Equateur : l’exploitation pétrolière dans le parc national Yasuní stoppée par référendum
28 août 2023
La fin de l’exploitation pétrolière dans le parc national Yasuní est une victoire historique pour les peuples autochtones et les organisations de défense de l’environnement et des droits humains d’Équateur. Sauvons la forêt a participé en sensibilisant la population et en collectant des fonds pour la campagne "OUI à Yasuní".
Pendant plus de dix ans, une alliance d’organisations autochtones, environnementales et de défense des droits de l’homme en Équateur a lutté pour obtenir l’organisation d’un référendum qui permettrait à la population de se prononcer sur le possible arrêt de l’exploitation pétrolière dans la forêt tropicale du parc national Yasuní. Par le passé, le gouvernement et les institutions du pays avaient toujours empêché une telle consultation publique par diverses manœuvres illégales.
La tenue du référendum aura nécessité une action en justice de l’initiative Yasuní auprès de toutes les instances, jusqu’à la Cour constitutionnelle. À partir du mois d’avril 2023, des volontaires ont parcouru le pays pour informer la population sur les enjeux du référendum, notamment les conséquences désastreuses de l’industrie pétrolière. Leur mobilisation a été couronnée de succès : avec 59% des votes pour l’arrêt de l’exploitation pétrolière dans le parc Yasuní, le OUI l’a clairement emporté.
La population a également voté le même jour pour la protection des personnes et de la nature dans un autre référendum sur l’exploitation minière à Quito, avec 68% des suffrages en faveur du rejet des projets miniers dans les Andes.
Les territoires indigènes possèdent la plus grande biodiversité de la planète
Yasuní abrite des peuples indigènes comme les Waorani, dont des groupes vivant dans un isolement volontaire. Ses forêts tropicales font partie des zones du monde qui possédent la plus importante diversité biologique. 1104 différentes espèces d’arbres ont été recensés sur 25 hectares (0,25 km²). Il existe même un hectare (0,01 km²) qui compte 644 espèces d’arbres, soit bien plus que dans toute l’Europe !
Le référendum et son résultat sont un modèle pour le monde entier. Pour la première fois, la population d’un pays a pu décider directement dans les urnes de l’avenir de l’exploitation pétrolière sur son sol. Le gouvernement équatorien et la compagnie nationale Petroecuador doivent maintenant arrêter l’extraction de pétrole à Yasuní et démanteler toutes les installations d’extraction, les oléoducs et les infrastructures dans un délai d’un an.
Les politiques du côté de l’industrie des combustibles fossiles
Peu de temps avant le référendum, le président équatorien Guillermo Lasso et l’industrie pétrolière ont tenté de mobiliser l’opinion publique contre l’initiative Yasuní. M. Lasso a notamment affirmé que l’éducation, les soins de santé et d’autres services publics devraient être réduits de manière drastique sans les revenus pétroliers de Yasuní.
La majorité de la population équatorienne ne s’est pas laissée influencer par ces menaces. En imposant le référendum et en soutenant largement la fin de l’industrie pétrolière dans le parc national Yasuní, elle a envoyé un signal bien au-delà des frontières du pays sud-américain : notre consommation d’énergies fossiles, en particulier dans les pays du Nord, détruit les moyens de subsistance des gens, la nature et le climat mondial, et il faut y mettre fin rapidement.
Le OUI de la population à la protection du parc national Yasuní constitue également un désaveu clair pour le président brésilien Lula da Silva. Lors du sommet sur l’Amazonie organisé par le Brésil dans la ville de Belém au début du mois d’août, le veto de Lula avait empêché une déclaration commune des huit pays riverains de l’Amazonie, qui s’étaient prononcés contre de nouveaux projets pétroliers dans la forêt tropicale.
Participation de Sauvons la forêt
Notre association a soutenu financièrement l’initiative Yasuní à hauteur de 40 000 euros. Les dons ont servi à fabriquer du matériel d’information pour le travail de communication et le référendum, à organiser des événements, à prendre en charge des frais de déplacement et des repas pour les bénévoles. Sauvons la forêt a collecté la moitié des fonds par le biais du crowdfunding, en collaboration avec d’autres organisations européennes.