URGENT ! Assassinat de l’activiste Joël Imbangola
L’activiste Joël Imbangola vient d’être brutalement assassiné dimanche en RDC. Son organisation RIAO-RDC, qui subit des intimidations depuis des mois, accuse un garde de sécurité de la société canadienne d’huile de palme Feronia. Elle demande une enquête et que justice soit faite. Merci de signer et de diffuser sa pétition au plus vite.
Mises à jour AppelAu président de la République démocratique du Congo
“Nous demandons l’ouverture d’une enquête et que justice soit faite suite à l'assassinat de Joël Imbangola Lunea. Stop aux intimidations à l'encontre de RIAO-RDC”
L’organisation congolaise de défense de l’environnement et des droits de l’homme RIAO-RDC lance un appel à la communauté internationale. Elle affirme qu’un de ses membres, M. Joël Imbangola Lunea, a été brutalement roué de coups et tué par un garde de sécurité de la société d’huile de palme Feronia-PHC en République démocratique du Congo (RDC).
Cet assassinat ferait suite à des mois d’intimidations à l’encontre de membres du RIAO-RDC. L’organisation soutient la lutte des communautés contre l’occupation illégale de leurs terres par Feronia et a assisté à une escalade croissante des conflits entre le personnel de sécurité dans les plantations et les membres de la communauté (lire son communiqué dans notre dépliant Contexte).
RIAO-RDC appelle le président de la RDC à ouvrir immédiatement une enquête approfondie sur l’assassinat de M. Joël Imbangola Lunea et à veiller à ce que les responsables de son assassinat aient à répondre de leurs actes.
RIAO-RDC demande en outre au président de la RDC et aux gouverneurs des trois provinces où sont situées les plantations de Feronia de garantir la sécurité de ses membres et des communautés.
Sa pétition sera remise le lundi 29 juillet au président congolais ainsi qu’au gouverneur de la province de l’Équateur, où le meurtre a eu lieu. Merci de la signer et de la diffuser au plus vite !
ContexteCommuniqué de RIAO-RDC | Kinshasa, 22 juillet 2019 – Un défenseur des terres violemment tué en RDC
Un membre de l’organisation congolaise de défense de l’environnement et des droits de l’homme RIAO-RDC a été brutalement tué par un agent de sécurité de la société canadienne Feronia Inc. ce dimanche 21 juillet 2019, près des plantations Boteka de la société à Bempumba, dans la Province Equateur, République Démocratique du Congo (RDC).
L’assassinat fait suite à des mois d’intimidation dirigée par la compagnie contre des membres du RIAO-RDC qui aident les communautés locales à déposer une plainte contre la société pour l’occupation de leurs terres.
JOEL Imbangola Lunea était chauffeur d’une pirogue à moteur utilisée pour le transport des personnes et des marchandises entre les villages autour des plantations de Boteka de Feronia et la ville de Mbandaka. Il a également été un défenseur de sa communauté en tant que membre du RIAO-RDC, et a joué un rôle particulièrement important dans la communication entre les communautés locales et le RIAO-RDC.
Vers 15h, le dimanche 21 juillet 2019, M. Joël se préparait à transporter plusieurs passagers et leurs bagages sur sa pirogue, lorsqu’il a été approché par M. Boketsu Ebuka (alias “Ebola”), un agent de sécurité (garde industriel – GI) travaillant dans les plantations PHC Boteka de Feronia. M. Ebuka a accusé M. Joël d’avoir transporté des conteneurs d’huile de palme volés des plantations de Feronia. Les passagers et d’autres témoins sur les lieux disent que lorsque M. Joël a nié l’accusation, M. Ebuka l’a battu et l’a finalement étranglé à mort. M. Ebuka a ensuite jeté le corps de M. Joël dans la rivière Moboyo. Il semblerait que M. Ebuka se cache depuis l’incident.
L’assassinat a lieu dans un contexte de tensions croissantes entre Feronia et les communautés locales sur les trois différents sites de plantation de l’entreprise en RDC. Le RIAO-RDC s’efforce d’apporter une solution pacifique au conflit. L’association a notamment mené un premier processus de médiation en 2017 qui a été saboté par Feronia lorsque l’entreprise s’est retirée du processus après seulement quelques semaines. En novembre 2018, RIAO-RDC a commencé à soutenir neuf communautés affectées dans un autre processus de médiation, cette fois par le biais du Mécanisme international de plaintes (ICM) des banques de développement allemande, néerlandaise et française qui financent Feronia [en plus des investissements faits par ces 3 banques de développement, d’autres banques de développement européennes financent Feronia et notamment BIO/Belgique, CDC/Grande Bretagne et AECID/Espagne].
