Mobilité : thermiques ou électriques, il faut moins de voitures !

Photomontage Mineurs au Congo + E-Auto Voiture électrique : tout ça... (© shutterstock.com + CCBY-NC-ND20 - Collage RdR) Sacrifier les aliments et les forêts de la planète pour ça ? ... pour ça ! (© istockphoto.com)

L’UE considère l’électromobilité comme respectueuse de l’environnement et climatiquement neutre. Et subventionne cette technologie à coup de milliards d’euros. Mais les voitures électriques consomment de grandes quantités d’électricité et les matières premières nécessaires à leur fabrication proviennent de forêts tropicales.

Mises à jour Appel

Au gouvernement et à l’UE

“La voiture électrique est une fausse solution. Merci de développer des concepts de mobilité qui profitent réellement aux hommes et à la nature.”

Afficher la lettre de pétition

Les voitures électriques nécessitent d’énormes quantités d’électricité, dont la production écologique n’est en aucun cas garantie. Avant même que ces automobiles parcourent leur premier kilomètre, des dommages considérables sont causés lors de l’extraction et de la transformation des matières premières nécessaires à leur production.

Une voiture électrique de classe moyenne contient quelque 1600 kg de métaux et d’autres matériaux – notamment de l’acier, de l’aluminium, du cuivre et des matières plastiques. L’industrie automobile les importe quasiment à 100 % et une grande partie de ces matériaux proviennent de mines situées dans des zones de forêts tropicales.

Les batteries lithium-ion ne font pas exception. Outre le lithium, le manganèse et le graphite, elles contiennent env. 10 kg de cobalt et 30 kg de nickel.

Deux tiers de la production mondiale de cobalt provient de la RDC.Le cobalt, le cuivre et le nickel sont extraits dans une ceinture de 800 km de long située dans la forêt tropicale au sud du pays dans des conditions de travail catastrophiques, pour des salaires de misère et par des dizaines de milliers d’enfants.

Pour ce qui est du nickel, l’Indonésie et les Philippines occupent la première place. Les plus gros gisements de cuivre se trouvent dans les Andes sud-américaines et le fer destiné à la production d’acier est principalement extrait au Brésil.

Des grands groupes détruisent les forêts tropicales avec leurs mines pour développer une électromobilité soi-disant propre. Ils altèrent la biodiversité, polluent l’environnement, causent de la misère et portent de très graves atteintes aux droits de l’homme.

Écrivons au gouvernement et à l’UE : nous voulons une politique de transport respectueuse de l’environnement – et pas de millions de voitures électriques supplémentaires sur les routes.

Contexte

Etude (en allemand) : Moins de voitures, plus de justice globale

Lien : Weniger Autos, mehr globale Gerechtigkeit - Diesel, Benzin, Elektro: Die Antriebstechnik allein macht noch keine Verkehrswende

Moins de voitures, plus de justice globale - voitures diesel, essence, électriques : la technique d’entraînement ne garantit pas encore à elle seule un changement de cap dans le domaine du transport.

La production de batteries comme moteur de la croissance économique

Il y a actuellement 4 millions de voitures électriques dans le monde. Selon les estimations de la commission européenne, il y en aura 200 millions en 2028. L’électromobilité doit stimuler la croissance économique.

La plupart des voitures électriques fonctionnent avec des moteurs synchrones dotés d’aimants au néodyme-fer-bore. Ceux-ci contiennent des « terres rares » comme le dysprosium, néodyme, praséodyme et le terbium. L’extraction des terres rares a surtout lieu en Chine. Pour ce faire, des produits chimiques sont utilisés, générant de grandes quantités de boues toxiques et de déchets miniers.

La production de batterie est considérée comme une technologie clé pour l’électromobilité. Jusqu’à présent, les groupes automobiles européens achetaient les batteries au lithium-ion nécessaires aux voitures électriques en Chine, en Corée et au Japon. Seuls 3% des batteries Li sont produites dans l’Union européenne.

Selon la Commission européenne, nous devons agir rapidement pour conquérir ce nouveau marché estimé à une valeur de 250 milliards d’euros par an à partir de 2025 en Europe. L’industrie automobile européenne, avec des groupes tels que BMW, Daimler, PSA (Peugeot, Opel et Citroën), Renault et Volkswagen, font pression auprès des gouvernements et de l’UE. Volkswagen veut par exemple proposer 80 modèles électriques différents d’ici 2030. Le groupe prévoit d’investir jusqu’à 50 milliards d’euros dans le secteur des batteries.

Alliance européenne des batteries

En octobre 2017, l’UE a créé l’« Alliance européenne des batteries ». Elle doit mettre sur pied une production de batteries au moyen de fonds publics. 20 à 30 usines géantes doivent voir le jour en UE avec la participation des plus grands groupes de batteries au monde tels que CATL (Chine) et LG Chem (Corée du Sud).

Les matières premières nécessaires à la production de batteries doivent être presque entièrement importées. Une voiture électrique de classe moyenne contient environ 80 kg de cuivre, 30 kg de nickel, 30 kg de graphite, 10 - 20 kg de lithium, 10 kg de manganèse et 8 kg de cobalt.

En mai 2018, l’UE a créé le « plan d’action stratégique pour les batteries », qui fait partie intégrante de sa troisième série de mesures intitulée « L’Europe en mouvement ».

