusqu’au 1er février 2023 (exception faite de l’appel d’offre pour les champs gaziers du lac Kivu qui s’est clôturé le 10 octobre 2022). L’attribution des concessions est prévue le 30 juin 2023.

Cette page est également disponible en :

Inscrivez-vous à notre newsletter

Suivez l’actualité de nos campagnes pour la protection de la forêt tropicale grâce à notre lettre d’information !