Huile de palme : ni dans le Nutella ni dans les agrocaburants !
Bravo madame la ministre ! Invitée sur Canal+, Ségolène Royal a conseillé aux téléspectateurs de ne plus consommer de Nutella car il contient de l’huile de palme. Et pour les agrocarburants ? Écrivons à la la ministre de l’écologie pour lui demander d’empêcher Total de convertir sa raffinerie de La Mède à l’huile de palme…
AppelÀ Mme Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie
“Après votre appel au boycott du Nutella, poursuivez votre combat contre la déforestation en empêchant la conversion de la raffinerie de Total à l’huile de palme”
« Il faut arrêter de manger du Nutella ». Au cours de l’émission Le Petit Journal le lundi 15 juin 2015 sur Canal Plus, la ministre de l’écologie Ségolène Royal a fait cette déclaration détonante dont le préambule était tout aussi réjouissant à entendre : « Il faut replanter massivement des arbres parce qu'il y a eu une déforestation massive qui entraîne aussi du réchauffement climatique ». Et de conclure : « Il faut qu’ils utilisent d’autres matières premières. »
La Conférence sur le climat à Paris (COP 21) approche à grands pas et la ministre veut apparemment se présenter en pionnière de la lutte contre le réchauffement climatique. À l’origine de la déforestation massive dans les régions tropicales, l’huile de palme est logiquement pointée du doigt.
Pourtant, dans le même temps, l’Union européenne continue de stimuler la consommation d’huile de palme et ainsi d’exacerber la déforestation tropicale par sa politique de soutien aux agrocarburants.
La preuve, le groupe pétrolier Total veut convertir sa raffinerie de La Mède aux huiles végétales à cause de la demande croissante en biocarburants. Et le directeur de celle qui serait la première bioraffinerie française et l’une des plus grandes d’Europe de préciser à La Provence : « cela pourra être du colza ou de l'huile de palme, l'unité sera flexible. »
En accord avec son appel au boycott du Nutella, la ministre de l’environnement devrait faire empêcher la production de biocarburants à base d’huile de palme à La Mède. Surtout, elle doit tout mettre en œuvre pour mettre un terme à la politique pro-agrocarburants de l’Union européenne.
Merci de signer et de partager notre pétition adressée à la ministre Ségolène Royal !
Contexte
Ferrero et l’huile de palme
Selon ses propres chiffres, le fabricant du Nutella Ferrero consomme à lui seul environ 150.000 tonnes d’huile de palme par an (Page 150 du Rapport Ferrero CSR Report 2013) en provenance de Malaisie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Brésil. L’huile de palme est utilisée dans le Nutella mais aussi dans de nombreux autres produits alimentaires comme la gamme de chocolats Kinder ou les Ferrero Rocher.
Importations d’huile de palme dans l’Union européenne
2006 : 4,51 millions (M) de tonnes (t)
2012 : 6,38 Mt
Augmentation : 41%
80% des importations d’huile de palme vont à la production de biodiesel (voir plus bas)
Les principaux importateurs sont les Pays-Bas (1,3 Mt), Italie et Allemagne (environ 1 Mt chacun). De son côté, la France a importé 400.000 tonnes d’huile de palme en 2012.
Huile de palme et biodiesel
Liste de matières premières les plus utilisées pour la production de biodiesel dans l’Union européenne :
Production totale de biodiesel en 2012 : 9,4 Mt
- Huile de colza : 5,4 Mt (soit 57%)
- Huile de palme : 1,9 Mt (20%)
- Huiles usagées et déchets recyclés : 1 Mt (= 10,6 %)
- Huile de soja : 0,5 Mt (5,3%)
- Graisses animales : 0,5 Mio. t (5,3 %)
- Huile de tournesol : 0,1 Mt (1,1%)
Consommation de biodiesel au sein de l’Union européenne
2006 : 0,4 Mt
2012 : 1,87 Mt
Augmentation 365%
En 2012, 600.000 tonnes d’huile de palme ont été utilisées pour la production d’électricité et de chauffage dans l’UE
Principaux consommateurs européens de biodiesel à base d’huile de palme
Pays-Bas . 480.000 tonnes (en premier lieu pour la bioraffinerie de Neste Oil à Rotterdam)
Allemagne : 300.000 t
Italie : 220.000 t
Espagne: 200.000 t
Finlande : 200.000 t
France : 110.000 t
Tous les chiffres ci-dessus sont issus des pages 6,7,8, 10 et 11 du rapport IISD 9-2013: The EU Biofuel Policy and Palm Oil: Cutting subsidies or cutting rainforest?
Vidéo
Ségolène Royal: «Il faut arrêter de manger du... von 20Minutes
Informations supplémentaires
• Article du Figaro Ségolène Royal conseille de «ne plus manger de Nutella» pour sauver la planète
• Article de la Libre France: Ségolène Royal s'en prend au Nutella, ennemi des forêts
• Communiqué de presse de Total Plan pour le raffinage de Total en France : Total va moderniser Donges et transformer La Mède
• Article de La Provence Total-La-Mède met le cap vers sa reconversion
• Dépêche de Reuters France-Les producteurs de colza inquiets des projets de Total
Destinataires de la pétition
En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :
• Mme Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie de la République française
Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’EnergieHôtel de Roquelaure
246, bd Saint-Germain
75007 Paris
Tél. : +33 (0)1 40 81 21 22
Courriel : segolene.royal@developpement-durable.gouv.fr
À Mme Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie
Madame la Ministre,
Nous tenons à saluer votre appel à ne plus manger de Nutella à cause de l’huile de palme qu'il contient. Votre déclaration va dans le sens de notre lutte contre la destruction des forêts tropicales. Nutella symbolise bien la consommation d’huile de palme en Europe.
Mais qu’en est-il de l’huile de palme utilisée dans les agrocarburants ?
Le groupe Total veut convertir sa raffinerie de La Mède à la production d’agrocarburants, dont une partie à base d’huile de palme. La Mède serait la première bioraffinerie de France et l’une des plus grandes d’Europe. Le moteur de cette conversion est la politique pro-agrocarburants de l’Union européenne.
En accord avec votre déclaration concernant les ravages causés par l’huile de palme, nous vous demandons de faire stopper le projet de conversion de la raffinerie de Total à La Mède
Nous vous demandons aussi de vous mobiliser pour mettre fin à la consommation d’agrocarburants dans l’Union européenne.
Nous vous prions de croire, Madame la Ministre, à l'assurance de notre considération et de notre vigilance citoyenne.
Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes
Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…
Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.
À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».
Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre
Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.
Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.
Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.
La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement
Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.
Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :
- cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
- lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
- le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
- Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
- Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
- Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
- Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.