Fruit d'Or et Planta Fin - les margarines sanglantes du groupe Unilever
Vous êtes-vous dernièrement fait une tartine des margarines Fruit d'Or ou Planta Fin ? Avez-vous remarqué comme un arrière-goût ? Car celle-ci contiennent un ingrédient que son fabricant Unilever préfère ne pas ébruiter: l'huile de palme, et à travers elle le sang des indigènes et agriculteurs indonésiens victimes d'expulsions, des balles des forces de sécurité et d'emprisonnements sommaires. Le groupe Wilmar, fournisseur majeur d'huile de palme pour les produits d'Unilever, vient une nouvelle fois de frapper.
AppelIls vinrent sur le coup de midi, armés comme pour une opération anti-terroriste: les brigades mobiles spéciales (Brimob) et les forces de sécurité du groupe Wilmar ont envoyé au total 700 soldats armés dans le petit village de Sungai Beruang situé sur l'île de Sumatra en Indonésie. En quelques minutes fut détruit et saccagé ce que les habitants avaient péniblement construit. Dans la panique générale, hommes, femmes et enfants se sont réfugiés dans la forêt pour fuir les bulldozers et les fusils. Il reste à ce jour encore 40 personnes portées disparues. Ces indigènes, appartenant au peuple de Suku Anak Dalam, vivent là-bas depuis plusieurs générations. Ils doivent pour leur propre survie de plus en plus souvent lutter contre leur propre gouvernement, les producteurs d'huile de palme et leurs chiens de garde.
Le déclenchement de cette action violente a suivi un schéma dont la répétition est symptomatique de l'histoire tourmentée de la production d'huile de palme en Indonésie: des populations sont expulsées de leurs terres, la forêt tropicale où elles vivaient disparaissent pour donner place à des plantations géantes de palmiers à huile. Quiconque résiste est intimidé, emprisonné ou abattu. Un des pires producteurs d'huile de palme est aussi le plus grand du monde: Wilmar International, tristement célèbre pour ses déforestations illégales et ses violations des droits de l'homme, qui exploite plus de 600.000 hectares de plantations sur les îles de Sumatra et Bornéo, .
« Wilmar fait appel à des brigades mobiles armées pour réduire au silence les personnes qui se défendent contre l'accaparement de leurs terres » selon Feri Irawan. « Wilmar se prête à des pratiques sanglantes ». L'organisation de Feri et d'autres associations ont ensemble montré au grand jour cette violence et organisé une manifestation devant le parlement de la province de Jambi.
Unilever est, avec 1,3 millions de tonnes utilisées chaque année, l'un des plus gros consommateurs d'huile de palme au monde. De Fruit d'Or, en passant par Dove et Signal, l'huile de palme se retrouve dans presque tous les produits d'Unilever. Et Wilmar International compte parmi ses principaux fournisseurs.
De combien de victimes supplémentaires a donc besoin la multinationale Unilever pour enfin prendre ses responsabilités? Sauvons la forêt appelle les dirigeants du groupe à remplacer systématiquement l'huile de palme dans ses produits par des huiles produites localement.
Signez notre pétition adressée au PDG d'Unilever France.
ContexteLe mercredi 10 août, le premier à être touché fut un agriculteur nommé Zainal, puis son village tout entier. Zainal avait récolté les fruits des palmiers à huile situés sur les terres de ses ancêtres. Sur le chemin de l'usine, sa camionnette et sa cargaison ont été confisquées de force par les gardes de l'entreprise PT Asiatic Persada. Il s'agit d'une des filiales du plus gros fabricant d'huile de palme au monde: Wilmar International. Elle détient 30.000 hectares de plantations dans la province de Jambi, dans laquelle se trouve le village de Zainal. « Les indigènes et les agriculteurs ont été dépouillé de leur forêt pour ces plantations » selon Feri Irawan, chef de notre organisation partenaire Perkumpulan Hijau. « Ils essaient de survivre au milieu des immenses plantations de palmiers à huile. Ils ne veulent en aucun cas se laisser expulser. »
Quand la population s'est mis à récolter, pour sa propre subsistance, les fruits des palmiers à huile, la société Asiatic Persada a réagit avec la plus grande violence sous prétexte que ces arbres leurs appartient. Déjà l'année dernière 18 agriculteurs d'un village voisin (Bunku) s'étaient fait arrêter.
