Non à l'accord de libre-échange entre l’Indonésie et l’UE !

Affiche avec le slogan "STOP the Indonesian-EU trade deal!
" © ETJC

18 févr. 2025

123 groupes d'Indonésie et de l'Union européenne, dont Sauvons la forêt, demandent l'abandon de l'accord de partenariat économique CEPA. La sécurisation de l’approvisionnement en matières premières critiques de l’UE représente une menace pour la nature et les droits humains en Indonésie.

"Énergie et matières premières"

Depuis 2016, l’Union européenne négocie un accord de libre-échange (CEPA ou APEG) avec l’Indonésie. Le chapitre "Énergie et matières premières" présente l’objectif de l’UE : s’assurer un approvisionnement sans entraves en matières premières critiques pour mettre en œuvre sa transition énergétique.

Selon les organisations signataires de la déclaration commune (voir plus bas), les impacts sociaux et environnementaux de l’extraction des matières premières pour la transition énergétique ne sont pas traités de manière efficace dans ce chapitre, qui ne mentionne pas de conséquences juridiques ou de mécanismes d’application contraignants pour les atténuer.

Sauvons la forêt estime que, sans de telles dispositifs, la destruction des forêts tropicales, des écosystèmes marins, de la biodiversité et des cultures locales ne pourra être évitée.

Conséquences sociales et environnementales de l’exploitation des ressources naturelles

Les 123 groupes mettent en garde contre les conséquences négatives du CEPA, qui seraient la dégradation des droits humains, les menaces pour l’environnement et l’affaiblissement de la souveraineté de l’État.

Dans leur déclaration, ils avancent que l’Indonésie fournit plus d’un quart de l’approvisionnement mondial en minerais. Le pays est le premier producteur mondial de nickel, , mais il extrait également d’importantes quantités de charbon, de cuivre, de cobalt, d’étain, d’or et de bauxite.

Les dommages causés par l’exploitation des minerais et la production de nickel, pour la fabrication d’acier et de batteries automobiles, sont immenses sur l’île des Célèbes et dans le nord des Moluques : pollution des mers et des rivières, diminution des stocks de poissons, infections cutanées chez les enfants et menaces sur les moyens de subsistance des populations locales et des communautés autochtones.

Aux Célèbes, l’industrie du nickel provoque la destruction à grande échelle de la forêt tropicale, avec sa faune et sa flore uniques, et l’anéantissement des moyens de subsistance des populations autochtones et paysannes. Les catastrophes environnementales, telles que les inondations et les glissements de terrain, font déjà partie du quotidien. Les gens s’appauvrissent, tombent malades, sont expulsés par la force ou criminalisés. Sauvons la forêt ne cesse d’alerter sur ce sujet.

Sur l’archipel des Raja Ampat, à l’ouest de la Papouasie, l’exploitation du nickel  menace le récif corallien possédant la plus riche biodiversité de la planète et pourrait aggraver le conflit papou.

Rapport de force politico-économique

Notre déclaration commune critique également le risque de privatisation des biens publics et d’entrave au développement industriel de l’Indonésie. Le CEPA permettrait à l’UE d’accéder librement aux ressources de l’Indonésie et de mieux protéger les entreprises internationales, mais il interdirait à l’État indonésien d’intervenir et de réguler ce marché.

L’accord pourrait, au contraire, conduire à davantage de répression et de réglementation au niveau national. De nouvelles lois dans l’intérêt du libre-échange et de l’investissement (comme la loi Omnibus sur la création d’emplois) rendent difficile, pour la population, de résister à la destruction de l’environnement, aux expulsions et à la violence.

Les groupes constatent que la libéralisation des marchés accélère en réalité la course à la destruction. Alors que l’UE négocie des règles commerciales avec l’Indonésie, la Chine a investi des dizaines de milliards dans l’extraction et le raffinage du nickel en Indonésie. Les producteurs chinois ont ainsi assuré leur approvisionnement en nickel pour la transition énergétique de leur pays. Actuellement, 80 à 82 % de la production indonésienne de nickel destiné aux batteries devrait être assurée cette année par des producteurs majoritairement chinois. L’accord CEPA accélérerait encore l’exploitation des matières premières, avec ses graves conséquences sociales, environnementales et en termes de pouvoir politique !

Nous exigeons l’abandon des négociations autour de l’accord de partenariat économique CEPA, car il représente une menace pour l’environnement, le climat et les droits humains. 

Déclaration commune dans son intégralité (en anglais) : Civil Society Statement on raw materials EU-Indonesia CEPA

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