La forêt des Cardamomes ne peut pas être engloutie !
Ce que l'on veut voir rester en l'état : la forêt tropicale jusqu'à l'horizon (© Luke Duggleby)
Au Cambodge, la rivière Areng coule encore librement des Monts Cardamome vers la vallée. Mais un projet de barrage qui provoquerait la submersion de milliers d'hectares de forêt tropicale menace la nature extraordinaire de ce lieu. Mobilisons-nous aux côtés des militants cambodgiens pour empêcher ce projet néfaste
AppelM. Zhu Yongpeng, Directeur général de la société China Guodian Corporation
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La compagnie électrique publique chinoise Guodian Corporation projette la construction d'un barrage hydroélectrique sur la rivière Areng au Cambodge. La centrale doit produire 108 mégawatts d'électricité afin de répondre aux besoins croissants en électricité du pays.
Pour les occupants de la forêt des Cardamomes, le barrage Cheay Areng serait une catastrophe car il provoquerait l'engloutissement de leur espace vital. Les populations humaines perdraient leur foyer et seraient déplacées. Les crocodiles du Siam dont la majeure partie des quelques centaines d'individus restant dans le monde vivent dans la vallée Areng seraient gravement menacés.
Le barrage n'a même pas de sens d'un point de vue économique étant donné son coût de production électrique très élevé. Les coûts du barrage Cheay Areng seraient en effet plus importants que les bénéfices pour le Cambodge :
• submersion de 20.000 hectares de forêt pluviales dont la moitié dans la forêt protégée des Cardamomes
• péril de l'exceptionnelle biodiversité de la vallée Areng : 277 espèces animales recensées dont 31 en danger d'extinction (éléphant d'Asie, panthère nébuleuse, crocodile du Siam, etc.)
• désenclavement de la vallée forestière ouvrant la porte aux bûcherons illégaux et aux braconniers
• déplacement forcé de près de 1.000 indigènes Khmers Deum de leurs terres ancestrales qu'ils ont préservé jusqu'ici grâce à leur mode de vie traditionnel
Plusieurs sociétés se sont retirées du projet après étude approfondie de ses impacts. Ce n'est pas le cas de Guodian Corporation qui souhaite conclure un accord avec le gouvernement cambodgien pour la construction et l'exploitation du barrage.
Signons la pétition des défenseurs de l'environnement cambodgiens pour l'abandon du projet de barrage Cheay Areng
Contexte
Informations supplémentaires
• Site internet pour la protection de la vallée Areng Save Areng Valley
• Résumé de l'étude d'impact social et environmental du Barrage Cheay Areng A summary of the social and environmental impacts of the proposed Areng valley hydroelectric dam, Southwest Cambodia
• Fiche des espèces animales menacées inscrites sur la liste rouge de l'UICN Scléropage d'Asie, Canard à ailes blanches, Panthère nébuleuse, Crocodile du Siam
• Texte de pétition disponible en chinois et en khmer sur le site du Rainforest Information Centre
• Article du Bangkok Post Fight on to keep dam from turning pristine paradise into 'death valley'
• Dossier sur le site de GITPA Les peuples autochtones du Cambodge
M. Zhu Yongpeng, Directeur général de la société China Guodian Corporation
Monsieur Zhu Yongpeng,
La vallée Areng est connue pour être un joyau de la biodiversité en Asie du Sud-Est. Ce territoire situé à l'intérieur des Monts Cardamome dans le sud-ouest du Cambodge est l'habitat de nombreux animaux dont certaines espèces sont particulièrement menacées à l'image de l'éléphant d'Asie, du Scléropage d'Asie, du canard à ailes blanches, de la panthère nébuleuse et du crocodile du Siam.
Situé au milieu de la forêt protégée des Cardamomes, le barrage hydroélectrique Cheay Areng proposé par la China Guodian Corporation n'est pas approprié au développement de l'énergie hydraulique. De nombreuses sociétés à l'instar de la chinoise Sinohydro Corporation se sont engagées à ne développer aucun projet à l'intérieur du Parc national.
La China Guodian Corporation devrait comprendre que ce site est un lieu important et protégé. Le barrage anéantirait la forêt et toutes les espèces sensibles qui en dépendent. Le lac de barrage dont la superficie pourrait aller jusqu'à 20.000 hectares ouvrirait ce territoire à l'abattage illégal du bois et au braconnage.
Le projet menace aussi la culture, la tradition et la subsistance de 1.000 indigènes Khmers Deum. Ceux-ci sont attachés depuis 400 ans à la rivière Areng et aux forêts tropicales avoisinantes. Le site prévu pour le projet de barrage est inapproprié car il impliquerait le déplacement contre leur volonté des villageois. Il est aussi placé en travers d'un corridor de migration des éléphants fortement fréquenté. Les nouvelles directives du gouvernement chinois en matière de construction de barrage en dehors de Chine prévoient le respect des patrimoines culturels des communautés par les entreprises chinoises (article 3). Étant donné les conséquences souvent irréversibles du projet, les mesures compensatoires ne peuvent être des solutions efficaces aux dommages causés.
Des milliers de personnes du Cambodge et du monde entier ont fait parvenir depuis 2008 des lettres et des pétitions au gouvernement cambodgien pour lui demander d'abandonner le projet Cheay Areng à cause de ses conséquences pour les écosystèmes et les biens culturels. Le premier promoteur du projet, l'entreprise chinoise Southern Power Grid s'est retirée pour des raisons écologiques. L'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) s'est justifiée de son côté pour des raisons financières en rapport à la faisabilité du projet. Dans son plan directeur pour l'hydroélectricité au Cambodge, l'agence parvient au résultat d'un coût de production électrique bien supérieur à celui d'autres projets de centrales électriques du pays.
Je demande en conséquence à la China Guodian Corporation de mettre fin sans attendre à ses plans concernant le barrage Cheay Areng. Les risques pour votre investissement et pour votre réputation sont extrêmement élevés au regard des problèmes sociaux et environnementaux évoqués, d'autant plus qu'il s'agit du premier projet de l'entreprise hors des frontières chinoises.
La China Guodian Corporation met en avant, en tant qu'entreprise publique, sa responsabilité en matière de protection de l'environnement dans son bulletin. Elle se doit de respecter les « directives pour la protection de l'environnement dans les investissements à l'étranger et dans la coopération » du gouvernement chinois. Celles-ci imposent notamment la prise en considération de l'écologie locale et l'atténuation ou la réparation des dommages dans ces zones (article 15).
Guodian se doit aussi de respecter le patrimoine culturel des habitants de la vallée Areng comme les directives l'exigent. Cet héritage unique ne pouvant être restauré, il faut lui éviter tout préjudice (article 15). Les conséquences de la construction du barrage étant irréversibles, celui-ci ne peut pas être édifié.
J'espère que vous recevrez cette pétition avec le sérieux qu'elle mérite. Je souhaite ne pas voir le trésor naturel qu'est la vallée Areng englouti sous les eaux d'un lac de barrage.
En vous remerciant pour votre attention dans cette affaire importante, je vous d'agréer, Monsieur Zhu Yongpeng, l'expression de mes respectueuses salutations.
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