Stop au massacre des forêts du Chaco en Argentine !

Photomontage : Chaco Argentine Stop au massacre des forêts du Chaco en Argentine ! (© Initiativa Amotocodie + Dario Lo Presti/shutterstock.com - Collage RdR) Jaguar se faufilant à travers la végétation pour boire de l’eau Le jaguar a presque disparu aujourd’hui en raison de la destruction de son habitat naturel (© Toby Hill)

Javier Milei promettait de démanteler l’État en paradant avec une tronçonneuse lors de la campagne présidentielle en Argentine. Les députés de la province du Chaco l’ont pris au mot et voté une loi annulant la protection de centaines de milliers d’hectares de forêts natives. Mobilisons-nous pour empêcher le massacre !

Mises à jour Appel

Au Gouvernement de la province du Chaco et à la Cour suprême d’Argentine (CSJN)

“Protégez les forêts natives du Gran Chaco argentin, l’un des territoires les plus touchés par la déforestation de notre planète.”

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C’est une certitude :  dans la province du Chaco, en Argentine, les forêts natives sont encore plus exposées à la déforestation depuis la modification du plan d’aménagement forestier, votée le 30 avril 2024 sans la participation pourtant réglementaire des populations autochtones concernées.

La nouvelle carte adoptée par les députés a été établie dans le cadre d’une procédure irrégulière du Principe de zonage du territoire (OTBN). Cette modification du zonage réduit significativement la protection des forêts, dont d'importants corridors biologiques. Elle permet le défrichement de centaines de milliers d’hectares et, de cette manière, de légaliser la déforestation.

Cela nuit à la riche biodiversité des forêts natives du Chaco, dont des espèces menacées comme le jaguar, mais également aux populations indigènes condamnées à l’exclusion et à la misère.

La forêt du Chaco ne se limite pas à la province du même nom, mais s’étend du nord de l’Argentine (Chaco argentin) à des parties des pays voisins. L’écorégion Gran Chaco Americano abrite la plus grande forêt sèche d’Amérique du Sud.

Alors que les autorités provinciales gèrent la politique en fonction de leurs intérêts privés et de ceux des entreprises agro-industrielles, le président argentin Javier Milei est un négateur forcené des questions environnementales. Il se montre ouvertement favorable à la cession des ressources naturelles du pays au plus offrant, allié de l’extractivisme méprisant les territoires et les droits des indigènes et complaisant avec la déforestation illégale.

Le gouvernement argentin n’a aucune honte à se montrer raciste et considérer les demandes des peuples indigènes comme une "atteinte à la souveraineté", comme avait osé le déclarer l’actuelle vice-présidente Victoria Villarruel au cours de la campagne électorale.

Mobilisons-nous pour demander la protection du Chaco argentin et de ses populations autochtones.

Lancement de la pétition : 28/06/2024

Contexte

Depuis l’autorisation de la culture du soja transgénique en 1996, plus de 8 millions d’hectares de forêts natives ont été déboisés en Argentine. Au cours de cette période, la  province du Chaco en a perdu 859 503 hectares, soit plus d’un quart de sa superficie forestière, dont 57 000 hectares en 2023

Dénonciation judiciaire

Pour empêcher ce recul de la réglementation, l’organisation Greenpeace Argentine a dénoncé l’illégalité de la nouvelle loi devant la Cour suprême d’Argentine (CSJN). Cette requête judiciaire a été déposée dans le cadre d’une affaire en cours initiée en 2019, dirigée contre le Chaco et d’autres provinces (Formosa, Santiago del Estero et Salta), qui ont autorisé la destruction de l’habitat du jaguar et violé les dispositions de la loi sur les forêts natives. L’État et les Parcs nationaux (Parques Nacionales) sont également visés par la procédure.

Des problèmes pour le Chaco argentin, mais pas seulement

Le président argentin Javier Milei cherche à annuler en bloc toute une série de réglementations obtenues après des années de travail et d’engagement. Il a déjà essayé d’abolir la loi foncière par décret et tente d’abroger la loi forestière. Il a dissous la commission spéciale sur les peuples indigènes de la Chambre haute, annoncé la dissolution de l’Institut national des affaires indigènes (INAI) et annoncé la fermeture de l’Institut national contre la discrimination, la xénophobie et le racisme (INADI).

