Nature et population ont besoin de la paix au Congo

Enfants de la commune de Kanyabayonga à l’est de la RDC Les enfants de Kanyabayonga ne vivent pas en sécurité (© RdR/Mathias Rittgerott)

Depuis 30 ans, la population de l’est de la RDC souffre de la violence. Le conflit est à nouveau très vif et touche la ville de Goma et le parc national des Virunga. Nos partenaires de l’organisation écologiste RIAO-RDC organisent des marches pour la paix et appellent à notre solidarité. Soutenons leur initiative !

Appel

Au Président de la République démocratique du Congo et aux représentants de l'ONU et de l'UE

“L’est du Congo a besoin de sécurité et de paix. Sans celles-ci, respect des droits humains et protection de la nature resteront illusoires.”

Afficher la lettre de pétition

Il est rare que les médias européens fassent leur une sur les violences qui frappent l’est de la République démocratique du Congo, même lorsque les rebelles du M23 ont encerclé la capitale provinciale de Goma en février 2024.

« La situation s’aggrave, personne ne peut ignorer la cruauté des milices et la gravité des violations des droits de l’homme », déclare Jean François Mombia Atuku, président de l’organisation RIAO-RDC.

La population a subit une violence terrifiante, faite de massacres, viols et pillages, au cours des 30 dernières années. Le conflit a déjà fait des millions de morts. Des centaines de milliers de personnes sont en fuite, beaucoup vivent dans des bidonvilles près de Goma et en Ouganda.

Dans une telle situation d’insécurité, la protection de la nature est vouée à l’échec. Cette région abrite pourtant une biodiversité extraordinaire. Le parc national des Virunga, avec ses gorilles, est célèbre dans le monde entier.

Le chaos contribue à l’extraction de l’or, du cobalt et du coltan dans des conditions inhumaines et à leur exportation en contrebande, notamment vers l’Ouganda et le Rwanda voisins. Des groupes armés profitent en partie de l’extraction et de la contrebande de ces "minerais de sang". Les organisations de défense des droits humains dénoncent de plus en plus le "Genocost", génocide basé sur l’exploitation économique des richesses du Congo.

À cela s’ajoute la spoliation des terres de nombreux villages pour des crédits carbone, afin que les groupes pétroliers et autres entreprises occidentales puissent améliorer leur bilan climatique.

Jean François est conscient du fait que les manifestations et les pétitions ne mettrons pas fin à la violence et à l’exploitation.

« Mais la marche est pour nous un puissant plaidoyer pour dénoncer la violence et les violations des droits de l’homme ».

Nous souhaitons soutenir cette initiative avec une pétition de milliers de signatures venant du monde entier.

Merci à toutes celles et ceux qui exprimeront leur solidarité !

Contexte

La raison principale de la violence dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) est le génocide de 1994 au Rwanda voisin, au cours duquel jusqu’à un million de personnes ont été assassinées, principalement des Tutsis. 

Plus de 100 groupes armés sont actifs en RDC. Les plus importants sont le M23 et les FDLR. Ces deux milices ont commis de nombreux massacres à l’encontre des populations civiles.

Les rebelles tutsis du Mouvement du 23 mars (M23) sont soutenus par le Rwanda et prétendent protéger les Tutsis du Congo contre de nouvelles exactions.

Les rebelles hutus des Forces Démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont en revanche soutenus par la RDC. Les FDLR ont été fondées par des auteurs du génocide au Rwanda ayant fui au Congo et qui ont pour objectif de renverser le gouvernement de Kigali.

Entre-temps, la mobilisation armée est souvent devenue une fin en soi. Les rebelles gagnent leur vie ainsi, s’enrichissent ou se sentent plus en sécurité au sein d’un groupe.

Les rangers du parc national des Virunga, également armés, sont parfois considérés comme partie prenante du conflit. Plus de 200 d’entre eux ont déjà été tués pendant leur service alors que d’autres sont au contraire accusés d’exactions contre la population. Le directeur du parc, Emmanuel de Merode, a été victime d’une tentative d’assassinat en 2014.

Les forêts tropicales du bassin du Congo

Le bassin du Congo est le deuxième plus grand territoire forestier tropical de la planète, derrière l’Amazonie. Ses forêts abritent 600 espèces d’arbres, 450 espèces de mammifères, 1000 espèces de papillons, 1200 espèces d’oiseaux et 700 espèces de poissons.

La majorité de ces forêts tropicales se trouvant à l’intérieur des limites de la République démocratique du Congo, le pays a une responsabilité particulière. Chimpanzés, gorilles et bonobos, soit trois des quatre espèces de grands singes de la planète, vivent en RDC. Le bonobo y est même endémique.

Les parcs nationaux des Virunga et de Kahuzi-Biega

À la frontière avec le Rwanda, le parc national des Virunga abrite un quart des gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei) sur une superficie de 7 900 km² (un peu moins que la Corse). De nombreux gorilles des plaines orientales (Gorilla beringei graueri) vivent dans le parc national de Kahuzi-Biega, également situé à l’est de la RDC.

En raison de menaces telles que le braconnage et les conflits violents, les deux parcs nationaux figurent sur liste du patrimoine mondial en péril.

Lettre

Au Président de la République démocratique du Congo et aux représentants de l'ONU et de l'UE

Monsieur le Président,
Madame, Monsieur,

La population de la République démocratique du Congo souffre depuis 30 ans d’une violence terrible, en particulier à l’est du pays. Celle-ci est le fait de groupes rebelles et de milices qui commettent des massacres contre les civils, violent, pillent et incendient.

Les habitants souffrent en outre de l’extraction et de la contrebande des "minerais de sang", qui financent les groupes armés et profitent aux grandes entreprises du monde entier.

Les organisations de défense des droits humains dénoncent de plus en plus le "Genocost", c’est-à-dire le génocide basé sur l’exploitation économique. Celui-ci s’aggrave depuis que les pays riches, en particulier d’Europe et d’Amérique du Nord, poursuivent une "politique économique verte" qui a déclenché une explosion de la demande de certaines matières premières comme le coltan, le cuivre et l’or. De nombreux villages ont déjà été spoliés de leurs terres pour des mesures de protection du climat malencontreuses telles que les crédits carbone. Ce type d’exploitation continue également de se propager.

C’est à cause de cette spirale sans fin de guerre, de violence et d’exploitation que les gens vivent dans la misère, que l’économie est en ruine, que la sécurité alimentaire est menacée, que le système éducatif est brisé et que les soins médicaux sont extrêmement mauvais.

Les hommes, les femmes et les enfants de la République démocratique du Congo aspirent à la paix afin de pouvoir vivre en sécurité et à l’abri du besoin.

Nous vous exhortons à faire de l’instauration de la paix, de la traduction en justice des auteurs de crimes et de la distribution aux populations appauvries des richesses naturelles de leur pays d’origine votre priorité absolue.

Sans sécurité et sans paix, le respect des droits humains et la protection de la nature resteront illusoires.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Madame, Monsieur, l’expression de notre profond respect.

Footnotes

République démocratique du Congo

La République démocratique du Congo (RDC) est l’un des pays auxquels notre association s’intéresse le plus : ses forêts tropicales sont parmi les plus grandes de la planète et jouent un rôle central dans la préservation de la biodiversité et la protection du climat.

Nous travaillons en étroite collaboration avec plusieurs organisations de protection de l’environnement et de défense des droits humains comme RIAO-RDC, Réseau CREF, CAMV et Bonobo Alive.

Cette pétition est également disponible en :

70 652 signatures

Aidez-nous à atteindre les 100 000 signatures :

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