NON à l’accord de libre-échange UE-Mercosur !

Troupeau de bovins dans l’état brésilien du Mato Grosso Troupeau de bovins dans l’état brésilien du Mato Grosso (© Bernard Dupont, YY BC 2.0) Feu en Amazonie Accord UE-Mercosur ou comment mettre de l’huile sur le feu en Amazonie (© Brasil2 / istockphoto.com) Troupeau de boeufs dans le Mato Grosso Sacrifier les savanes du Cerrado et du Gran Chaco pour la production massive de viande ? Non merci ! (© alffoto / istockphoto.com)

La Commission européenne veut faire ratifier un accord de libre-échange avec l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Mais l’augmentation des importations de produits agricoles des pays du Mercosur vers l’UE menace d’accélérer la déforestation en Amérique du Sud. Aidez-nous à empêcher sa ratification en signant notre pétition.

Mises à jour Appel

À la Commission européenne et aux gouvernements des Etats membres de l’UE

“L’accord de libre-échange projeté avec les Etats du Mercosur constitue une grave menace pour l’homme et la nature. Merci de le rejeter.”

Afficher la lettre de pétition

En Amérique du Sud, grands propriétaires terriens, entreprises agroalimentaires et producteurs de cellulose détruisent impitoyablement la nature pour établir des nouveaux pâturages et d’immenses monocultures de soja, de canne à sucre et d’eucalyptus.

La forêt amazonienne, la savane du Cerrado et le Pantanal au Brésil brûlent, tout comme les forêts sèches du Chaco au Paraguay ou les forêts longeant le fleuve Paraná en Argentine. Le gouvernement brésilien a même déclassé des zones protégées et des territoires reconnus des communautés indigènes.

La Commission européenne, manifestement peu impressionnée par ces faits, pousse en faveur d’un accord de libre-échange et d’association avec les pays de l’alliance sud-américaine du Mercosur : 93% des droits de douane sur les exportations vers l’UE seraient supprimés, ce dont profiteraient surtout les producteurs de bœuf, de sucre, d’éthanol et de soja transgénique. Selon elle, l’accord apporterait, en plus d’une nouvelle croissance économique, la protection des forêts tropicales et des droits de l’homme. Mais pour ces derniers, il n’y a guère plus que des déclarations d’intention sans réglementation efficace pour les faire respecter.

L’accord est rejeté par une grande partie des Européennes et des Européens, mais il est aussi l’objet d’une opposition ouverte dans le monde des affaires, au Parlement européen et parmi les gouvernements des États membres.

Face à toute cette résistance, la Commission européenne utilise une astuce pour sauver l’accord commercial : faire approuver à huis clos le volet économique, c’est-à-dire l’accord de libre-échange, par la Commission et le Conseil des ministres et ne faire passer que la seule la partie politique, l’accord d’association, devant le Parlement européen et les parlements et gouvernements des 26 États membres.

Contexte

Le gouvernement brésilien a été particulièrement imprudent dans ses politiques agricoles et environnementales. L’ancien président Jair Bolsonaro a été inculpé de génocide contre les peuples indigènes devant la Cour pénale internationale de La Haye. Sauvons la forêt soutient la procédure avec la pétition « Signez contre le génocide de Bolsonaro ! » qui a déjà collecté plus de 239 000 signatures du monde entier.

Le 7 octobre 2020, le Parlement européen a adopté un amendement stipulant que le projet d’accord de l’UE avec les quatre pays sud-américains du Mercosur « ne saurait être ratifié tel quel ».

Les parlementaires européens demandent notamment que l’accord de Paris sur le climat ainsi que la Convention sur la diversité biologique deviennent des éléments essentiels de l’accord de libre-échange. Ils insistent pour que ce dernier soit « durable et respectueux des populations indigènes qui sont confrontées à la déforestation, à l’accaparement des terres et à la violence systémique ».

Lettre

À la Commission européenne et aux gouvernements des Etats membres de l’UE

Madame, Monsieur,

L’UE souhaite signer un accord de libre-échange avec les Etats du Mercosur. L’accord a pour but de faciliter les exportations, notamment de viande bovine et de volaille, de sucre et d’éthanol en Europe. Ce projet implique une intensification de l’agriculture avec des répercussions négatives sur la nature et la population rurale.

Nous connaissons bien ces dangers :

- Des quotas plus élevés pour la viande bovine entraîneront une augmentation de la production de viande bovine en Amérique du Sud, une expansion des pâturages et donc le défrichage des forêts et des savanes. Dans le même temps, la pression exercée sur les exploitants européens les amènera à augmenter leur production, au détriment du bien-être animal.

- L’agriculture toujours plus intensive en Amérique du Sud implique souvent des conflits fonciers et des violations des droits humains pouvant aller même jusqu’à l’esclavage. L’utilisation à grande échelle de produits toxiques tels que le glyphosate met en danger la santé de nombreuses personnes.

- Des réglementations sur des barrières non tarifaires menacent les normes environnementales européennes ainsi que les droits du travail et des consommateurs. Le principe de précaution tel que défini dans l’UE est menacé, les principes démocratiques sont mis à mal.