Indépendamment des agissements du populiste d’extrême-droite Javier Milei, qui fait figure d’épouvantail, le fait est que les politiques et la protection des populations autochtones sont quasiment inexistantes dans la pratique en Argentine.

L’avenir s’annonce très sombre avec ce gouvernement. Il semble évident que les conflits territoriaux vont encore s’aggraver et que les droits des peuples autochtones seront encore moins protégés, dans un pays où colonisation a été synonyme pour ces derniers d’extermination, comme lors de la "Conquête du Désert". 

Il est important de continuer à se mobiliser, de dénoncer les abus au cas par cas et de confronter les autorités aux faits et aux conséquences de leurs décisions, en exigeant le respect de la loi et de droits durement acquis.

Informations supplémentaires (en espagnol)

Lettre

Au Gouvernement de la province du Chaco et à la Cour suprême d’Argentine (CSJN)

Madame, Monsieur,

Alors que les législations pour la protection des forêts et des écosystèmes se font toujours plus restrictives dans le monde, votre gouvernement va à contre-courant.

La nouvelle réglementation forestière du Chaco "permettra le défrichement de zones actuellement classées en catégorie II (jaune), en les faisant passer en catégorie III (verte)", ce qui est interdit par la législation nationale. L’organisation Greenpeace Argentine dénonce l’illégalité de votre acte d’exposer des centaines de milliers d’hectares de forêts natives à la déforestation.

Nous vous faisons part de notre vive inquiétude et vous demandons de suspendre sans délai l’application des réglementations régressives qui autorisent la destruction des habitats naturels et violent la loi nationale de protection des forêts.

Les graves crises actuelles du climat et de la biodiversité imposent de mettre un terme à la déforestation ainsi que de promouvoir la gestion durable et la restauration des forêts natives, dans le respect de la biodiversité et des droits et territoires des communautés autochtones et paysannes.

Les terribles inondations qui viennent de toucher l’État brésilien du Rio Grande do Sul offrent un exemple récent des conséquences dévastatrices d’une absence de protection des écosystèmes.

Nous rappelons également que l’Argentine s’est engagée à une déforestation zéro d’ici à 2030 lors de la COP26 à Glasgow en 2022. Sa politique devrait aller ainsi dans ce sens et non l’inverse.

Nous vous demandons de protéger les forêts natives du Gran Chaco argentin, l’un des territoires les plus touchés par la déforestation de notre planète, au nom du jaguar,  grand mammifère qui a presque disparu aujourd’hui en raison de la destruction de son habitat, et de toutes les espèces qui y vivent.

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l’assurance de nos respectueuses salutations.

Mises à jour Footnotes

forêts natives

Les forêts dites "natives" sont des forêts d’espèces autochtones, d’origine primaire, et secondaire formées après un déboisement, ou issues d’une recomposition ou d’une restauration volontaire.

Voir article de Marie Gisclard publié sur Cairn Info  Un principe de solidarité territoriale au cœur de la loi deprotection des forêts en Argentine, chapitre "Une loi environnementale reposant sur un principe de solidarité multi-niveaux"


Principe de zonage du territoire (OTBN)

Le principe de zonage du territoire (Ordenamiento territorial de los bosques nativos (OTBN)) repose sur des catégories de conservation des forêts "natives" selon le niveau de pression autorisé pour les activités agricoles et/ou forestières.

Voir article sur Cairn Info Un principe de solidarité territoriale au cœur de la loi deprotection des forêts en Argentine

L’ordonnance participative (OP) territoriale de 2009 se rattache à la loi nationale de 2007 pour la protection des forêts natives et doit être mise à jour tous les 5 ans. Le 16 octobre 2020, les tribunaux provinciaux ont suspendu la possibilité de défricher en raison de l’absence de mise à jour de l’OP. En conséquence, tous les défrichements effectués depuis, c’est-à-dire de 2021 à aujourd’hui en 2024, sont illégaux.

Voir (en espagnol) "Approbation de la gestion territoriale des forêts natives de la province de Chaco"   Aprueba el Ordenamiento Territorial de los Bosque Nativos de la Provincia del Chaco.


importants corridors biologiquesZones tampons de conservation du parc national de Copo, de la réserve de La Pirámide et de la réserve provinciale de Talking Parrot.


57 000 hectares en 2023

D’après le suivi satellite effectué par Greenpeace

Cette pétition est également disponible en :

72 671 signatures

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