Non au sacrifice des primates pour le pétrole !
Des grands singes menacés par les hommes et leur soif de pétrole. Ainsi se résume le destin de nombreux gorilles et chimpanzés dans le bassin du Congo, où le gouvernement veut réduire l’aire protégée des Virunga à cause de ses réserves pétrolières. Empêchons l’exploitation des ressources naturelles au détriment des primates.
Mises à jour AppelAu Président et au Premier Ministre de la République démocratique du Congo
“Le parc national des Virunga joue un rôle crucial pour la survie des gorilles et des chimpanzés. Il ne doit pas être touché.”
Le Parc national des Virunga fait partie des réserves naturelles les plus prisées au monde. Il abrite certains des derniers gorilles de montagne que des gardes protègent au péril de leur vie.
Il n’est donc pas étonnant que l’UNESCO ait inscrit les Virunga au patrimoine mondial en 1979.
Aujourd’hui, le gouvernement congolais veut déclasser certaines zones du parc national* au motif que cela freine l’exploitation économique. Le pays aurait le droit d’exploiter ses ressources naturelles en tout lieu, même dans les zones protégées. Si ce projet était mis en œuvre, le statut de protection le plus élevé de l’UNESCO n’aurait plus aucune valeur.
Parmi les enjeux du débat figure l’exploitation du pétrole. Les risques écologiques sont considérables. L’exploration et l’extraction de pétrole :
- détruira l’habitat des chimpanzés, des gorilles et de nombreuses autres espèces,
- détruira des forêts contribuant à la protection du climat,
- mettra en péril des l’habitat des oiseaux migrateurs,
- risquera de polluer le bassin du Nil.
19 ONG de la Province du Nord-Kivu ont alerté le gouvernement des conséquences de la diminution des parcs nationaux au mois de mai. Elles ont mobilisé la population afin de faire pression sur les autorités.
Parallèlement, les écologistes congolais appellent à une campagne internationale pour la protection du parc des Virunga.
Merci donc de signer leur pétition. Les chimpanzés et les gorilles ont besoin de nos voix.
* au moment du lancement de la pétition en 2018, les plans du gouvernement visaient également le parc national de la Salonga. Ceux-ci ont été abandonnés à l’été 2021. Pour plus d’informations, consultez le dépliant "Mises à jour".
ContexteAu moment du lancement de la pétition en 2018, les plans du gouvernement du président Kabila visaient le Parc national des Virunga, mais également le parc national de la Salonga. Le projet d’exploitation des réserves pétrolières de ce dernier a été abandonné à l’été 2021. Si la pétition se concentre depuis sur les Virunga, nous souhaitons laisser ici les informations concernant Salonga et ses bonobos.
Les réserves naturelles des Virunga et de la Salonga
Le parc national des Virunga est situé à l’est du Congo et s’étend sur 7.900 km², soit une superficie équivalente à celle de l’Alsace. Un quart des gorilles des montagnes (Gorilla beringei beringei) vivent le long de la frontière avec le Rwanda.
Situé au cœur du bassin du Congo, le parc national de la Salonga est considéré comme l’une des plus grandes zones de protection de forêt tropicale au monde, couvrant une surface de 36.000 km², soit trois fois l’Ile-de-France. Uniquement accessible, par voie fluviale, il abrite environ 40 % de la population mondiale de bonobos, ainsi que des éléphants de forêt, des pangolins, 129 espèces de poissons et 223 espèces d’oiseaux.
En raison de différentes menaces telles que la guerre civile et autres conflits violents, les deux parcs nationaux figurent sur la liste des « patrimoines mondiaux en péril » : Virunga depuis 1994 et Salonga depuis 1999.
Diminution de la superficie des aires protégées
Le gouvernement congolais projette de déclasser 21,5 % du parc national des Virunga : 400 km² dans la concession appelée bloc 5 et 1.320 km² dans le bloc 4.
A Salonga, 2.767 km² sont concernés (bloc 1 et 2). Selon le quotidien Tageszeitung (taz), la compagnie pétrolière nationale Sonahydroc et la Compagnie Minière Congolaise SPRL (Comico) sont candidates à la prospection de pétrole.
Le rapetissement des aires protégées est un problème mondial que l’on retrouve aussi bien aux États-Unis qu’au Brésil, Cambodge ou Tanzanie. Les experts parlent de dévalorisation, rapetissement et déclassement (en anglais downgrading, downsizing and degazettement - PADDD). Outre les pratiques illégales, telles que le braconnage, il existe des menaces quasi-légales qui sont autorisées et encouragées par les États. La plus répandue est l’octroi de concessions minières et pétrolières.
L’opaque compagnie pétrolière COMICO
L’organisation Global Witness a passé à la loupe la société COMICO, dont la concession chevauche le parc national de la Salonga. Malgré des recherches persistantes, il n’a pas été possible d’identifier les véritables actionnaires de la société. Il est à noter que quatre sociétés offshore ont été impliquées au moment où la licence pétrolière a été accordée. À l’époque, les propriétaires de 60 % des actions étaient inconnus. Les contrats avec COMICO n’avaient pas été publiés dans les 60 jours, comme requis. Des éléments qui laissent présager de corruption et de transactions financières illégales.
