Aluminium - questions et réponses
Véhicules, emballages, déodorants, … L’aluminium est partout autour de nous. Sa production provoque néanmoins une déforestation tropicale de différentes natures.
Définition : Qu’est-ce que l’aluminium ?
L’aluminium (AL) est le troisième élément chimique le plus abondant. Il est principalement extrait de la bauxite. Dans la croûte terrestre, il est présent sous la forme d’oxydes et d’aluminosilicates. L’aluminium et ses alliages sont majoritairement utilisés dans les constructions automobile, aéronautique et navale. Il sert également à la fabrication de conduites, matériaux de construction légers et éléments de construction, ainsi que de matériau d’emballage.
Définition : Qu’est-ce que la bauxite ?
La bauxite est la matière première de l’aluminium. Ce minerai est généralement extrait sur de vastes surfaces dans des mines à ciel ouvert. Une grande partie des réserves de bauxite connues à ce jour est stockée dans la zone intertropicale. En Guinée, en Jamaïque, en Inde, en Australie et au Brésil, la forêt tropicale est détruite pour en permettre l’extraction. Les moyens de subsistance des autochtones se trouvent ainsi souvent menacés.
La forêt tropicale est-elle en train d’être anéantie à cause de l’aluminium ?
La matière première de l’aluminium est la bauxite. Ce minerai est généralement extrait sur de vastes surfaces dans des mines à ciel ouvert. Une grande partie des réserves de bauxite connues à ce jour est stockée dans la zone intertropicale. En Guinée, en Jamaïque, en Inde, en Australie et au Brésil, la forêt tropicale est détruite pour en permettre l’extraction. Les moyens de subsistance des autochtones se trouvent ainsi souvent menacés, comme dans le cas de la montagne de Niyamgiri dans l’état de l’Orissa, en Inde.
La plus grande mine de bauxite brésilienne de Porto Trombetas (70% de la production totale du Brésil) se situe notamment au cœur d’une zone de forêt tropicale amazonienne intacte. Il y a 20 ans, les rejets miniers déversés dans un lac proche (Lago Batata) l’ont envasé de telle sorte que l’écosystème lacustre a dépéri. Aujourd’hui encore, 100 hectares de forêt sont déboisés chaque année pour cette mine dont l’existence remonte à 1979.
Pourquoi la production d’aluminium est-elle toxique ?
La transformation de la bauxite pour obtenir de l’aluminium est elle-même nocive pour l’environnement. Les boues rouges qui en résultent sont toxiques. Pour chaque tonne d’aluminium fabriqué, il faut compter entre une et six tonnes de ce dangereux résidu. Ne pouvant être transformées à leur tour, ces boues rouges toxiques sont stockées dans de grands lacs de retenue ou directement rejetées dans des cours d’eau. Pour les écosystèmes touchés, les conséquences sont en général mortelles.
De plus, les gaz formés lors de la fusion du minerai (surtout les fluorures) nuisent à la faune et à la flore, ainsi qu’aux riverains des usines. Ils entraînent des maladies respiratoires, des lésions osseuses (fluorose), des problèmes cutanés et de nombreux autres risques pour la santé.
Pourquoi la production d’aluminium réchauffe-t-elle le climat ?
De grandes quantités d’énergie sont nécessaires pour permettre la fusion de l’aluminium. Les fabricants cherchent donc à délocaliser cette étape de la production dans des pays où l’électricité est bon marché. L’énergie requise est produite essentiellement par des centrales hydroélectriques ou au charbon. Le plus souvent, les centrales hydroélectriques accélèrent la destruction à grande échelle de la forêt tropicale et des habitats. Elles participent également au changement climatique en raison du méthane produit. Ce gaz se forme sous l’eau suite à la décomposition des débris végétaux. L’électricité provenant de la centrale brésilienne de Balbina s’avère ainsi une plus grande menace pour l’environnement que celle qui proviendrait d’une centrale électrique similaire alimentée au charbon. D’autres gaz à effet de serre tels que les hydrocarbures fluorés (entre 6000 et 9000 fois plus nocifs que le CO2) sont libérés lors de la fusion.
Comment l’aluminium est-il extrait ?
L’aluminium est le troisième élément le plus abondant dans la croûte terrestre (8% de la masse). Il a été découvert pour la première fois en 1808. En 1886, sa production commerciale a pu débuter après la découverte du procédé d’électrolyse.
Matière première nécessaire à la fabrication de l’aluminium, la bauxite revêt une importance économique particulière. La bauxite peut contenir jusqu’à 60% d’aluminium. Une fois extrait, le minerai est cuit (150°C - 200°C) sous pression dans une solution de soude caustique (procédé Bayer). On obtient ainsi de l’aluminium sous la forme d’alumine. Les résidus riches en fer (boues rouges) sont filtrés. Ces boues rouges alcalines doivent être mises en décharge. L’alumine est ensuite portée à fusion et réduite en aluminium métallique par électrolyse, un procédé très gourmand en électricité. La fabrication d’un million de tonnes d’alumine consomme ainsi autant d’énergie qu’un demi-million de foyers en un an.