Depuis le lancement de ce deuxième processus de médiation, RIAO-RDC a dû faire face à des efforts accrus de la part de l’entreprise pour miner son travail avec les communautés. Les dirigeants de l’entreprise ont publiquement blâmé RIAO-RDC pour le non-paiement des salaires et ont cherché à discréditer RIAO-RDC en accusant l’organisation d’être un agent des intérêts étrangers. Les membres locaux du RIAO-RDC signalent également qu’ils font face à une intimidation accrue de la part des gardes industrielles de Feronia.
Joël a accompagné le Directeur du RIAO-RDC, M. Jean-François Mombia Atuku, lors de la récente visite du panel de l’ICM dans les plantations de Boteka en mai/juin 2019. Il a signalé à M. Mombia Atuku qu’il était de plus en plus harcelé par les gardes industrielles de Feronia et qu’il était préoccupé pour sa sécurité.
Les communautés vivant à l’intérieur et à côté des plantations de Feronia sont régulièrement harcelées par les gardes industrielles de l’entreprise qui les accusent de voler les fruits du palmier à huile de la plantation, même si ces communautés récoltent des fruits du palmier dans leurs forêts communautaires et produisent de l’huile de palme depuis des générations et bien avant l’arrivée du Feronia.
RIAO-RDC a déjà informé Feronia et ses bailleurs de fonds internationaux de ce harcèlement régulier des membres de la communauté dans les plantations de Feronia et leur a demandé instamment de prendre des mesures pour y remédier. RIAO-RDC a également tenté en vain d’obtenir une enquête par les autorités locales sur un précédent incident au cours duquel un couple pygmée a été tué, après avoir été accusé par les gardes industrielles de Feronia d’avoir volé des fruits de palmiers dans les plantations de Boteka.
Le RIAO-RDC appelle maintenant les autorités compétentes de la RDC et en particulier le Gouverneur de la Province de l’Equateur à ouvrir immédiatement une enquête sur le meurtre de M. Joël. Le RIAO-RDC demande également aux organismes internationaux de défense des droits de l’homme d’enquêter sur cet incident.
RIAO-RDC tient Feronia Inc. responsable du meurtre de M. Joël. Il a été tué par un employé de Feronia, qui effectuait des tâches de routine pour l’entreprise. Au fil des ans, Feronia n’a pas pris de mesures suffisantes pour empêcher ses gardes industrielles de harceler la population locale en raison d’allégations non fondées de vol de fruits ou d’huile de palme. Feronia est également responsable du harcèlement et de l’intimidation croissants des membres du RIAO-RDC par les employés de l’entreprise, et ses cadres supérieurs sont responsables de l’incitation à des actions violentes contre le RIAO-RDC en diffusant des informations erronées sur l’organisation.
Joël laisse derrière lui sa femme et ses cinq enfants. Il était le seul soutien économique de la famille.
