Bas les tronçonneuses en Colombie

Tronc d'arbre marqué de rouge dans la forêt tropicale4.000 arbres géants ont déjà été marqués à destination des tronçonneuses dans la forêt
74 091 signatures

« Aidez-nous à stopper les bûcherons dans la forêt ! » C'est l'appel du peuple du bas Atrato en Colombie. Leur forêt tropicale avait été jusqu'à présent épargnée par l'industrie forestière. Mais une grande entreprise vient de marquer 4.000 arbres dans la forêt et commencé à draguer les cours d'eau pour faciliter le transport du bois.

Appel

Aux autorités de la République de Colombie

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Depuis le milieu de l'année, l'entreprise forestière Maderas del Darien – Pizano S.A. procède à des marquages dans la forêt pluviale du fleuve Atrato en Colombie. Au moins 4.000 arbres géants doivent y être abattus. Les grumes devant être transportés par voie navigable, les cours d'eau de la région sont endiguée, creusés et rectifiés. Les machines lourdes labourent le sol et détruisent les précieux écosystèmes.

La situation est très tendue dans le département du Chocó depuis plusieurs décennies. Les militaires, groupes armés paramilitaires, personnels des sociétés minières, producteurs d'huile de palme et autres entreprises forestières oppriment violemment ses habitants. Beaucoup ont été chassés de leurs villages ou forcés à fuir. Ils vivent désormais dans des zones humanitaires spécialement édifiées sous protection internationale, tandis que les pillards se répandent sur leurs terres.

« L'entreprise forestière Maderas del Darien - Pizano S.A. détruit la forêt tropicale avec l'assurance de ne jamais être poursuivie » racontent les habitants de Santa Rosa del Limón et Vigía de Curbaradó. « Les fonctionnaires et les autorités sont leurs complices. » Maderas del Darien appartient à la société d'exploitation forestière Pizano S.A., propriété du milliardaire Luis Carlos Sarmiento, première fortune de Colombie. 

Les forêts pluviales du Chocó ont une riche biodiversité. Elles abritent une moyenne de 400 espèces d'arbres et 700 de vertébrés par hectare, record mondial. Nombre de ces espèces animales et végétales sont endémiques.

Les communautés du fleuve Atrato veulent faire stopper les bulldozers et tronçonneuses. Elles appellent à une aide internationale. Participez à notre action en signant notre pétition adressée aux autorités colombiennes

 

Contexte

 

En septembre dernier, l'ONU et Interpol (Organisation internationale de police criminelle) ont publié l'étude « Carbone vert, marché noir » portant sur l'exploitation illégale, la fraude fiscale et le blanchiment dans les forêts tropicales du monde. Selon cette étude,s l’exploitation illégale représenterait jusqu'à 90% de l’ensemble des activités forestières dans les principaux pays tropicaux producteurs. Sont aussi profondément impliqués dans le pillage des forêts politiciens corrompus, fonctionnaires et militaires. Interpol établit une liste de 30 différentes pratiques par lesquelles les bandes  organisées criminelles amènent le bois abattu illégalement sur le marché et blanchissent les revenus qu'il génère.

La société d'exploitation forestière Pizano S.A. s'est donné une vitrine environnementale grâce au label de l'entreprise allemande FSC International Center GmbH. Cette dernière lui à délivré son « label FSC » de « gestion responsable des forêts ». L'industrie forestière utilise ce type de label pour, habillée d'un manteau vert, tromper ses clients et leur souci sincère de protection de l'environnement.

 

Informations supplémentaires 

 • Étude de l'ONU et d'Interpol  Carbone vert, marché noir
• Article de la revue À bâbord !  Pour contrer le terrorisme d’État... des populations civiles en résistance !
• Article de l'association Irénées  Les communautés indigènes du Choco : une résistance fondée sur la défense de l’identité culturelle et de l’autonomie
• Article de l'association Irénées  Les enjeux de la défense du territoire par les communautés de base dans le Bas Atrato
• Article de l'association Irénées  Richesse du territoire, pauvreté des habitants
• Article traduit de Justicia y Paz  Colombie : Graves menaces à Cacarica 
• Article de la Coordination Populaire Colombienne à Paris  Projet de solidarité avec CAVIDA et la Comision Intereclesial Justicia y Paz
• Article publié dans Terra  "De l’individuel au collectif : Des stratégies de survie des déplacés colombiens aux regroupements communautaires
• Rapport de séjour  Dans le département du Chocó en Colombie, les civils entrent en résistance pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux 
• Article du Centre justice et foi  Colombie: des paysans résistent
• Document d'Amnesty international  Colombie: les communautés de civils déplacés du bassin du fleuve Cacarica ; d'autres communautés déplacées du département du Chocó
• Module du Cercle des Droits  Les droits ESC des peuples autochtones 