En menant des négociations à huis clos, la Commission européenne poursuit apparemment la même stratégie que pour les accords TTIP et CETA, contre lesquels des millions de citoyens ont protesté. L’UE ne semble pas prendre ces critiques au sérieux et poursuit, avec l’ALE Mercosur, une politique commerciale tout aussi nocive, au détriment des hommes et de l’environnement des deux côtés de l’Atlantique.

Nous vous demandons de mettre un terme à cet accord.

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur à l’assurance de notre considération et de notre vigilance citoyenne.

L'élevage industriel en 5 minutes

La viande, gros gaspillage de ressources

La viande a une place centrale dans l’alimentation des français. Avec environ 87 kilos de chair animale digérée par habitant chaque année, la France se situe au-dessus de la moyenne européenne qui est d’environ 80 kilos. Les français se démarquent encore plus par leur consommation de viande bovine, qui est d’environ 23 kilos pour une moyenne communautaire de 14 kilos, faisant de nous les plus grands consommateurs de bœuf en Europe.

Un milliard d’animaux sont abattus chaque année en France pour leur viande. Pendant leur élevage, ils consomment eux-mêmes de grandes quantités de nourriture. Leurs besoins en matières premières végétales sont tels, que deux tiers des surfaces agricoles sont utilisés pour l’élevage en France. Au lieu d’être consommées directement par les humains, des tonnes de céréales sont avalées par les porcs, les vaches et les volailles, ce qui représente un énorme gaspillage de calories.

La production de viande nécessite également des quantités d’eau inouïes. 15 500 litres d’eau sont utilisés pour produire un kilo de viande de bœuf, contre seulement 1 300 litres pour 1 kilo de céréales ou de pain.

Les conséquences écologiques : déforestation, monocultures, changement climatique

Le tourteau de soja, hautement protéiné, est très utilisé dans les élevages porcins et bovins. Afin de répondre à la demande globale en soja, la production sud-américaine a doublé en moins de dix ans. La France étant le 3ème importateur mondial de soja brésilien, notre consommation de viande est en relation directe avec la déforestation dans cette région.

La forêt tropicale amazonienne et le cerrado, une savane boisée au sud du bassin amazonien, sont les zones les plus touchées. La nature est détruite et les indigènes sont chassés de leurs terres pour y établir d’immenses monocultures industrielles. Les personnes qui restent tombent souvent malades : les trois quarts des plants de soja d’Amérique du sud sont des OGM du géant de l’agroalimentaire Monsanto, qui poussent dans des plantations aspergées de pesticides et de glyphosate. Ces poisons sont suspectés de causer cancers et maladies génétiques.

Les pâturages rongent également la forêt tropicale, les arbres étant abattus pour faire de la place au bétail. Les conséquences sur le climat sont catastrophiques : production de méthane par la digestion des animaux, émissions de CO2 par la déforestation et toute la chaine de production (machines, transports), ou encore diffusion de protoxyde d’azote par les engrais. Au final, 18% des émissions mondiales de gaz à effet de serre viennent de l’élevage.

La solution : une alimentation plus végétale

Les produits animaux sont responsables de 72% de l’ensemble des gaz à effet de serre dus à l’alimentation humaine. La production d’une calorie animale nécessite 4 fois plus de surface agricole que la production d’une calorie végétale. La conclusion est sans appel : l’avenir des forêts tropicales se décide dans notre assiette. La lutte contre le réchauffement climatique passe aussi par le choix d’une alimentation plus végétale.

Voici quelques conseils pour une consommation responsable :

  1. Manger plus souvent végétal : steak de seitan, saucisses de tofu, lait d’amande, yaourt de soja, sont autant de délicieuses alternatives aux protéines animales que vous trouverez pour la plupart au supermarché, sinon dans tous les magasins bios.
  2. Revenir à une consommation exceptionnelle de viande : pour ceux qui ne peuvent vraiment pas s’en passer, mieux vaut ne manger de la viande qu’occasionnellement. Pour votre barbecue du dimanche, préférez de la viande biologique non issue de fermes industrielles.
  3. Ne bannissez pas le soja ! Les produits à base de soja commercialisés pour l’alimentation humaine, comme le tofu, ne sont pas issus de la déforestation.  Il s’agit généralement de soja biologique produit en Europe. Ne vous privez donc pas de ces aliments, très riches en protéines.
  4. Stop au gaspillage alimentaire : un français jette en moyenne 20 kilos de nourriture par an, dont 7 kilos d’aliments encore emballés. Les produits animaux ne sont pas épargnés. N’achetez que ce que vous pouvez consommer : c’est économique et écologique !
  5. Et pour un engagement au-delà de votre assiette, n’hésitez pas à rejoindre des mouvements citoyens comme la « marche mondiale contre Monsanto ». Cette manifestation réunit des milliers de personnes en faveur d’une agriculture respectueuse des animaux et de l’environnement pour faire pression sur les décideurs politiques. Les pétitions en ligne ou les lettres adressées aux élus sont également de bonnes façons de s’engager pour une agriculture écologique et une production alimentaire durable.
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