Brésil : Véto contre l'amnistie des défricheurs
25 mai 2012
La présidente du Brésil a fini par céder à la pression des citoyens de son pays et du monde entier : Dilma Roussef a mis son véto sur certains articles du nouveau code forestier dont l'amnistie prévue pour les défricheurs illégaux.
Le Brésil doit rectifier son projet de nouveau code forestier (Código Florestal) par décret de sa présidente. Au total, 12 articles sont rejetés et 34 autres modifiés. Avec ce véto partiel, Dilma Roussef tente de ne pas perdre la face devant la société civile. La majorité des citoyens brésiliens sont pour le renforcement de la protection des forêts tropicales. Par ailleurs, le Brésil accueillera les dirigeants du monde entier à la mi-juin lors du Sommet de la Terre Rio+20.
Ces derniers mois ont connu une grande vague de protestation. Des militants écologistes ont remis ce jeudi 2 millions de signatures recueillies partout dans le monde contre cette loi sur mesure pour les défricheurs. Si elle entrait en vigueur en l'état, cette nouvelle loi menacerait jusqu'à 76 millions d'hectares de forêt. Les parlementaires brésiliens sont aussi profondément divisés sur cette initiative, en témoigne les plusieurs votes nécessaires et les reports successifs des débats.
Malgré les restrictions imposées par la présidente Roussef, le nouveau code forestier, même modifié, constitue dans les faits un assouplissement de la protection de la nature, une avancée pour le lobby agro-industriel. D'un côté Dilma Roussef refuse l'amnistie des défricheurs illégaux ayant sévis par le passé, d'un autre elle améliore la condition des défricheurs actuels et futurs qui pourront dorénavant détruire plus facilement et en toute légalité les forêts pluviales pour l'élevage intensif de bétail, les plantations géantes de soja, de canne à sucre et d'huile de palme.
Les manœuvres pour la protection des forêts tropicales vont se poursuivre, le véto partiel pouvant être annulé si les deux chambres du parlement s'y opposent conjointement.
Sauvons la forêt exhorte la présidente Roussef à rejeter intégralement le nouveau code forestier. Depuis fin 2011, notre association n'a cessé de protester contre cette nouvelle loi. Nous avons remis les 21.000 signatures de notre pétition aux autorités brésiliennes en décembre dernier, lorsque la loi était débattue au parlement. En mars, lors de sa visite au salon pour les technologies de l'information CeBit à Hanovre (Allemagne), nous avons de nouveau manifesté à madame Roussef notre opposition au nouveau code forestier.