Panama : non à l’exploitation minière dans la forêt tropicale !
Le gouvernement du Panama a déclenché une révolte populaire en légalisant l’exploitation d’une mine de cuivre géante dans la forêt tropicale. Protestations, manifestations, grève, blocages de routes : des milliers de personnes se mobilisent sur place pour exiger la préservation de la nature et la protection de l’environnement.
Mises à jour AppelAu Gouvernement, au Parlement et à la Cour suprême de la République du Panama
“Merci d’annuler la loi 406 sur les contrats d’exploitation de la mine de cuivre géante dans la forêt tropicale de la société Minera Panamá.”
Depuis plusieurs semaines, des dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues du Panama pour manifester contre l’exploitation minière, accusant le gouvernement d’avoir bradé leur pays et ses ressources à l’industrie.
Les protestations visent la compagnie minière Minera Panamá, une filiale de la société canadienne First Quantum Minerals, et sa grande mine de cuivre à ciel ouvert, située en plein cœur d’un corridor forestier qui relie l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud.
Par le passé, le peuple panaméen avait intenté une action en justice contre la concession minière, en collaboration avec des organisations environnementales et sociales. En 2018, la Cour suprême avait déclaré le contrat inconstitutionnel, mais les autorités font depuis obstruction à l’application du jugement.
Minera Panamá a détruit la forêt tropicale et la biodiversité pour sa mine à ciel ouvert dans la jungle. Des usines, des terrils de déchets miniers et des bassins de retenues pour les boues toxiques ont été édifiés, ainsi qu’un port et une centrale électrique au charbon pour alimenter la mine. Depuis 2019, l’entreprise exporte du cuivre vers la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Espagne et l’Allemagne.
Le président panaméen Laurentino Cortizo présente la mine de cuivre comme l’avenir du pays, ignorant l’opinion publique et mettant de côté ses préoccupations environnementales.
À la mi-octobre, le parlement a adopté à la hâte la loi 406 qui régit le contrat entre l’Etat panaméen et la société minière. Le président l’a signée le jour même, afin de rendre légale la mine de cuivre pour une durée d’au moins 20 ans.
Cette décision abrupte a provoqué une crise de confiance au sein de la population, déclenchant une grande révolte populaire contre les dommages irréversibles causés à la santé publique et à la nature. La population exige un environnement propre et intact, affirmant que l’argent de la compagnie minière ne peut pas compenser les graves conséquences de ses activités.
Soutenez la pétition avec nos partenaires de Radio Temblor-Colectivo Voces Ecológicas au Panama.
Lancement de la pétition : 17/11/2023
ContexteAu Panama, les protestations au niveau national ne visent pas seulement la mine de cuivre de Minera Panamá, mais également les contrats de 15 concessions minières existantes dans le pays ainsi que 103 nouvelles demandes en cours d’approbation. Près de 200 000 hectares de terres ont été attribués en concessions minières au Panama, dont un bon quart pour l’extraction de métaux.
Les protestations ont déjà permis d’obtenir un premier succès en attirant l’attention sur l’inadaptation générale du pays à l’exploitation minière et sur le manque de transparence et de responsabilité de l’État panaméen.
Minera Panamá, filiale de First Quantum Minerals
La concession minière de loin la plus importante, grande de 12 995 hectares et déjà active, est située dans les montagnes à environ 120 kilomètres à vol d’oiseau à l’ouest de la capitale. Il s’agit de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d’Amérique centrale, exploitée par la compagnie minière Minera Panamá, une filiale de la société canadienne First Quantum Minerals.
Le contrat précédent pour l’installation et l’exploitation de la mine de cuivre dans la forêt tropicale du district de Donoso avait été attribué en 1997 par le gouvernement. Les organisations de protection de l’environnement avaient porté plainte contre ce contrat, parce que la population n’avait pas été associée à la procédure et que l’entreprise n’avait même pas dû payer d’impôts.
Après des années de procédure, la Cour suprême a déclaré en 2018 que le contrat minier de Minera Panamá/First Quantum Minerals n’était pas conforme à la constitution. La décision de justice n’est toutefois entrée en vigueur qu’en 2021. De même, la nouvelle loi 406, qui régit le contrat entre l’Etat panaméen et la société minière, fait déjà l’objet de plusieurs procédures devant la Cour suprême pour inconstitutionnalité.
Entre-temps, Minera Panamá s’est installée et a commencé à extraire, traiter et exporter du cuivre en 2021. Pourtant, les autorités panaméennes n’ont même pas la capacité technique de contrôler les opérations minières et de mesurer leur impact sur l’environnement.
Une mine de cuivre au milieu d’un corridor écologique
La mine à ciel ouvert est située au milieu du corridor biologique méso-américain (Corredor Biológico Mesoamericano), un ensemble de forêts tropicales primaires encore intactes entre le sud du Mexique et la Colombie, qui constitue la seule possibilité de passage entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud pour les animaux.
La mine marque une frontière abrupte au cœur de la forêt tropicale dévastée, avec ses immenses fosses d’extraction creusées à l’explosif, ses bandes transporteuses et ses canalisations serpentant sur la terre retournée, ses bulldozers, ses pelles et ses grues travaillant sans relâche. Entre les deux se trouvent des terrils et des bassins remplis de boues minières toxiques qui, lentement mais durablement, contaminent l’environnement.
