Détruire les forêts tropicales pour protéger le climat est absurde

FOTOMONTAGE - Diagramme consommation d'huile de palme dans l'UE en 2017 et plantation en arrière plan Les forêts tropicales disparaissent à cause de la politique énergétique européenne (© HacKLeR/shutterstock.com / Collage Sauvons la forêt)
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Selon les derniers chiffres, 51% de l’huile de palme importée dans l’UE est utilisée pour la production de biocarburants. Les ministres européens négocient la politique énergétique de l’UE et donc du sort des orangs-outans.

Mises à jour Appel

À la Commission européenne, au Parlement européen, au Conseil des ministres de l’UE et aux gouvernements des 28 États membres

“Les biocarburants sont une aberration énergétique et alimentaire. N’attendez plus pour sortir de cette impasse !”

Afficher la lettre de pétition

22 milliards de litres de biocarburants ont brûlé dans les véhicules de l’UE en 2016. La Commission européenne persiste à continuer dans cette voix, même au ralenti : le taux d’incorporation de biocarburants s’élèvera encore à 3,8% en 2030. Pourtant, ces denrées alimentaires (maïs, blé, huile de palme et de colza, etc.) transformées en carburant pourraient nourrir des millions de personnes.

Les monocultures destinées à la production d’éthanol et au biodiesel détruisent par ailleurs les forêts tropicales et leur biodiversité. D’énormes quantités de carbone s’échappent ainsi dans l’atmosphère.

Même les études réalisées à la demande de l’UE parviennent à cette conclusion. Le biodiesel à base d’huile de palme génère trois fois plus d’émissions nocives pour le climat que le diesel pétrolier. Le biodiesel à base de colza et de soja a également un bilan climatique négatif.

Les surfaces cultivées couvrent 8,8 millions d’hectares, dont deux tiers en dehors de l’UE. Selon l’étude européenne, des plantations de palmiers à huile destinées au biodiesel européen s’étendent sur 2,1 millions d’hectares en Asie du Sud-Est.

Orangs-outans, tigres et rhinocéros y perdent leur habitat. Des éléphants, qui s’aventurent dans les palmeraies pour se nourrir, se font même empoisonner. À Bornéo, la population d’orangs-outans a chuté de 100 000 individus au cours des dix dernières années.

Diagramme de la consommation d’huile de palme dans l’Union européenne (UE) en 2017

En 2017, le Parlement européen a voté massivement pour la fin de l’importation d’huile de palme et des biocarburants issu d’huiles végétales menaçant la forêt tropicale. Et invité la Commission européenne à interdire l’utilisation d’huile de palme pour les biocarburants d’ici 2020.

Les négociations actuelles offrent une chance de changer enfin de politique bioénergétique au sein de l’UE. Merci de signer notre pétition.

Contexte

Chiffres relatifs à la production et à la consommation de biodiesel (FAME) et de diesel HVH (huile végétale hydrotraitée), tel que l’éthanol, dans le secteur des transports au sein de l’UE

1. Biodiesel (FAME) et diesel HVH dans l’UE en milliards de litres en 2016
Production 14,7
 

dont diesel HVH 2,4 


Consommation 14,9

Matières premières destinées au biodiesel (FAME) et au diesel HVH en millions de tonnes en 2016
 

Huile de colza 6,1
 

Huile de palme 2,4
 

Déchets de graisses (huiles de cuisson usagées) 2,4
 

Graisses animales 1,1
Huile de soja 0,6
 

Autres huiles (résine liquide, acides gras) 0,4
 

Huile de tournesol 0,01
 

Autres huiles végétales 0,3

2. Éthanol dans l’UE en milliards de litres en 2016
 

Production 6,0
 

Consommation 6,8

Matières premières destinées à l’éthanol en millions de tonnes en 2016
 

Betterave sucrière 8,8
 

Maïs 5,4
 

Blé 4,0 


Triticale (céréale hybride provenant du croisement du blé avec le seigle) 0,7
 

Seigle 0,6
 

Orge 0,5
Cellulose (bois, etc.) 0,2

Source : USDA, 6-2017: EU Biofuels Annual 2017 

 

Sources et informations supplémentaires

Lettre

À la Commission européenne, au Parlement européen, au Conseil des ministres de l’UE et aux gouvernements des 28 États membres

Madame, Monsieur,

Les pays de l’UE consomment près de 22 milliards de litres de biocarburant dans le secteur du transport. Au vu des millions de personnes qui souffrent de faim ou de malnutrition, la transformation de denrées alimentaires (huiles végétales, maïs et blé) en biocarburant demeure extrêmement discutable.

Les importantes superficies nécessaires aux monocultures énergétiques altèrent la biodiversité et détruisent des écosystèmes uniques tels que les forêts tropicales.

Les importations d’huile de palme sont particulièrement graves. Les plantations industrielles de palmiers à huile s’étendent dans le monde entier au détriment des forêts tropicales. Elles détruisent la biodiversité et chassent les habitants de leur terre.

Les études scientifiques mandatées par la Commission européenne arrivent aussi à la conclusion que le biodiesel à base d’huile de palme génère trois fois plus d’émissions nocives pour le climat que le diesel fossile. Le biocarburant issu d’huile de soja et de colza présente également un mauvais bilan climatique.

Défenseurs de l’environnement, militants des droits de l’homme, scientifiques, experts en développement, organisations internationales telles que les Nations Unies (ONU) et l’OCDE, ainsi que des milliers de citoyens du monde entier demandent à l’UE de mettre fin à sa politique néfaste en matière de biocarburant.

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de notre considération et de notre vigilance citoyenne.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

Plus d’informations

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