Les images satellites contredisent les promesses d’une "huile de palme durable"
1 mars 2021
La destruction des forêts tropicales pour l’huile de palme est une réalité et ses auteurs restent les mêmes. Telle est la conclusion de l’analyse des images satellites d’Indonésie, de Malaisie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée présentée par l’organisation Chain Reaction Research.
D’abord la bonne nouvelle : en 2020, il semble que moins de forêts tropicales aient été défrichées pour l’huile de palme en Asie du Sud-Est que les années précédentes. La mauvaise nouvelle : selon une analyse basée sur des données satellitaires du think-tank Chain Reaction Research (CRR), ce sont toujours les mêmes compagnies d’huile de palme qui sont responsables de la déforestation.
Selon l’analyse du CRR et son classement 2020 des principaux déboisements pour l’huile de palme en Asie du Sud-Est, les sociétés d’huile de palme ont défriché 38 000 hectares de forêt tropicale en Indonésie, en Malaisie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2020, soit deux fois moins qu’en 2018 (74 000 ha) et 2019 (90 000 ha). Le taux de déforestation est certes plus faible, mais les coupables restent les mêmes.
L’année 2020 a toutefois été marquée par la pandémie de Covid-19, qui a entraîné une diminution mondiale des activités commerciales et une restriction des voyages. On peut légitimement supposer que la baisse du taux de déforestation est davantage due aux mesures prises pour contenir la pandémie qu’à la politique de "sans déforestation" annoncée haut et fort par les multinationales de l’agroalimentaire qui s’approvisionnent en huile de palme dans les plantations des sociétés coupables.
En 2021, nous pourrions de nouveau assister à une augmentation spectaculaire de la déforestation, notamment en Indonésie où sont prévus des projets de grande envergure. Le gouvernement indonésien veut par exemple augmenter massivement la production de biodiesel et développer 15 millions d’hectares de nouvelles plantations pour le marché intérieur, dans les zones de forêt tropicale.
58 % de la destruction de la forêt tropicale en 2020 a eu lieu dans les zones de concession de seulement 10 entreprises.
La première place est occupée par la société du secret homme d’affaires indonésien Sulaidy, qui a défriché, pour ses plantations, près de 2 000 hectares de forêt tropicale dans le seul Kalimantan oriental (Bornéo). L’huile de palme de Sulaidy est traitée dans un moulin externe à l’entreprise avant d’être finalement fournie à de grandes marques qui, elles, annoncent utiliser un produit "sans déforestation". Selon des recherches menées sur le terrain, les sociétés suivantes achètent de l’huile de palme à ce moulin : ADM, Oleon, Avon, Danone, Kellogg’s, Mondelēz, Nestlé, PZ Cussons, Unilever et Upfield.
En deuxième position se trouve Ciliandry Anky Abadi, une société qui appartiendrait à la famille Fangiono, tout comme le groupe First Resources Ltd, même si ce dernier nie tout lien commercial direct. Nous nous opposons à la plantation d’une autre filiale de de First Resources avec la pétition « Stop à la destruction de la forêt des singes nasiques à Bornéo ». Ciliandry Anky Abadi fournit de l’huile de palme aux sociétés Avon, Friesland Campina, Johnson & Johnson, Kellogg’s, L’Oreal, Mondelēz, PZ Cussons et Upfield.
La société Bengalon Jaya Lestari, en troisième place, opère également à Bornéo. Elle est la seule nouvelle dans la liste, toutes les autres entreprises figurant déjà parmi les principaux destructeurs de forêts tropicales pour l’huile de palme en 2018 et 2019.
À la lumière de cette analyse, l’engagement des grandes marques telles qu’Avon, Kellogg’s ou Unilever de ne pas utiliser d’huile de palme issu de la déforestation n’est pas crédible.