Vague d’arrestations d’opposants à l’huile de palme à Bornéo
27 août 2020
Effendi Buhing, un chef traditionnel du peuple Dayak Tomun, a été arrêté par la police le 26 août 2020 à Bornéo. Au total, six Autochtones qui résistent à l’accaparement de leurs terres et aux déboisements dans la forêt de Kinipan ont été interpelés au cours des derniers jours.
« Nous nous défendons contre l’huile de palme » déclarait le chef traditionnel Effendi Buhing dans le cadre des recherches pour notre pétition pour aider les Dayak. « La forêt de Kinipan est notre vie. Nous nous sommes plaints par écrit, avons emprunté la voie judiciaire et manifesté pacifiquement. Malgré tout, un producteur d’huile de palme détruit notre forêt. »
Un villageois a filmé l’arrestation brutale avec son téléphone : une dizaine de policiers, dont certains lourdement armés, emmènent de force Effendi Buhing dans une voiture, apparemment sans mandat. Les villageois crient et pleurent. Ils essaient de le protéger, mais en vain. Il est à craindre que les autorités du district et la société cherchent à briser la résistance des Autochtones avec l’arrestation du chef traditionnel.
Le village de Kinipan, situé dans les montagnes de Bornéo, était l’un des derniers dont les forêts sont encore intactes. Mais le producteur d’huile de palme PT Sawit Mandiri Lestari (SML) en a déjà détruit une partie pour installer des plantations. Les indigènes Dayak Tomun veulent empêcher la poursuite des déboisements. Ils luttent pacifiquement pour leur forêt en manifestant et en érigeant des barricades. L’entreprise avait temporairement arrêté les abattages l’année dernière, avant de reprendre son œuvre destructrice cette année. En réaction, les habitants de Kinipan bloquent, depuis le mois de juin, le passage des bulldozers.
Depuis lors, la terreur contre la population s’est intensifiée. Les habitants sont menacés et montés les uns contre les autres, avec intimidations, mensonges et tentatives de corruption. Leur forêt et leurs cultures sont détruites, le chef du village est incarcéré. Quelques jours avant l’arrestation d’Effendi Buhing, cinq autres Autochtones avaient déjà été interpelés.
« La criminalisation des groupes indigènes qui luttent pour leurs droits et la préservation de la forêt et de leur vie doit cesser » réagissent les groupes indonésiens de défense des droits de l’homme. Ils demandent le retrait du permis de SML ainsi que la libération d’Effendi Buhing et des cinq autres Dayak Tomun. »
Les dernières forêts de montagne de Bornéo sont en danger si la forêt de Kinipan n’est pas sauvée.
Vidéo sur la résistance des Autochtones de Kinipan contre l’huile de palme.