Global Witness a vu un lien entre l’accord opaque et l’élection présidentielle alors à venir en décembre 2018. Le président de l’époque, Joseph Kabila, n’était peut-être pas disposé à quitter le pouvoir après deux mandats, comme le prévoit la constitution, et voulait peut-être se constituer un "trésor de guerre" ou s’enrichir grâce à l’accord pétrolier.
Après l’élection de Felix Tshisekedi à la présidence de la RDC, Global Witness a soumis une évaluation actualisée de la transaction, qui doute de sa légalité.
Les bonobos - des grands singes peu connus
Les quatre espèces de grands singes sont menacées : les orangs-outans sont proches de l’extinction en Asie du Sud-Est, tandis que les chimpanzés, les gorilles et les bonobos luttent pour leur survie en Afrique. Dans de nombreuses régions, les grands singes n’ont pratiquement aucune chance de survivre en dehors des réserves naturelles étendues.
Les bonobos, également appelés chimpanzés nains, sont les grands singes les moins connus. Leur population d’environ 15 000 individus vit exclusivement au sud du fleuve Congo dans la République démocratique du Congo. L’habitat des bonobos n’interfère donc pas avec celui des chimpanzés, qui vivent uniquement au nord du grand fleuve.
Un comportement des bonobos est souvent mis en avant, celui de résoudre les conflits par la sexualité. Lorsque deux groupes de bonobos étrangers se rencontrent, les femelles s’approchent parfois l’une de l’autre et frottent leurs organes génitaux l’un contre l’autre en position de missionnaire. Les mâles jouent avec les jeunes de l’autre clan. Les familles de bonobos sont dirigées par des femelles. Les bonobos ont donc un comportement complètement différent de celui des chimpanzés, où les mâles alpha sont aux commandes, où la violence sexualisée est courante et où le choc de deux groupes peut être fatal dans les cas extrêmes. Alors que les bonobos réussissent grâce à leur caractère pacifique et leur diplomatie, les chimpanzés s’appuient sur l’agressivité.
Destinataires de la pétition
En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :
- M. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République démocratique du Congo
- M. Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, Premier Ministre de la République démocratique du Congo
Ambassade de la République démocratique du Congo
32 cours Albert 1er
75008 Paris
Tel : +33 (0)1 42 25 57 50
Courriel : ambacongoparis@orange.fr
Au Président et au Premier Ministre de la République démocratique du Congo
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
La République démocratique du Congo abrite deux sites du patrimoine mondial de l’UNESCO qui jouent un rôle décisif dans la survie des grands singes : le Parc national des Virunga abrite des gorilles des montagnes menacés d’extinction. Le Parc national de la Salonga* renferme une population importante de bonobos, une espèce que l’on ne retrouve dans aucun autre pays du monde.
Vous portez donc une responsabilité particulière dans la protection des grands singes.
Malgré tout, votre gouvernement prévoit d’autoriser l’exploration et l’extraction de pétrole dans les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO et veut, pour cela, réduire la superficie des réserves.
Cela causerait des dommages écologiques considérables. Si l’exploration pétrolière est autorisée dans les parcs nationaux des Virunga et de la Salonga :
- l’habitat des bonobos, des gorilles et de nombreuses autres espèces sera détruit,
- des forêts jouant un rôle important dans la protection du climat disparaitront,
- des lieux de nidification d’oiseaux migrateurs seront mis en péril,
- les grands systèmes fluviaux du Congo et du Nil seront pollués.
Votre pays s’est engagé à protéger le patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous vous demandons donc de respecter cet engagement, comme vous l’avez fait jusqu’à présent. La contribution apportée par votre gouvernement et la population de la République démocratique du Congo à la protection de la nature joue un rôle décisif dans la survie des gorilles et des bonobos.
Veuillez préserver les sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO et y interdire l’exploration et l’extraction de pétrole.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre profond respect.
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* Au moment du lancement de la pétition en 2018, les plans du gouvernement visaient à la fois le Parc national des Virunga et le Parc national de la Salonga. Ceux concernant Salonga ont été abandonnés à l’été 2021.
La RDC renonce à exploiter le pétrole à Salonga
Le gouvernement de la République démocratique du Congo a décidé d’abandonner ses plans d’exploitation des réserves pétrolières à l’intérieur du Parc national de la Salonga. C’est une bonne nouvelle pour les bonobos dont l’aire protégée est un habitat crucial.
La malédiction du pétrole : un film documentaire en guise d’avertissement
Le gouvernement de la République démocratique du Congo veut exploiter les ressources pétrolières situées au pied des célèbres volcans des Virunga, quitte à menacer la nature et les moyens de subsistance des nombreuses personnes vivant de la pêche dans le lac Edward et les rivières de la région. Grâce au pouvoir des images, les écologistes du réseau CREF alertent les villageois du danger imminent.