Des soins médicaux pour les victimes de la mine de bauxite en Guinée
10 juin 2021
Onze jours après la remise de notre pétition, la Compagnie des bauxites de Guinée a promis de fournir des soins médicaux aux habitants de Hamdallaye. Nous estimons cela très insuffisant. De son côté, l’État allemand ne doit plus se porter garant de prêts qui exacerbent les violations des droits de l’homme.
Des nouvelles du village de New Hamdallaye en Guinée nous sont parvenues : la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG) a fourni des médicaments au modeste centre de santé le 26 mai et, quelques jours plus tard, envoyé deux médecins pour fournir des soins médicaux à ses habitants et à ceux des villages voisins.
L’ancien village de Hamdallaye a été condamné à disparaître à cause de l’exploitation de la bauxite. Ses habitant ont été relogés de force en mai 2020, en pleine pandémie, sans avoir été consultés et sans aucune médiation. Le nouveau village est localisé dans la partie déjà exploitée de la mine, un site totalement impropre à l’agriculture. L’exploitation de la bauxite a entraîné la pollution et l’assèchement d’importantes ressources en eau. Il n’y a pas d’eau potable dans le nouveau village et ce n’est que sous la pression d’ONG que des robinets publics ont été installés.
Le gouvernement allemand encourage l’expansion de la mine de bauxite de Sangaredi en se portant garant d’un prêt de 293 millions de dollars, bien que les risques écologiques et sociaux élevés soient connus. Ce faisant, il accepte sciemment l’accaparement des terres, la destruction de l’environnement et les violations des droits humains en Guinée pour approvisionner l’industrie du pays en matières premières. Environ la moitié de la bauxite que l’Allemagne importe pour la production d’aluminium provient de la mine de Sangaredi, soit 93% de la bauxite provenant de Guinée.
Le 17 mai 2021, les organisations Sauvons la forêt (Rettet den Regenwald e.V.), FIAN et Powershift ont remis la pétition « Ne cautionnez pas les mines de bauxite en Guinée ! » au ministère de l’économie à Berlin. L’action d’assistance médicale ayant eu lieu seulement quelques jours plus tard montre que la CBG est consciente des critiques portant sur les violations des droits de l’homme et de la destruction de l’environnement résultant de son activité.
L’action sanitaire de la Compagnie des bauxites de Guinée, avec la livraison de médicaments, apporte un certain soulagement à la population, mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. D’autres mesures doivent absolument suivre. De meilleurs soins médicaux ne guérissent pas les causes de la misère des habitants et ne sont pas une réparation suffisante pour les déplacements forcés. Il serait d’autant plus répréhensible que l’entreprise ne fasse plus rien. La CBG doit au moins améliorer les conditions de vie désastreuses qu’elle a causées, indemniser les personnes expropriées, offrir des terres agricoles viables et garantir l’accès aux réseaux routiers et d’eau. La renaturation de la mine exploitée est fondamentale.
Nous continuons à demander au gouvernement allemand d’exclure du financement public les entreprises qui violent les droits de l’homme, et d’inscrire cette mesure dans la loi relative aux chaînes d’approvisionnement, actuellement en discussion.