Quelles sont les conséquences des boues rouges résiduelles pour l’environnement ?
Les boues rouges sont constituées de particules fines (les composés ferreux leur donnent leur couleur rouge) et de la solution de soude caustique utilisée lors de la production du métal. Selon l’origine de la bauxite utilisée, elles peuvent contenir en plus une multitude de métaux lourds.
Si ces boues ne sont pas correctement stockées ou si, comme dans certains pays, elles sont directement déversées dans des cours d’eau proches, ce sont avant tout les métaux lourds et la solution corrosive de soude caustique qui ont les conséquences les plus graves. Les particules fines envasent les rivières et les lacs environnant. Une fois leurs pores et leurs cavités bouchés, les plantes et les animaux meurent rapidement. Les décharges de mauvaise étanchéité contaminent les nappes phréatiques de métaux lourds. Elles représentent donc un risque à long terme pour la santé des personnes vivant à proximité.
En octobre 2010, la Hongrie a connu un grave accident impliquant des boues rouges : la digue d’un bassin de stockage de déchets industriels s’est effondrée et a libéré près d’un million de mètres cubes de boues rouges qui ont inondé les alentours. Plusieurs villages ont été engloutis par la vague boueuse, dix personnes ont été tuées, 150 blessées et de nombreuses maisons entièrement détruites. Une partie de la boue a atteint le Danube par l’un de ses affluents et a provoqué des dégâts considérables dans la faune et la flore des cours d’eau touchés.
Quel est le rapport entre le barrage de Belo Monte et mon goûter ?
Le barrage de Belo Monte dans le nord du Brésil est un gigantesque projet de centrale électrique sur la rivière Xingu. L’eau retenue forme un lac d’une surface de 600 kilomètres carrés, soit la taille du lac de Constance. La centrale électrique menace entre 20.000 et 40.000 personnes d’expulsion. Les moyens de subsistance de 18 groupes ethniques différents dépendant du lac pourraient être anéantis. Les plus menacés sont les indigènes qui vivent volontairement isolés dans la région. En effet, le déplacement massif de personnes entraîné par la construction faciliterait l’introduction de maladies. Pour les individus touchés qui ne possèdent pas les anticorps nécessaires pour lutter contre les virus, la mort peut survenir rapidement.
Avec une puissance de 11 gigawatts, il s’agirait de la troisième centrale électrique la plus importante au monde. La majeure partie de l’énergie produite est réservée à l’industrie exportatrice brésilienne, grande consommatrice d’énergie. Les fabricants d’aluminium du nord du pays profitent en particulier de cette électricité « bon marché » et « verte » générée par la centrale hydroélectrique. L’aluminium dans lequel vous emballez votre goûter a donc des répercussions jusqu’au plus profond de la forêt tropicale amazonienne. Dans la mesure du possible, il est donc préférable de transporter son goûter dans une boîte réutilisable à long terme.
Dans quels autres produits quotidiens l’aluminium se dissimule-t-il ?
En dehors du papier aluminium, l’aluminium est présent dans de nombreux autres produits du quotidien. On le retrouve dans les emballages de chewing-gum, de barres chocolatées, de café, dans les Tetra Packs, les opercules de yahourts, les tubes de dentifrice et de moutarde, les aérosols de déodorants et les canettes de boissons, et même les couvercles de bouteilles en verre.
C’est pourquoi il est important d’éviter autant que possible ce type d’emballage, ou tout du moins de recycler ces déchets, puisque l’aluminium est entièrement recyclable. L’énergie utilisée pour la production de cet aluminium dit secondaire représente seulement 5% de l’énergie nécessaire à la production d’aluminium primaire.
Toutefois, il est difficile de récupérer l’aluminium des emballages composites (paquets de café ou Tetra Packs) lors du processus de recyclage. À l’heure actuelle, ces déchets sont soit utilisés dans la fabrication de ciment soit incinérés.
Dans les ménages, on retrouve l’aluminium dans les cuisinières et dans les matériaux de construction (p. ex. dans les fenêtres) en raison de sa bonne conductivité thermique. Sa légèreté explique en outre son utilisation en larges quantités dans les avions, les wagons ferroviaires, les voitures et les lignes à haute tension. Dans l’industrie électronique, il est de plus en plus fréquemment utilisé comme substitut du cuivre. L’expansion croissante de la production d’énergie solaire entraîne également une consommation accrue d’aluminium, utilisé dans la fabrication des systèmes de fixation des panneaux solaires.
Quelle est la quantité réelle d’aluminium consommée dans les pays industrialisés ?
En raison de sa faible densité (il n’existe que trois métaux plus légers), l’aluminium joue aujourd’hui un rôle toujours plus important dans l’industrie. C’est pourquoi sa consommation continue également d’augmenter dans les pays industrialisés. L’Allemagne arrive en tête du classement mondial avec une consommation par habitant et par an de 31,6 kg, suivie par les États-Unis (30 kg/an) et le Japon (26,4 kg/an).