Pour plus d’info, contactez :
Jean-François Mombia Atuku
PCA, RIAO-RDC
Tel. : +221 77 346 96 21
Courriel : jfmombia.at16@gmail.com
Sources et informations supplémentaires
• Pétition et appel du World Rainforest Movement Nous avons besoin de votre soutien urgent ! Un défenseur de terres brutalement tué par un garde de sécurité de la société canadienne d’huile de palme Feronia en RDC
• Communiqué de RIAO-RDC sur Farmlandgrab Un défenseur des terres violemment tué par un garde de sécurité d'une compagnie canadienne d'huile de palme en RD Congo
• Communiqué de RIAO-RDC sur Grain Tensions violentes dans les plantations de palmiers à huile de Feronia en RD Congo
• Communiqué de RIAO-RDC sur CCFD Terre Solidaire RDC : 9 villages portent plainte contre une banque de développement allemande
• Article de Jeune Afrique RDC : le lobbying européen de Jean-François Mombia Atuku, le défenseur des droits des Pygmées
Au président de la République démocratique du Congo
À Son Excellence Monsieur le Président de la République démocratique du Congo
En copie à:
Son Excellence Monsieur le Gouverneur de la Province de l’Equateur
Son Excellence Monsieur le Gouverneur de la Province de Tschopo
Son Excellence Monsieur le Gouverneur de la Province de Mongala
Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur
Son Excellence Monsieur le Ministre de la Justice
Aussi en copie à:
CDC Group Inc – UK
AECID – Spain
PROPARCO – France
OPIC – USA
DEGinvest – Germany
FMO – The Netherlands
BIOinvest – Belgium
Excellence Monsieur le Président,
Selon nos informations, le dimanche 15 juillet 2019, vers 15 heures, M. Joël Imbangola Lunea se préparait à transporter plusieurs passagers et leurs bagages sur son petit bateau, lorsqu’il a été abordé par un garde de sécurité travaillant dans les plantations de la société d’huile palme de de Feronia-PHC à Boteka. Le garde de sécurité, dont l’identité est connue, a accusé M. Joël Imbangola Lunea d’avoir transporté des récipients d’huile de palme volée provenant des plantations de Feronia-PHC. Les passagers et d’autres témoins présents sur les lieux ont déclaré que, lorsque M. Joël Imbangola Lunea a nié l’accusation, le garde de sécurité a commencé à le rouer de coups, a fini par l’étrangler à mort et a jeté son corps dans la rivière Moboyo. Selon nos informations, cet garde de sécurité est depuis lors en fuite.
M. Joël Imbangola Lunea était membre de l’organisation congolaise des droits de l’homme et de l’environnement, le RIAO-RDC. Cet assassinat fait suite à des mois d’intimidation à l’encontre de membres du RIAO-RDC et de membres des communautés affectées par les plantations de Feronia-PHC qui travaillent avec le RIAO. Le RIAO-RDC soutient les communautés qui, en novembre 2018, ont déposé une plainte auprès du Mécanisme indépendant de traitement des plaintes (ICM) des banques de développement allemande, néerlandaise et française contre l’occupation de leurs terres par la société. Ces banques de développement ainsi que les banques de développement d’Espagne, de Belgique, du Royaume-Uni et des États-Unis ont fourni des fonds à Feronia-PHC.
Si l’objet essentiel de la plainte est l’occupation illégale des terres communautaires par Feronia-PHC, les plaignants notent une escalade fréquente des conflits entre le personnel de sécurité dans les plantations et les membres de la communauté. Les plaignants déclarent que des accusations arbitraires de vol de noix de palme et de transport d’huile de palme sont souvent à l’origine de conflits et de harcèlement de la part du personnel de sécurité.
L’assassinat du militant du RIAO-RDC a été commis dans le contexte d’une telle accusation arbitraire de transport d’huile de palme volée. Joël Imbangola Lunea était chauffeur d’un pirogue motorisé utilisée pour transporter des personnes et des marchandises entre les villages situés autour des plantations Boteka de Feronia-PHC et la ville de Mbandaka. Il était également un militant travaillant pour sa communauté et membre du RIAO-RDC.
Votre Excellence, nous vous exhortons à veiller à ce que l’auteur du meurtre brutal de Joël Imbangola Lunea ait à répondre de ses actes. Nous vous demandons :
– D’ouvrir immédiatement une enquête urgente sur l’assassinat de M. Joël Imbangola Lunea;
– De veiller à ce que les responsables de l’assassinat de M. Joël Imbangola Lunea aient à répondre de leur crime ;
– De faire comprendre aux gouverneurs des trois provinces où Feronia-PHC exploite ses plantations de palmiers à huile controversées et à la société que les membres du RIAO-RDC doivent pouvoir effectuer leur travail en toute sécurité. Leur sécurité doit être garantie et le harcèlement et l’intimidation à l’encontre des membres du RIAO-RDC et des membres de la communauté soutenus par le RIAO doivent cesser immédiatement. C’est cette atmosphère d’intimidation et de harcèlement qui crée un terreau fertile pour la brutalité et la violence qui ont amené Joël Imbangola Lunea à perdre la vie.
Veuillez agréer nos salutations distinguées,
Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes
Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…
Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.
À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».
Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre
Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.
Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.
Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.
La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement
Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.
Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :
- cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
- lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
- le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
- Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
- Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
- Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
- Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.