Covid : le confinement entrave l’aide aux villageois brutalisés au Sarawak
25 févr. 2021
Huile de palme rime souvent avec violence pour les populations indigènes, comme le montre une vidéo sidérante du tabassage d’un jeune villageois dans une plantation en Malaisie que vient de nous envoyer notre partenaire Matek Geram. Les mesures de confinement dues au Covid au Sarawak limitent celui-ci pour venir en aide à la victime.
Coups de pied et de poing à la tête, coups de bâton : la vidéo montre au moins six hommes en train de tabasser un villageois de 22 ans appartenant au peuple Iban. Au début de la scène, sa tête est pressée dans une flaque d’eau. Un des hommes porte un T-shirt « Sécurité ». Deux policiers n’interviennent qu’à moitié. La vidéo de 1:26 minute, qui ne montre pas le début de l’agression, se termine par la fuite de la victime. Selon des médias, le passage à tabac a commencé lorsque le jeune homme a voulu quitter la plantation de palmiers à huile et que plusieurs agents de sécurité l’ont arrêté. La victime était toujours à l’hôpital plusieurs jours après l’attaque.
Notre partenaire malaisien Matek Geram, de l’organisation indigène SADIA, nous a envoyé la vidéo via WhatsApp, ainsi qu’une copie de la plainte déposée auprès de la police le 7 février. Cinq hommes ont depuis été arrêtés et interrogés.
À maintes reprises, Matek est appelé à l’aide par les indigènes lorsqu’ils sont victimes de violences à cause des plantations. Cette fois, sa marge de manœuvre est réduite à cause du confinement. Dans de nombreux pays, militants écologistes et des droits de l’homme déplorent que ces mesures sanitaires liées au Covid entravent leur travail alors que, dans le même temps, les sociétés de sylviculture, d’huile de palme et d’exploitation minière peuvent continuer leurs activités sans entrave. Depuis son logement sur la rivière, Matek a ainsi assisté impuissant au passage de barges remplies de bois abattu illégalement.
La récente agression contre un indigène s’est produite dans la plantation de palmiers à huile de Ladang 3, près de la commune de Miri. Selon les informations accessibles au public, la société d’huile de palme Sarawak Plantation Agriculture Development (SPAD) était autrefois détenue par l’État et cotée à la bourse de Kuala Lumpur. En 2019, elle a déposé une demande de certification par le label malaisien pour l’huile de palme (MSPO). L’entreprise ne l’aurait apparemment pas encore reçu et n’exporterait pas vers l’UE par ailleurs.
Déclaration diffusée par Matek Gerams via WhatsApp
Je suis un militant de base qui s’occupe des problèmes liés aux droits fonciers coutumiers des populations autochtones et je parle au nom des indigènes du Sarawak.
Ce problème nous préoccupe.
Quand je pense à l’incident de dimanche dernier, lorsqu’un jeune homme du peuple Iban a été battu par des voyous de la plantation SPAD, je suis très mécontent du comportement de l’entreprise, d’user des services de gangsters.
Non seulement ils empiètent sur les droits coutumiers des populations autochtones (Native Customary Right - NCR), mais ils ont aussi l’intention délibérée de tuer les personnes qui les entourent et qui ont perdu leurs moyens de subsistance. (…)
En tant que militant impliqué dans l’application des droits fonciers traditionnels, il est très triste de voir la forêt héritée de nos ancêtres détruite par les compagnies d’huile de palme (…)
Matek Anak Geram
Militant pour les droits fonciers