Nouvelle coupe rase dans la forêt des orangs-outans, pour du papier !

Un orang-outan se touche la tête et regarde au loin, l’air pensif La production de papier provoque la destruction de sa forêt… (© flickr/CIFOR (CC BY-NC-ND 2.0)) Les indigènes Dayak posent au milieu de la forêt coupée à blanc ... et le vol des terres des indigènes Dayak sur le mont Sabar Bubu (© AMAN Kalbar)

20 mars 2024

Une entreprise de plantation détruit la forêt tropicale et les tourbières où vit une importante population d’orangs-outans à Bornéo. Elle vole les terres des indigènes pour ses monocultures d’eucalyptus et d’acacias destinés à la fabrication de papier. Il reste encore beaucoup de forêt à sauver.

L’orang-outan est menacé d’extinction. Pourtant, une entreprise détruit à grande échelle et extrêmement rapidement son habitat à Bornéo : des forêts, dont des tourbières, encore intactes.

L’entreprise PT Mayawana Persada enfreint les lois environnementales avec la destruction de la forêt des orangs-outans, l’assèchement des tourbières et l’extension des plantations d’arbres jusqu’à la rivière. Elle ignore et méprise les droits des indigènes avec le vol des terres de nombreuses communautés Dayak comme, par exemple, la forêt de Benua Kualan Hilir sur le mont Sabar Bubu.

Les organisations environnementales du Kalimantan occidental ont enquêté sur place. Leur rapport sur les différentes violations de PT Mayawana Persada est à la disposition des autorités depuis plusieurs semaines. Lors d’un entretien avec le département provincial de l’environnement fin février 2024, la coalition a exigé des sanctions sévères contre l’entreprise.

« 14 505 hectares de tourbières ont été défrichés et drainés par l’entreprise PT Mayawana Persada au cours de la seule année 2023 », déclare Hendrikus Adam, directeur de l’organisation WALHI West-Kalimantan. « Cela signifie que l’entreprise a émis 797 775 tonnes de CO2. Un chiffre gigantesque qui réduit à néant les efforts déployés pour endiguer la crise climatique. »

L’entreprise établit des plantations d’arbres, sur les surfaces défrichées, afin de fournir en matières premières l’industrie du papier et de la cellulose. Selon la nouvelle étude "Deforestation Anonymous" réalisée par des organisations indonésiennes et internationales, PT Mayawana Persada a déjà détruit 33 000 hectares de forêt tropicale depuis 2021.

La bonne nouvelle : 55 000 hectares des forêts de la concession de PT Mayawana Persada sont encore intacts et abritent des orangs-outans ainsi que d’autres espèces menacées comme le gibbon (Hylobates albibarbis), le calao à casque rond (Rhinoplax vigil) ou l’ours des cocotiers (Helarctos malayanus). Ces forêts tropicales peuvent et doivent être sauvées. Le cas de la société PT Mayawana Persada sert ainsi de test pour savoir s’il est possible de maîtriser la déforestation en Indonésie, et avec quels moyens. Sauvons la forêt soutient la campagne des ONG et, si l’entreprise ne cède pas, lancera une pétition.

Le problème : les noms des dirigeants de l’entreprise ne sont pas connus. PT Mayawana Persada est détenue par toute une série de sociétés ayant leur siège aux îles Vierges et aux Samoa, où elles ne sont pas tenues de divulguer l’identité de leurs actionnaires. Mais les adresses de bureau communes ainsi que les noms des directeurs indiquent une possible relation avec la holding Royal Golden Eagle (RGE).

RGE produit, dans le monde entier, de la cellulose, du papier, des emballages, des mouchoirs, de la viscose et aussi de l’huile de palme. Depuis 2015, RGE s’est engagée pour une chaîne d’approvisionnement sans déforestation (zero deforestation). En d’autres termes, ses fournisseurs doivent également prouver qu’ils ne détruisent pas de forêt tropicale et ne nuisent pas aux communautés locales.

Au moment où vous lisez cet article, PT Mayawana Persada continue ses coupes rases, et ce malgré les protestations, les actions sur place et les nombreux articles dans la presse.

Nos revendications

Sauvons la forêt demande, aux côtés des organisations indonésiennes et internationales :

  • l’arrêt de la déforestation et du drainage des tourbières,
  • la transparence sur les possibles liens entre Royal Golden Eagle (RGE) et PT Mayawana Persada,
  • le gel des relations avec RGE aux partenaires commerciaux et investisseurs,
  • le non-renouvellement des certificats FSC pour Royal Golden Eagle.

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