•Article de notre partenaire Justicia y Paz  Maderas del Darién Pizano S.A causa daño ambiental en Bajo Atrato
• Video de notre partenaire Justicia y Paz  No a la deforestación empresarial en territorio de las comunidades negras
• Article du magazine Semana  La madera: la riqueza y la miseria en Chocó

• Communiqué de presse  Le FSC n'est pas un « écolabel » 

 

Lettre

Aux autorités de la République de Colombie

Madame, Monsieur,

L'entreprise Maderas del Darién - Pizano S.A. et les sociétés qui lui sont liées sont connues pour leur exploitation des forêts pluviales du département du Chocó depuis les années 90. Elles y détruisent les richesses naturelles et l'un des biomes les plus précieux de notre planète.

Le plan de Maderas del Darién - Pizano SA qui vise à abattre des arbres dans le bassin du fleuve Atrato viole les droits fonciers des populations locales. Depuis l'année 2000, les familles de la communauté de Santa Rosa del Limón possèdent des titres fonciers collectifs reconnus par le gouvernement colombien.

L'entreprise forestière agit dans ce cas comme si elle était l'État dans l'exercice de ses fonctions et ses devoirs. Ainsi, elle justifie l'exploitation forestière en prétendant que celle-ci va financer la santé et l'éducation dans les villages. En outre, elle manipule les conseils communautaires locaux, faisant passer ses intérêts commerciaux avant ceux des populations. Un bateau de l'entreprise a même été vu en train de transporter des paramilitaires.

Je soutiens en conséquence les demandes suivantes formulées par les habitants et vous exhortant à :

- préserver l'environnement et la biodiversité de la région, garantir le respect les droits de l'homme et des conseils des communautés à l'intérieur de la zone forestière protégée ;

- barrer l'accès aux bûcherons, empêcher les abattages d'arbres planifiés et l'expansion de l'exploitation forestière dans d'autres territoires du département du Chocó ;

- ordonner le retrait immédiat des engins de construction de la zone et empêcher toute nouvelle destruction ;

- annuler tous les permis existants qui pourraient avoir été accordés par le Codechocó ou le ministère de l'environnement pour les activités forestières évoquées dans la région ;

- former une commission d'enquête dans laquelle participeront les ministères de l'environnement et de l'intérieur, le bureau de l'Ombudsman et des organisations de défense des droits de l'homme afin de juger les dommages humains et environnementaux causés par la société Maderas del Darién dans la région ,

- enquêter sur les violations des lois et poursuivre les responsables de dommages environnementaux dans la région

D'anciens paramilitaires, reconnus coupables par les tribunaux colombiens, ont déclaré que la compagnie forestière finançait leurs unités armées. Je suis donc extrêmement préoccupé par la sécurité des habitants de la région du fleuve Atrato. Je vous prie de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population contre les attaques et toute autre forme de violence.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame, Monsieur, ma haute considération.

Le bois tropical en 5 minutes

Les produits en bois tropicaux ont longtemps été synonymes de pillage et d’exploitation abusive, et ce grâce au travail d’information de la part d’organisations écologistes. Pendant des années de boycott, les ventes étaient en chute libre. Mais entre-temps le secteur a su redorer son image grâce à des opérations marketing vantant un bois tropical issu d’ « exploitations forestières durables ».

Des certificats et labels soi-disant écologiques comme le FSC se retrouvent sur les  meubles de jardin, manches à balais ou planches à découper. Les consommateurs sont désorientés, beaucoup d’entreprises et de communes restent perplexes. Le bois tropical peut-il à nouveau être acheté en toute bonne conscience ? Sauvons la Forêt répond sans détour: NON ! Car la production durable de bois tropicaux n’est qu’une pure invention de l’industrie.

Déforestation pour les bois tropicaux

Le bois tropical est une matière première appréciée que l’on retrouve dans de nombreux commerces. Il pose pourtant plusieurs problèmes. Différentes études montrent que la grande majorité (jusqu’à 90% selon le pays d’origine) des bois tropicaux sont coupés illégalement, détruisant irrémédiablement les écosystèmes. Par ailleurs, le commerce de bois illégal n’est toujours pas interdit dans l’Union Européenne.

Chaque année 13 millions d’hectares de forêts pluviales sont défrichées de par le monde. Ces chiffres montrent que renoncer aux bois tropicaux est le seul moyen pour contrer le commerce de bois illégal. Il faut chercher des alternatives avec le bois local.

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