La majeure partie de l’aluminium utilisée dans le monde revient au secteur automobile avec 29%, suivi du secteur du bâtiment (22%), des emballages (15%), de la production d’électricité (12%), ainsi que l’industrie mécanique et les biens de consommation durables (respectivement 9%). En Allemagne, la valeur revenant au secteur automobile s’élève à 44% de la consommation totale, suivie de 16% pour le secteur du bâtiment et 9% pour les emballages (source USGS2007).
Qui est responsable de l’extraction de la bauxite et de la fabrication de l’aluminium ?
Les principaux producteurs de bauxite sont l’Australie (30% de la production totale), la Chine (20,9%), le Brésil (14%), l’Inde (9%), la Guinée (8%) et la Jamaïque (5%). La production d’aluminium en Europe et aux États-unis est négligeable. Actuellement, le pays possédant les plus grandes réserves d’aluminium serait la Guinée, avec 7,4 millliards de tonnes (US Geological Survey 2012). Les grands groupes de l’aluminium sont majoritairement des sociétés des pays industrialisés. Menés par RUSAL (Russie), suivi d’Alcoa (États-Unis), Rio Tinto Alcan (Canada), Chalco (Chine) et Norsk Hydro (Norvège), ils contrôlent ensemble près de 50% de la production mondiale. Source : Reuters
Existe-t-il un aluminium « propre » ?
L’aluminium le plus « propre » est celui qui n’est jamais utilisé. Chaque emballage évité réduit les risques pour l’environnement. Lorsque sa consommation est inévitable, il doit être recyclé via les systèmes de collecte appropriés.
Certains procédés de fabrication de l’aluminium sont également moins néfastes. C’est notamment le cas dans une usine d’aluminium à proximité de Hambourg, dans le nord de l’Allemagne. À l’aide d’installations modernes, la consommation d’énergie y est réduite autant que possible. Les bouges rouges générées par l’usine sont épurées de la solution de soude caustique, qui est recyclée pour un nouveau processus. Les boues sont ensuite stockées dans un bassin étanche. Les répercussions de la production sur l’environnement sont donc minimisées.
Bien entendu, ceci ne résout nullement les problèmes de destruction du paysage causés par l’extraction de la bauxite et du transport vers l’Europe, nocif pour le climat.
La production d’aluminium n’est-elle pas une source importante de devises et de développement dans les pays producteurs ?
Les projets liés à l’aluminium entraînent généralement des dettes astronomiques, dont les intérêts alimentent les caisses des pays riches des années durant. L’État assume non seulement une large partie des investissements initiaux pour attirer des entreprises étrangères, mais finance également les centrales hydroélectriques nécessaires à la production. Au Brésil, les représentants des fabricants d’aluminium ont négocié ensemble des contrats avec la compagnie nationale d’électricité. Ceci leur permet d’acheter l’électricité à des prix inférieurs aux coûts de mise à disposition. D’autres avantages tels que des exonérations fiscales, l’importation de moyens de production en franchise de droits et l’exonération d’impôt sur le revenu des salariés étrangers ne manqueront pas d’attirer les gouvernements.
En revanche, pour la population locale, ces projets ne signifient que très peu d’emplois, tandis qu’ils entraînent un cortège de problèmes sociaux et environnementaux. L’exemple du barrage de Turucuí illustre bien la mise à l’écart de la population. Ainsi, malgré la présence de la centrale électrique, certaines communes environnantes ne sont toujours pas raccordées au réseau électrique. La bauxite extraite ou l’aluminium produit sont majoritairement destinés à l’exportation.
Que puis-je faire ?
- éviter autant que possible d’utiliser du papier aluminium. Lui préférer des boîtes à pique-nique et des Tupperware
- remplacer l’aluminium par barquettes en acier inoxydable pour les soirées barbecue
- opter pour des bouteilles réutilisables au lieu des canettes de boissons.
- ne pas acheter de très petits emballages tels que des pots de confiture, de miel ou de lait condensé miniatures, proscrire également les échantillons qui se présentent souvent dans un emballage revêtu d’aluminium
- acheter moutarde et autre mayonnaise en pot de verre et non en tube. Ils pourront être ensuite utilisés comme récipient une fois vidés
- ne pas utiliser de capsules à café, acheter du café bio, de préférence chez un petit torréfacteur. C’est bon pour la forêt tropicale et pour votre porte-monnaie. Il est également possible d’inciter votre torréfacteur à utiliser des emballages sans aluminium
- faire recycler les produits contenant de l’aluminium dont vous ne pouvez éviter l’utilisation
- installer des fenêtres aux cadres en bois - local bien entendu - au lieu de fenêtres en aluminium lors de la rénovation de votre maison
- utiliser des déodorants sans aluminium, que ce soit dans leur composition ou leur emballage
- demander aux fabricants qui utilisent des emballages en aluminium d’adapter leur production
- soutenir les campagnes de Sauvons la forêt contre la déforestation au profit de la fabrication d’aluminium
- informer votre famille, vos amis et vos connaissances des conséquences de la production d’aluminium sur la forêt tropicale