NON au sale marché avec l'huile de palme

Airbus Dirty Deal avec l'huile de palme La culture industrielle de l'huile de palme provoque la déforestation (© Public Domain - Collage Rettet den Regenwald)

L'Indonésie négocie avec l'UE un accord de libre-échange où l’huile de palme joue un rôle central. Au même moment, Jakarta menace de ne plus acheter d'avions si Airbus et la France ne satisfont pas à ses exigences sur son produit phare. Mobilisons-nous aux côtés des autochtones et écologistes : non au libre-échange d'huile de palme !

Mises à jour Appel

Aux participants des négociations sur l'APEG entre l'Indonésie et l'UE

“L'UE doit tenir compte de ses propres études climatiques et exclure en conséquence l'huile de palme de l’accord de libre-échange négocié avec l’Indonésie.”

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L’agriculteur Wardian est anéanti. Un fabricant d'huile de palme a déboisé sa forêt. Elle était la seule encore intacte sur les rives du Sembuluh à Bornéo. Avant l'arrivée des bulldozers…

Nombreux sont les villages ayant connu le même sort en Indonésie : « Il n’y aura bientôt plus de forêts tropicales avec le libre-échange d'huile de palme » redoute Wardian. « De plus en plus de personnes perdront leur espace de vie et s'appauvriront ».

L'UE et l'Indonésie négocient actuellement sur l'accord de libre-échange APEG. Des groupes indonésiens s'opposent au libre-échange d'huile de palme car il empêcherait toute intervention contre la déforestation et les conflits. Ils demandent donc le retrait de l'huile de palme de l'accord.

Le 5e cycle de négociations sur l'APEG s’est tenu à huis clos en juillet à Bruxelles. Activistes et agriculteurs indonésiens étaient présents pour manifester.

En marge des négociations, l’Indonésie essaye d’imposer l’huile de palme par tous les moyens. Son gouvernement conditionne dorénavant l’achat d'avions à Airbus à la livraison d’appareils adaptés au kérosène à l’huile de palme et à la possibilité pour les entreprises indonésiennes de produire ce carburant sur le territoire français.

« Seuls les grands groupes profitent du libre-échange », avertit Yuyun Harmono de l'ONG WALHI. « Les biocarburants à base d'huile de palme génèrent plus d'émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles. » L'UE en est la principale importatrice d’huile de palme après l’Inde.

À la mi-juin, l'UE décidait de mettre fin à l'huile de palme comme biocarburant, mais pas avant 2030. Trop tard, estime Wardian. L'APEG serait un revers pour la forêt tropicale et ses habitants mais aussi pour une politique énergétique d'avenir de l'UE.

Contexte

APEG - Accord de Partenariat Économique Global

Comme d'autres accords de libre-échange tels le traité transatlantique (TTIP), l’APEG (ou CEPA, Comprehensive Economic Partnership Agreement) vise une vaste libéralisation et déréglementation des marchés. Ce faisant, l'APEG sert les intérêts des multinationales et rompt avec les dispositions applicables en matière de droits humains et d'environnement. Les ONG exigent donc que les partenaires ne négocient l'accord que sur la base de garanties pour un environnement sain, une économie respectueuse du climat et des conditions de vie dignes. Les négociations de l'APEG doivent être exclues, tant que cette base n'a pas été mise en place.

Les négociations entre l'UE et l'Indonésie sur l'APEG ont débuté en 2016. Lors de la 4e table ronde de février 2018, les partenaires ont négocié à huis clos sur diverses barrières commerciales et très probablement aussi sur l'huile de palme. Les détails ne sont pas encore connus mais un rapport devrait suivre selon ce communiqué de presse. La 5e table ronde est prévue pour l'été 2018 à Bruxelles.

Pour le moment, les droits de douane de l'UE et les barrières commerciales freinent un peu l'export sans limites vers l'UE. Le gouvernement indonésien a un intérêt particulier à voir disparaître ces obstacles. À défaut, il se contenterait de la reconnaissance du certificat d'Huile de palme indonésienne durable (ISPO, Indonesian Sustainable Palm Oil) comme une preuve de durabilité. La reconnaissance de l'ISPO viendrait fouler aux pieds les normes environnementales et relevant du droit du travail mais aussi les normes sociales et de santé publique. L’intégralité de l’huile de palme provenant d'Indonésie serait alors automatiquement considérée comme durable et pourrait être utilisée comme carburant.

Pour l'Indonésie, toute préoccupation écologique et climatique équivaut à une discrimination à l'égard de son économie. Les campagnes menées par des ONG contre la monoculture dans les forêts tropicales seraient autant d'attaques injustes. De l'avis du gouvernement indonésien, l'APEG devrait même inclure des mesures de lutte contre les campagnes anti-huile de palme. Dans une lettre à l'UE divulguée, l'Indonésie demande la prise de mesures juridiques à l'encontre des messages « négatifs » et des « campagnes usant de faux arguments au sujet de l'alimentation, de la santé et/ou de l'environnement » comme le rapporte une dépêche de AFP.

Malgré diverses approches visant à protéger les forêts, l'Indonésie a mis en place un ambitieux programme de biocarburants pour stimuler la consommation d'huile de palme au niveau national. Le taux d'incorporation au diesel s'élève maintenant à 30% et les producteurs de biocarburants bénéficient d'aides généreuses. Au cours des neuf premiers mois de 2017 seulement, les cinq plus grands producteurs d'huile de palme ont encaissé des subventions d'une valeur de plus de 100 millions d'euros pour la production de biocarburants.

 

La réalité de l’huile de palme en vidéo : Asimetris (bande-annonce)

Le nouveau film « Asimetris » d’un de nos partenaires indonésien est un témoignage frappant de la réalité.

Lettre

Aux participants des négociations sur l'APEG entre l'Indonésie et l'UE

Madame, Monsieur,

L'Indonésie déploie des efforts considérables pour atténuer les conséquences désastreuses de la culture de palmiers à huile. Celles-ci incluent les incendies de forêts, l'assèchement des sols tourbeux et les répercussions que cela implique pour le climat. Ces efforts sont d'une importance cruciale pour la protection du climat et pour la biodiversité.

Les premières mesures prises pour améliorer le sort des victimes de spoliations, de la déforestation et de l'exploitation induite par l'expansion de l'huile de palme sont également remarquables.

Toutefois, un libre-échange incluant l'huile de palme entraînerait de nouvelles catastrophes écologiques et sociales.

Au sein de l'UE, des voix toujours plus nombreuses s'élèvent pour rejeter toute complicité dans la destruction de la forêt tropicale et les violations des droits humains au profit d'une consommation effrénée, en particulier en ce qui concerne l'énergie et les carburants. Les labels de durabilité ne sont pas non plus une solution aux problèmes causés par la culture de palmiers à huile.

Des organisations environnementales d'Indonésie et d'Europe mettent ainsi en garde contre la tendance à faire de l'huile de palme un sujet de négociation. Elles demandent que l'APEG sous sa forme actuelle soit rejeté. Il est indispensable que des garanties soient présentées en faveur d'un environnement sain, du respect du climat et de conditions de vie dignes.

Les intérêts économiques des négociateurs européens et indonésiens ne doivent jamais l'emporter sur le droit des populations à un environnement / cadre de vie sain.

Nous vous demandons de renoncer à l'APEG lorsque la libéralisation du commerce et la déréglementation de l'économie nuit aux personnes et sacrifie la nature !

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l’assurance de notre considération et de notre vigilance citoyenne.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

Plus d’informations

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