La sortie de l’huile de palme à petits pas
20 mars 2019
Le biocarburant à base d'huile de palme est tout sauf écologique. Chaque année, environ quatre millions de tonnes de l’huile tropicale sont utilisées pour produire du biodiesel. La Commission européenne a présenté une loi visant à réduire l’incorporation de l’huile de palme et à y mettre un terme d’ici 2030.
Le 13 mars 2019, la Commission européenne a présenté un texte de loi attendu depuis longtemps, qui classe l’incorporation d’huile de palme dans le diesel comme NON durable. La directive sur les énergies renouvelables (RED) de l’UE ne doit plus encourager l’utilisation de l’huile de palme dans le domaine des transports.
La culture du palmier à huile conduit à la destruction de la forêt tropicale et de la biodiversité notamment en Asie du Sud-Est, mais aussi en Afrique et en Amérique latine. D’énormes quantités de carbone sont ainsi libérées, ce qui démontre l’absurdité de la politique climatique de l’UE. Par ailleurs, l’industrie de l’huile de palme perpétue de graves violations des droits de l’homme en expulsant les habitants de leurs terres.
Après la décision de la Commission européenne, l'utilisation de l’huile de palme dans le biodiesel sera progressivement réduite à partir de 2023 et supprimée d’ici 2030. Pour Sauvons la forêt, ce calendrier est bien trop lent et incomplet.
« C’est un pas dans la bonne direction, mais la suppression de l’huile de palme dans le biodiesel est beaucoup trop lente », explique l’association. « Pendant encore 12 ans, des forêts tropicales à la riche diversité biologique seront détruites et converties en ces déserts verts que sont les monocultures de palmier à huile ».
Avec près de 7 millions de tonnes par an, l’UE est le deuxième plus grand importateur d’huile de palme au monde. Plus de la moitié de cette huile est destinée à la production de biodiesel et de carburant hydrogéné (HVO).
« L’UE et ses États membres ne doivent pas fuir leurs responsabilités. Il est également urgent de bannir l’huile de soja des carburants, un aspect qui n’a pas été abordé dans cette loi par la Commission européenne », rappelle Sauvons la forêt. En Amérique du Sud, la culture de soja est l’un des principaux responsables de la destruction des forêts tropicales et de la savane du Cerrado.
La balle est maintenant dans le camp des États membres, qui peuvent bannir l’incorporation d’huile de palme et de soja dans les biocarburants bien avant cette date. L’Allemagne devrait suivre l’exemple de la France. En décembre 2018, l’Assemblée nationale française a décidé de supprimer l’avantage fiscal dont bénéficie l’huile de palme en tant que biocarburant à partir de 2020.
Des organisations de protection de la nature et de défense des droits humains du monde entier en formulaient depuis longtemps la demande. En février, 70.000 avis ont été déposés sur le site de l’UE dans le cadre d’une consultation publique portant sur ce projet de texte de loi.
Les États membres de l’UE et le Parlement européen ont deux mois pour adopter ou rejeter l’acte juridique.