Lorsque Zainal a réclamé la restitution de son camion, la situation est devenue explosive. Les forces de sécurité de Wilmar accompagnés des brigades mobiles, ont mis 18 personnes en état d'arrestation, puis ont littéralement pris d'assaut le village, l'encerclant pendant plusieurs jours. Les brigades ont tiré à balles réelles, touchant grièvement un homme dans le dos. Il n'est plus réapparu depuis. Zainal et 4 membres de sa famille croupissent toujours dans une prison de Batanghari, la capitale du district.
M. Bruno Witvoët
PDG d'Unilever France
Unilever France Siège social
23, rue François-Jacob, TSA 20004
92842 Rueil-Malmaison cedex
___________________________________________________
Objet: Votre relation d'affaires avec Wilmar International
___________________________________________________
Monsieur Witvoët,
Nous sommes consternés par les récentes violences, dont vous avez probablement été informé, dans la province de Jambi à Sumatra. Une nouvelle fois, une société filiale de Wilmar (PT Asiatic Persada) a fait appel aux forces paramilitaires de la Brimob pour intimider et expulser indigènes et agriculteurs par les armes. Au moins un homme a été grièvement blessé par balle, dans le dos (!) ; les maisons de 40 familles ont été saccagées et détruites.
La toile de fond de ce drame est le conflit récurrent opposant l'industrie du palmier à huile aux populations autochtones qui depuis plusieurs générations vivent dans et de la forêt tropicale, une forêt qui depuis deux décennies est systématiquement détruite pour laisser la place aux gigantesques monocultures industrielles. Pour se faire sont délaissés, pour ne pas dire sacrifier, hommes, femmes et enfants, la nature tropicale et son inestimable biodiversité, notre climat. C'est à cause de sa déforestation massive que l'Indonésie est le troisième pays le plus émetteur de CO2 au monde. Mais nous ne vous apprenons sans doute rien de nouveau.
Et vous savez aussi certainement que Wilmar International, un de vos principaux fournisseurs d'huile de palme, se rend coupable de déforestation illégale et de graves violations des droits de l'homme. C'est ce que l'ont vu de leurs propres yeux des membres de l'association Sauvons la forêt (Rettet den Regenwald e.V.) au Kalimantan occidental (Barat) et central (Tengah), ainsi qu'à Sumatra. Ils ont d'ailleurs tourné un documentaire (en langue allemande) de 12 minutes en partenariat avec la société Globalfilm: « Le mensonge de la durabilité - comment l'industrie du palmier à huile trompe le monde ».
Parlons justement de durabilité. Vous avez informé vos clients en 2008 que le groupe Unilever commencerait à acheter de l'huile de palme certifiée «durable» à partir de 2009, avec l'objectif de s'approvisionner uniquement de celle-ci d'ici 2015. Pour prendre un seul exemple, il existe dans le Kalimantan central, non loin de Sampit, une plantation de palmiers à huile longue de 100 km et large de 8 km. La majeure partie de celle-ci appartient à Wilmar. Comment une telle monoculture "dopée" aux engrais et pesticides pour assurer des rendements élevés peut-elle être en quoi que ce soit durable ?
Aucune plantation industrielle ne peut prétendre à la durabilité. Et toutes les certifications du monde n'y changeront rien.
D'ailleurs quelle est la crédibilité d'une entreprise telle Mustika Sembuluh (une filiale de Wilmar dans le Kalimantan central) qui d'une part fait certifier certaines plantations et d'autre part fait défricher les forêts illégalement et expulser les agriculteurs locaux.
Est-il imaginable d'être en affaires avec de tels groupes? Et communiquer auprès de ses clients comme si de rien n'était ?
Nous pensons que non. Et vous exhortons à remplacer l'huile de palme de vos produits par des graisses produites localement.
Je vous prie d'agréer, Monsieur Witvoët, l'expression de mes respectueuses salutations.