Moratoire sur la déforestation dans le Chaco argentin

Vue aérienne montrant la forêt du Chaco défigurée par deux grandes surfaces rectangulaires de défrichage et des routes Une chose que l’on ne veut plus voir : le défrichage de la forêt du Chaco pour établir des monocultures de soja et des pâturages (© Asociación Argentina de Abogados Ambientalistas)

27 août 2024

Fin juin, nous avons lancé une pétition appelant à mettre fin à la déforestation dans la région du Chaco en Argentine. Un tribunal a réagi en suspendant une décision scandaleuse du parlement provincial qui avait ouvert de vastes zones de ses forêts à l’agro-industrie, pour la production de soja, de bœuf et de charbon de bois.

Plus de 70 000 personnes ont signé notre pétition "Stop au massacre des forêts du Chaco en Argentine !"  depuis son lancement à la fin du mois de juin. Grâce à elle, nous avons alerté et mobilisé la communauté internationale pour soutenir les efforts des écologistes locaux. Aujourd’hui, nous recevons de bonnes nouvelles d’Argentine puisque les défrichages ont été suspendus.

Le 19 août, une juge fédérale a ordonné un moratoire, d’une durée de 3 mois et reconductible, sur l’exploitation forestière dans l’intégralité de la province du Chaco. Par cette décision, la magistrate impose au gouvernement et au ministère de la production et du développement économique durable de la province la suspension de tous les permis d’exploitation forestière.

Quelques jours plus tôt, le ministère public du Chaco avait lancé une vague d’inculpation visant des hauts fonctionnaires, des élus et des entreprises pour des délits graves comme l’abus de pouvoir, le détournement de fonds publics ou la création d’organisations criminelles. Il avait également exigé l’arrêt immédiat des activités de défrichage.

Les autorités judiciaires ont ainsi réagi à la plainte pénale déposée le 3 juillet 2024 par l'Association argentine des avocats de l’environnement (AAdeAA). Les accusés se seraient enrichis au détriment d’un écocide dans la province, en bénéficiant d’un réseau de corruption qui profite de la déforestation du Chaco.

« L’AAdeAA salue la demande du ministère public, qui porte un coup décisif à la dite mafia de la déforestation du Chaco. Une organisation criminelle qui, grâce à un réseau de corruption, a dévasté des milliers d’hectares de forêt indigène pour son propre profit. »

Des affaires lucratives pour les législateurs, les fonctionnaires et les hommes d’affaires

Les demandes d’enquête visent un certain nombre de personnes qui occupaient des postes leur permettant de favoriser leurs propres intérêts. Des gestionnaires forestiers sont devenus des ministres par exemple, ou bien des députés et des fonctionnaires en charge des forêts sont devenus entrepreneurs forestiers…

Les délits reprochés sont notamment l’abus d’autorité, le manquement au devoir d’agent public, le trafic d’influence, les négociations incompatibles avec la fonction publique et le détournement de fonds publics.

Outre les personnes, des entreprises telles que Vicentín, Las Guindas, Establecimiento Monterrey, Cuenca del Salado, Grupo Buratovich Hermanos, MSU, TRIAD, Alejandro Hayes Coni, Ricardo Shihon et Jerilderie, CIGRA, La Nueva Pirámide et d’autres feront l’objet d’une enquête.

Les autorités compétentes doivent agir avec fermeté et rapidité pour annuler la loi qui exacerbe la déforestation, à savoir la nouvelle carte établie dans le cadre d’une procédure irrégulière du Principe de zonage du territoire (OTBN) et taillée sur mesure pour les entreprises et le réseau criminel qui les entoure. 

Les personnes, les écosystèmes et les forêts natives du Chaco ont besoin de justice. La population ne tolère plus de voir son patrimoine naturel sacrifié pour le profit économique de quelques-uns.

« Ce jugement est une bouffée d’air frais pour la forêt de Chaco et ses habitants. Nous continuerons jusqu’au démantèlement de la mafia de la déforestation », déclare AAdeAA.

La forêt du Chaco en Amérique du Sud

La forêt sèche du Chaco est, avec la forêt amazonienne, l’une des régions écologiques (biomes) les plus importantes d’Amérique du Sud. Elle s’étend sur près de 800 000 km2 (soit environ une fois et demi la taille de la France métropolitaine) du nord de l’Argentine à des parties des Paraguay, Bolivie et Brésil voisins.

Les forêts anciennes de la province argentine du Chaco sont essentielles pour les populations locales, pour la préservation de la biodiversité et des sols, pour l’équilibre hydrique et le climat mondial. Mais elles sont déboisées par l’agro-industrie, pour la production de charbon de bois, la mise en place d’élevages de bovins et de monocultures de soja.


  1. Association argentine des avocats de l’environnement (AAdeAA)

    Asociación Argentina de Abogados/as Ambientalistas - AAdeAA

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