Sumatra et Bornéo brûlent de nouveau
25 sept. 2019
État d’urgence en Indonésie : les incendies ont repris à Sumatra et Bornéo pour l’établissement de nouvelles plantations de palmiers à huile et d’acacias, aux dépens de la forêt tropicale et de ses habitants.
État d’urgence en Indonésie : forêts, tourbières et plantations brûlent à Sumatra et Bornéo. « À Jambi, le ciel est rouge profond et il fait sombre dès l’après-midi. Nous faisons de notre mieux pour éteindre les incendies », nous explique Feri Irawan de l’association écologiste Perkumpulan Hijau au téléphone. Les incendies s’étendent maintenant aux champs et aux villages.
« Cette année, nous avons perdu au moins 20 000 hectares à Jambi, dont près de la moitié pour des plantations de palmiers à huile et d’acacias installées sur d’anciennes tourbières. » Les incendies se répandent à une vitesse fulgurante. Selon Feri Irawan, les incendies progressent à une vitesse de 300 m par heure, ce qui ne fait que compliquer leur extinction pour les volontaires qui ne portent pas de masque de protection et ne sont pas correctement équipés.
Les feux et les nuages de fumée sont aussi graves qu’en 2015. 2,7 millions d’hectares avaient alors été brûlés. À l’époque, nous exigions déjà de fermer les entreprises incendiaires. Leurs noms sont connus et les preuves existent mais le système juridique est défaillant et seule l’une des centaines d’entreprises soupçonnées d’incendie volontaire a été condamnée.
« La principale cause est que les nouvelles plantations sont généralement établies sur des tourbières. Les entreprises ont construit des canaux de drainage qui ont totalement asséché le sol. » Après un incendie, les braises restent longtemps incandescentes en profondeur. Il suffit d’un souffle de vent pour les raviver et enflammer de nouvelles surfaces. Les forêts qui avaient été éteintes par la protection civile en août sont à nouveau en feu.
« Des anciennes plantations brûlent également ! Elles ne sont plus productives et l’incendie est la méthode la plus économique pour se débarrasser des palmiers. »
La concentration des particules dans l’air a atteint des valeurs alarmantes. Il est impossible de savoir combien de personnes souffrent d’affections pulmonaires. Selon des sources officielles, ceci concerne plus de 30.000 personnes rien que dans le sud de Sumatra et, selon l’Environmental Paper Network, 300.000 personnes dans la province de Riau où siègent les grands fabricants de papier et de cellulose. Des bébés et des enfants en bas âge sont morts. Les écoles et les aéroports sont fermés, la vie quotidienne est très limitée.
À Bornéo, la situation est la même : sous un ciel sombre, des personnes portant des foulards autour de la bouche et du nez se hâtent vers l’hôpital. « Cela fait des semaines que mes enfants sont obligés de rester dans leur chambre », rapporte Udin de Save Our Borneo. « Nous autres adultes aidons à éteindre les incendies. »
Les activistes appellent les présidents à agir enfin contre les incendies et leurs responsables. L’incendie volontaire pourrait être pratiqué à de nombreux points chauds car presque tous les foyers d’incendie se trouvent à l’intérieur de concessions de plantations. Sur les images satellite, certaines zones de Bornéo sont entièrement rouges et les points chauds se succèdent.
L’épaisse fumée s’étend jusqu’aux pays voisins, Singapour et la Malaisie, et disperse le dioxyde de carbone et les particules fines dans l’atmosphère. Notre planète souffre des incendies de forêts en Indonésie. Comme les incendies touchent également l’Amazonie et le bassin du Congo, les émissions générées par la déforestation et les incendies de forêt en 2019 représentent près d’un tiers des émissions globales.
Après une année 2015 traumatisante, le gouvernement indonésien avait pris des mesures, créé une autorité responsable des tourbières et décrété un moratoire sur le déboisement des forêts tropicales et les nouvelles plantations sur des tourbières. Tout ceci est resté sans effet car chaque année les incendies se répètent.
Malgré le moratoire et l’autorité responsables des tourbières, de nouvelles plantations ont à nouveau été installées dans des zones de forêt tropicale en 2019. Rappelons-nous seulement des coupes à blanc opérées dans la forêt de Kinipan à Bornéo. Avec Save Our Borneo, nous avons lancé cet appel : Aidez les Dayak à sauver la forêt de Kinipan.
Kinipan est un cas parmi tant d’autres où la production de biodiesel à partir d’huile de palme et de papier détruit des milieux naturels entiers. C’est notre consommation qui entraîne cette situation dramatique. Toujours plus d’huile de palme, toujours plus de papier, toujours plus de charbon, toujours plus de métaux - notre avidité encourage les incendiaires et les spéculateurs. Une seule réponse est efficace : freiner la demande.