Jusqu’à 100 millions de tonnes de roches peuvent être broyées dans les énormes concasseurs et broyeurs de roches des mines, pour une production annuelle de 300 000 tonnes de concentré de cuivre, ainsi que de petites quantités d’or, d’argent et de molybdène.
La mine à ciel ouvert est située dans une région où les précipitations sont extrêmement élevées. Il y tombe 4 000 à 5 000 litres de pluie par mètre carré par an (4 000 à 5 000 mm/an). A titre de comparaison, les précipitations annuelles de Paris s’élèvent à 640 mm par an. Lorsque les digues minières cèdent, ce qui arrive plusieurs fois par an dans le monde, des millions de tonnes de boues toxiques dévalent les pentes et se déversent dans les cours d’eau, détruisant et contaminant tout sur leur passage.
La mine à ciel ouvert est située dans une région où les précipitations sont extrêmement élevées. Il y tombe 4 000 à 5 000 litres de pluie par mètre carré et par an (4 000 à 5 000 millimètres/an). A titre de comparaison, les précipitations annuelles de Paris s’élèvent à 640 mm par an. Lorsque les digues minières cèdent, ce qui arrive plusieurs fois par an dans le monde, des millions de tonnes de boues toxiques dévalent les pentes et se déversent dans les cours d’eau, détruisant et contaminant tout sur leur passage.
La mine à ciel ouvert est reliée, par une route et des canalisations, au complexe industriel et portuaire de Punta Rincón (à 20 kilomètres au nord sur la côte caraïbe), que la société minière a édifié dans une nature auparavant largement préservée. Le concentré de cuivre est pompé et stocké temporairement dans les canalisations. Une grande centrale au charbon (300 MW) produit l’électricité nécessaire à l’exploitation minière. C’est de là que la matière première tant convoitée est exportée par bateau vers la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Espagne et l’Allemagne.
Production et utilisation du cuivre
La production mondiale annuelle de cuivre s’élève à environ 22 millions de tonnes. Le métal est un matériau important dans les secteurs de la construction, de l’électricité et de la haute technologie. Le cuivre est non seulement utilisé pour la fabrication de toitures et de câbles électriques, mais aussi, et en grande quantité, pour celle de différents appareils électriques : générateurs, moteurs, électroménager, smartphones, voitures électriques, etc.
Informations supplémentaires
En français
- Courrier international Le Panama manifeste contre une mine de cuivre “qui enterre les intérêts du pays”
- France Info Panama : des manifestations contre un contrat gouvernemental d’exploitation d’une mine de cuivre
- Les Échos Le Panama paralysé par l’affrontement de deux visions de l’écologie
- Radio Canada (Espaces autochtones) Le Panama ferme la porte à une minière canadienne
En espagnol
- Avispa Midia (organisation partenaire de Sauvons la forêt) Pese a represión, continúan protestas masivas contra minería de cobre y oro en Panamá
- Mongabay (2023) Panamá : las razones detrás de las multitudinarias protestas que exigen el cierre de la mina más grande de Centroamérica
- Mongabay (2019) Panamá : minería arrasa con bosques del Corredor Biológico Mesoamericano
Destinataires de la pétition
En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :
- Gouvernement, Parlement et Cour suprême de la République du Panama
Ambassade du Panama en France
145, avenue de Suffren
75015 Paris
Tel : +33 (0)1 45 66 42 44
Courriel : panaconsulparis@orange.fr
Au Gouvernement, au Parlement et à la Cour suprême de la République du Panama
Madame, Monsieur,
Nous vous demandons l’annulation immédiate de la loi 406 autorisant l’exploitation de la mine de cuivre géante de Minera Panamá dans la forêt tropicale.
Les revenus des concessions minières ne doivent pas servir de justification pour autoriser la destruction de la nature et la pollution de l’environnement.
Les écosystèmes, la biodiversité et l’approvisionnement en eau potable sont vitaux pour l’avenir du Panama. Ils constituent la base de la prospérité et de la santé de sa population.
Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre profond respect.
Le 28 novembre, la Cour suprême a déclaré inconstitutionnel le contrat entre l’Etat panaméen et la société minière. Cette décision est certes porteuse d'espoir, mais elle n'est en aucun cas synonyme de victoire : un jugement équivalent avait déjà été prononcé en 2018, mais les autorités avaient alors fait obstruction à son application. Son entrée en vigueur avait ainsi dû attendre jusqu'en 2021.
Il est donc essentiel de continuer à aider la population panaméenne à faire pression sur les décideurs politiques du pays afin d’obtenir l’annulation du renouvellement de la concession !
La Cour suprême du Panama déclare une mine de cuivre anticonstitutionnelle, poursuite des manifestations
Victoire d’étape importante de la population du Panama contre l’industrie minière et la corruption généralisée : la Cour suprême a déclaré à l’unanimité que le permis d’exploitation de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert d’Amérique centrale était inconstitutionnel. Les manifestations se poursuivront toutefois jusqu’à ce que tous les projets miniers du pays soient abandonnés.
4 000 à 5 000 litres de pluie par mètre carré par an
Source : First Quantum Minerals 2023. MITOS VS REALIDADES
exportée par bateau vers la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Espagne et l’Allemagne
Source : First Quantum Minerals 2023. Cuatro años de exportaciones de Cobre Panameño
Cette pétition est également disponible en :
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