Le plan d’action vise à garantir « l’accès aux matières premières des batteries provenant de pays riches en ressources, aussi bien à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur de l’UE ». La commission européenne invite les États membres à intensifier le soutien apporté aux projets de fabrication de batteries, à mettre à disposition les moyens financiers nécessaires ainsi qu’à simplifier et accélérer les procédures d’octroi de permis destinées à l’extraction et la transformation des matières premières nécessaires.

L’électromobilité signifie encore plus de voitures

En raison de la faible autonomie des batteries, les voitures électriques sont souvent utilisées comme deuxième ou troisième véhicule pour réaliser de courts trajets en ville. Les voitures à moteurs à combustion continuent de servir pour les longs trajets, notamment les tout-terrain et les voitures de sport lourds (SUV).

Les colonnes de voitures sont toujours plus denses. Selon les données de l’Office allemand pour la circulation des véhicules à moteur, le nombre de véhicules immatriculés en Allemagne a augmenté de 1,1 million. Le 1er janvier 2019, il y avait 57,3 millions de véhicules automobiles, dont 47,1 millions de voitures particulières et 10,2 millions de camions. D’un point de vue statistique, cela correspond à 567 véhicules automobiles pour 1000 habitants.

63 % des nouvelles immatriculations sont des véhicules de fonction bénéficiant d’abattements fiscaux. Ainsi, 4,6 milliards d’euros de recettes fiscales échappent à l’Etat allemand. Ces subventions n’affectent pas uniquement les contribuables, elles sont également nocives pour le climat et antisociales. En effet, l’association Forum Ökologisch-Soziale Marktwirtschaft e.V affirme que cela profite à ceux qui achètent souvent de nouvelles voitures, optent pour des véhicules consommant beaucoup de carburant, parcourent de nombreux kilomètres et ont des revenus élevés.

Selon les données du Ministère allemand de l’environnement, le recours à l’écomobilité (trafic piétonnier, cycliste, transport ferroviaire, transports publics routiers) est passé de 24 % à 20 %. Deux tiers des kilomètres parcourus sont accomplis via un transport individuel motorisé. En moyenne, chaque voiture est occupée par 1,4 personne.

En 2016, le trafic touristique et de loisirs représentait la plus grande part des dépenses liées au transport de passagers (env. 43 %), suivi par les trajets liés au travail et à la formation (env. 22 %), les déplacements professionnels (près de 15 %) et les déplacements liés aux achats (16 %).

Chaque jour, 62 hectares (soit env. 88 terrains de football) sont affectés à des surfaces d’habitation et de transport. Environ 35 % de ces surfaces sont utilisées pour le transport.


Informations supplémentaires

• Article du Parisien  Voiture électrique ou thermique : laquelle pollue le plus ?

• Article d’Automobile propre  Cobalt et nickel : une pénurie mondiale va-t-elle freiner l’essor de la voiture électrique ?

• Article du Parisien  Vraiment écolo la voiture électrique ?

Lettre

Au gouvernement et à l’UE

Madame, Monsieur,

L’électromobilité n’est pas respectueuse de l’environnement ni climatiquement neutre. Elle nécessite d’énormes quantités d’électricité, dont la production écologique est loin d’être garantie.

La fabrication de voitures électriques nécessite de grandes quantités de métaux et d’autres matières premières, qui doivent être presque intégralement importées de pays tropicaux et de zones de forêts tropicales.

L’électromobilité ne conduit pas au recul du trafic routier, comme en témoignent le nombre en augmentation constante d’immatriculations de véhicules et l’encombrement croissant du réseau routier.

Nous vous demandons de réduire le nombre de voitures et le trafic routier. Les populations devraient pouvoir atteindre leur destination de manière rapide et sécurisée à pied, à vélo, en bus ou en train.

Merci de développer des concepts de mobilités efficaces qui profitent réellement aux hommes et à la nature.

Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre profond respect.

Mises à jour

actualités · 19 sept. 2024

Brésil : plaintes contre la construction d’un pipeline à boues de bauxite par le groupe Hydro en Amazonie

Vue aérienne de la construction d’un pipeline à boues de bauxite dans forêt tropicale

Appel à l'aide de la population locale vivant à l'embouchure de l’Amazone dans l’Etat du Pará, qui accuse le géant de l'aluminium Hydro d’installer un pipeline à boues rouges sur ses terres sans son consentement. Un nouvel exemple des graves conséquences pour l’Amazonie et ses habitants des besoins en aluminium des industries de l'automobile, de la construction et de l’emballage.

suite

G20 en Indonésie · 19 nov. 2022

« L’électromobilité est une fausse solution au changement climatique »

La transition énergétique était un thème important du sommet du G20 à Bali. Un groupe d’organisations indonésiennes y a mis en garde contre la déforestation résultant de la production de nickel en Indonésie et demandé aux grandes puissances de ne plus investir dans le secteur minier, notamment dans l’extraction du nickel, l’un des composants des batteries électriques.

suite

Cette pétition est également disponible en :

146 144 signatures

Aidez-nous à atteindre les 150 000 signatures :

Dernières activités

Inscrivez-vous à notre newsletter

Suivez l’actualité de nos campagnes pour la protection de la forêt tropicale grâce à notre lettre d’information !