Bornéo prise dans les griffes de l’industrie de l’huile de palme
26 nov. 2019
Les groupes Sinar Mas, Astra et Wilmar contrôlent de vastes territoires sur l’île de Bornéo. Ils sont responsables de déforestation, de pollution environnementale et de feux de forêt. Les tribunaux les condamnent tout au plus à des amendes.
Des dirigeants d’entreprises d’huile de palme et des politiciens de Bornéo accusés de corruption doivent répondre de leurs actes devant le tribunal. La pollution du lac de Sembuluh dans le Kalimantan central aurait été dissimulée grâce à un pot-de-vin de 15 000 euros.
Le lac de Sembuluh est le plus grand lac de la province du Kalimantan central sur l’île de Bornéo. Il est situé au milieu d’immenses cultures d’huile de palme. Les habitants des villages environnants ont de tout temps vécu de la pêche. Mais le lac est gravement pollué depuis que les plantations de palmier à huile y déversent leurs eaux usées.
Notre organisation partenaire Save Our Borneo a contribué à ce que de hauts dirigeants de Sinar Mas et d’autres groupes répondent de leurs actes devant le tribunal. Selon l’accusation, ils ont soudoyé quatre parlementaires afin qu’ils ne donnent pas suite à la plainte déposée au sujet de la pollution du lac. Nous avions déjà publié un article sur les premiers résultats de l’enquête (Huile de palme : le groupe Sinar Mas accusé de corruption).
Un tiers de la province est désormais tombée dans les griffes de l’industrie de l’huile de palme, estime Save Our Borneo. Lors du procès, le responsable de l’Office de l’environnement a affirmé que « la province était contrôlée par des groupes actifs à l’échelle mondiale ». Il s’agit de Sinar Mas, d’Astra et de Wilmar.
Au cours de la saison des feux de 2019, qui vient juste de se terminer, près d’un million d’hectares de forêt et de sols tourbeux sont partis dans les flammes. La plupart des feux étaient localisés dans et près des plantations de palmier à huile. On peut se demander si les entreprises seront tenues pour responsables de leurs actes. Les moulins de la justice tournent très lentement. Après la terrible saison de 2015, seuls quelques incendiaires ont été condamnés à verser des dommages et intérêts. « Mais aucune entreprise ne s’est vu retirer son autorisation », s’indigne Safrudin Mahendra de Save Our Borneo.
« Il ne sert à rien de condamner l’un ou l’autre des dirigeants », explique Safrudin Mahendra. « La situation ne s’améliorera que lorsque les entreprises perdront leur permis et que les tourbières seront renaturées. »
Cette année, les autorités ont provisoirement fermé 80 plantations, dont 9 dans le Kalimantan central, pour soupçon d’incendie criminel ou omissions d’opérations d’extinction. Toutefois, seules deux personnes ont été incriminées.
« Les efforts du système juridique sont louables », explique Safrudin Mahendra. « Mais si les entreprises ne sont pas fermées une bonne fois pour toutes, nous ferons de nouveau l’expérience des feux de forêt et de la pollution environnementale l’année prochaine. »