Assassiné pour les «biocarburants» de l’UE !

Des hommes s’affairent autour d’un homme grièvement blessé gisant à même le sol. Ses mains et ses pieds sont menottées. Protester aura été fatal à ce chef de village battu à mort par des mercenaires (© Feri Irawan)
74 497 signatures

Les agrocarburants de l’UE viennent de faire de nouvelles victimes en Indonésie dans une plantation de la société d’huile de palme Asiatic Persada. Sur place, notre partenaire Feri Irawan est venu en aide à cinq blessés graves et a documenté le meurtre brutal d’un villageois. Protestons auprès des gouvernements européens !

Mises à jour Appel

Aux autorités et gouvernements des États membres de l’Union européenne

“Non à la politique pro-biocarburants de l’UE qui, pour l’huile de palme, exacerbe les violences et les crimes contre les autochtones en Indonésie !”

Afficher la lettre de pétition

Il s’appelait Pujiono. Chef du village de Bungku, il était venu manifester dans une palmeraie industrielle de la province de Jambi suite au rapt violent d’un agriculteur. Enlevé et brutalisé à son tour par des mercenaires, il a été livré encore menotté par la société d’huile de palme Asiatic Persada dans un hôpital de la capitale. Il y est décédé quelques heures plus tard, semble-t-il faute de soins conséquents.

Sur place, notre partenaire Feri Irawan témoigne : « Il y a une guerre, une guerre dont aucun de nous ne voulait. »  Les habitants doivent affronter un groupe armé de 2000 mercenaires et autres forces de sécurité à la solde d'Asiatic Persada. Ils subissent de graves violences et nombreux sont ceux à devoir être hospitalisés.

Feri a emmené cinq blessés graves à l’hôpital. Il a récupéré la dépouille
de Pujiono et signalé son meurtre à la police. « Nous n’abandonnerons pas ! Demain, nous reviendrons une nouvelle fois, sans armes. » clame-t-il.

La situation du peuple Suku Anak Dalam est devenue intenable à Sumatra. En décembre dernier, 500 familles expulsées de leurs lotissements avaient cherché refuge devant le palais du gouverneur de la province de Jambi. Mais elles furent là aussi évacuées et conduites de force jusqu'à leurs terres… où Asiatic Persada, avec ses troupes armées, les empêche de revenir !

Le sort des peuples nomades de la forêt est directement lié à la politique de soutien aux agrocarburants de l’Union européenne et de ses États membres. En effet, une grande partie des huiles végétales mélangées au diesel proviennent des cultures d’huile de palme d’Indonésie.

Protestons auprès des autorités et des gouvernements de l’UE pour qu’ils mettent enfin un terme à leur désastreuse politique de soutien aux «biocarburants» !

Contexte


Le 5 mars 2014, un paysan de 26 ans nommé Titus a été appréhendé par des soldats devant son domicile puis emmené sans ménagements dans un véhicule de police vers l’usine de la société d’huile de palme Asiatic Persada. Le tort de Titus ? Il est le témoin oculaire d’une manipulation délictueuse de panneaux d’informations à l’intérieur de plantations dans la province de Jambi.

Des membres de la famille de Titus accompagnés d'autres agriculteurs se sont réunis et se sont rendus au pressoir d’Asiatic Persada pour exiger sa libération. Les soldats ont alors procédé à des tirs de sommation puis ont violemment battu six manifestants. C’est l’un d’entre eux, le chef du village de Bungku nommé Pujiono, qui succomba à ses blessures quelques heures plus tard à l'hôpital de Jambi.

Informations supplémentaires : Manifestation pour les victimes de l’huile de palme à Sumatra



Photos

Policiers, soldats, forces de sécurité, mercenaires : l’entreprise Asiatic Persada essaie par tous les moyens d’empêcher le retour du peuple Suku Anak Dalam sur ses terres. En bas : 500 familles qui ont fui les violences ont trouvé asile dans les bureaux de notre organisation partenaire Perkumpulan Hijau. Photos: Feri Irawan



Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement les ministres de l'énergie et de l'environnement des États membres de l'Union européenne, notamment les francophones :

BELGIQUE

M. Melchior Wathelet, Secrétaire d'Etat à l'Environnement, à l'Energie et à la Mobilité du Royaume de Belgique

Cellule stratégique et Secrétariat du Secrétaire d'Etat à l'Environnement, à l'Energie et à la Mobilité
Rue de la Loi 51
1040 Bruxelles
Tél. : +32 (0)2 790 57 11
Fax : +32 (0)2 790 57 99
Email: info@wathelet.fed.be


FRANCE

M. Philippe Martin, Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie de la République française

Ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie
Hôtel de Roquelaure
246, bd Saint-Germain
75007 Paris
Tél. : +33 (0)1 40 81 21 22
Email: philippe.martin@developpement-durable.gouv.fr


LUXEMBOURG

M. Etienne Schneider, Ministre de l’Economie et du Commerce extérieur en charge de l’Energie,
19-21, boulevard Royal
L-2914 Luxembourg
Tél.: +352 2478 2478
Fax: +352 460448

Courriel : info@eco.public.lu

M. Claude Wiseler, Ministre du Développement durable et des Infrastructures du Grand-Duché de Luxembourg

Ministère du Développement durable et des Infrastructures
Bâtiment Alcide de Gasperi ("Héichhaus")
4, Place de l'Europe
L-1499 Luxembourg
Tél. : +352 247 83301
Fax : +352 462709 223160
Email: info@mddi.public.lu


SUISSE

Mme Doris Leuthard, Conseillère fédérale en charge de l’Environnement, des Transports, de l’Energie et des Communications
Palais fédéral nord
Kochergasse 10
CH-3003 Berne
Téléphone: +41 31 322 55 11
Fax: +41 31 324 26 92

Courriel: doris.leuthard@gs-uvek.admin.ch

 

Lettre

Aux autorités et gouvernements des États membres de l’Union européenne

Madame, Monsieur,

Un chef de village a été assassiné lors d’une manifestation contre une plantation d’huile de palme en Indonésie. Feri Irawan a pu observer de près et documenter ces atrocités dont la responsabilité incombe selon toute vraisemblance à l’entreprise Asiatic Persada.

La longue lutte des peuples nomades des forêts de Sumatra prend une tournure toujours plus dramatique. Celle-ci est liée à la politique de soutien aux biocarburants de l’Union européenne et des gouvernements de ses États membres.

Je vous demande en conséquence d’agir pour mettre enfin un terme à cette politique de soutien aux biocarburants !

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l'assurance de ma considération et de ma vigilance citoyenne.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

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