Le Brésil face au génocide du peuple Yanomami

Le président brésilien Lula da Silva rencontre des indigènes Yanomami au centre de santé Boa Vista, dans l’État du Roraima, le 21 janvier 2023 Le président Lula rencontre des indigènes Yanomami au centre de santé Boa Vista, dans l’État du Roraima, le 21 janvier 2023 (© Ricardo Stuckert/PR CC BY-SA 2.0) Site d’orpaillage illégal dans le territoire indigène Munduruku dans l’État du Pará  au Brésil Photo prise lors d’une mission de l’agence environnementale brésilienne IBAMA dans le territoire Munduruku dans l’état du Pará. Les orpailleurs illégaux détruisent la nature et les aires protégées indigènes dans toute l’Amazonie (© Vinícius Mendonça/Ibama/CC BY-SA 2.0)

9 févr. 2023

Des images terribles nous parviennent de la forêt du peuple Yanomami en Amazonie. Des milliers d’orpailleurs clandestins ont envahi, détruit et pollué le territoire officiellement reconnu par l’Etat brésilien. Les autochtones subissent la perte de leur moyens de subsistance et meurent de malnutrition, de maladies importées et d’empoisonnement au mercure.

Les images publiées et les reportages télévisés montrent une catastrophe humanitaire chez les quelque 26 000 Yanomami vivant dans le nord du Brésil : des enfants au ventre gonflé par la faim et les parasites, des personnes n’ayant plus que la peau sur les os,  malades, apathiques et désespérées, qui sont complètement à bout de forces.

« Cela ressemble à un camp de concentration », s’est exprimé Weibe Tapeba, médecin nommé Secrétaire à la santé indigène par le nouveau gouvernement brésilien, dans une interview citée par Reuters. « L’armée brésilienne devrait évacuer les orpailleurs illégaux de la réserve yanomami. »

20 000 hommes armés ont envahi la forêt des Yanomami pour chercher de l’or. Ils ont introduit maladies, comme le Covid, violence, anarchie, prostitution, alcool et drogue. Ils ont construit illégalement des camps, des routes, des pistes d’aviation, des bars et des bordels.

Les orpailleurs ont dévasté la forêt amazonienne et en particulier les cours d’eau, abattu les arbres, abîmer les sols et les rivières avec des excavatrices et des dragues. Les moyens de subsistance des Yanomami n’nont pas seulement été détruits, ils ont été aussi durablement empoisonnés.

En plus de l’or, les mineurs illégaux s’attaquent à d’autres ressources minérales précieuses comme la cassitérite, dont on extrait l’étain, rapportent les médias Reporter Brasil et O Globo. Le métal brillant est principalement utilisé comme soudure, pour la production de fer blanc, telles les boîtes de conserve, ainsi que pour les produits chimiques et les pigments. . Sa valeur dans le commerce international est d’environ 28 000 dollars américains par tonne d’étain.

Ce que l’on ne voit pas sur les photos, c’est le mercure que les orpailleurs utilisent et qui contamine partout les sols, l’eau et les écosystèmes. Les Yanomami, qui boivent, pêchent et cultivent dans des rivières et des sols contaminés, sont empoisonnés.

Le nouveau gouvernement brésilien intervient

Depuis des années, les Yanomami ne cessent d’attirer l’attention sur cette situation catastrophique, mais leurs appels répétés aux autorités brésiliennes et au gouvernement n’ont pas été entendus. Le 20 janvier 2023, le nouveau gouvernement brésilien a décrété l’état d’urgence sanitaire en territoire Yanomami dans la forêt amazonienne.

Des équipes médicales d’urgence, envoyées par le ministère de la Santé, évacuent les Yanomami malades ou souffrant de malnutrition et larguent des paquets de nourriture par hélicoptère. Des excavatrices, des dragues, mais aussi un avion ont été détruits. Une question importante est de savoir où vont maintenant aller les orpailleurs.

Visite de Lula et Sônia Guajajara à Boa Vista

« Des adultes qui pèsent comme des enfants, des enfants qui meurent de malnutrition, de paludisme, de diarrhées et d’autres maladies », déclare Lula. En compagnie de la ministre des peuples indigènes, Sônia Guajajara, le président brésilien a fait une visite au centre hospitalier provisoire de Boa Vista, dans l’état de Roraima, au nord de l’Amazonie.

« Plus qu’une crise humanitaire, ce que j’ai vu à Roraima est un génocide. Un crime prémédité contre les Yanomami, commis par un gouvernement insensible à la souffrance », poursuit le président Lula da Silva, en référence à son prédécesseur Jair Bolsonaro. 570 enfants yanomami seraient morts au cours du mandat de ce celui-ci.

Bolsonaro a encouragé l’orpaillage illégal

Sous les présidences précédentes, de Jair Bolsonaro et avant lui de Michel Temer, les appels à l’aide des Yanomami ou les ordres du Tribunal fédéral suprême n’ont pas seulement été ignorés : les fonds et les ressources prévus pour les autochtones ont été détournés, les finances et le personnel de l’autorité indigène FUNAI et de l’autorité environnementale IBAMA ont été supprimés.

Bolsonaro disait que le Brésil a trop de terres pour trop peu d’indigènes. Et dans ces forêts tropicales, beaucoup de bois et de ressources minières à exploiter. Il voulait y légaliser l’orpaillage illégal (en portugais "Garimpo") et avait ouvertement appelé à occuper et à piller les territoires autochtones reconnus et protégés par l’Etat. Aujourd’hui, le Tribunal fédéral suprême du Brésil a ordonné l’ouverture d’une enquête sur Bolsonaro et son gouvernement pour génocide et autres crimes contre les Yanomami.

Projet chez les Tukano

Sauvons la forêt soutient le peuple Tukano, qui vit à l’ouest du territoire Yanomami. Les conditions d’approvisionnement de la réserve indigène de Balaio sur le Rio Negro, dans l’État brésilien d’Amazonas, sont mauvaises. Le projet de préservation de la pharmacopée amazonienne a du être modifié à la demande pressante des Tukano, avec comme conséquence la transformation des cultures de plantes médicinales en cultures alimentaires. Dans les régions reculées, la première préoccupation des communautés est de se nourrir.


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