La Deutsche Bahn ne doit pas participer au pillage de l’Amazonie !

Un groupe manifeste au centre de Berlin devant l’immeuble de la Deutsche Bahn Manifestation devant le siège de la Deutsche Bahn (DB) à Berlin contre sa participation au grand projet d’infrastructures GPM le 31 mai 2024 (© Stefanie Hess)

Le nouveau grand projet d’infrastructures GPM doit permettre le transport et l’exportation massive de matières premières de l’Amazonie brésilienne vers la Chine, l’Europe et les Etats-Unis. Une grave menace pour la forêt et sa population ! Demandons à l’entreprise ferroviaire publique allemande Deutsche Bahn de ne plus y participer.

Appel

À M. Richard Lutz, président du directoire de la Deutsche Bahn, à la DB et à ses filiales

“La Deutsche Bahn ne doit pas participer au projet ferroviaire et portuaire GPM dans la forêt amazonienne du Brésil.”

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GPM, un projet développé par des hommes d’affaires portugais, vise à défricher et développer de grandes parties de l’île de Cajual, dans le nord-est du Brésil, afin d’y construire un complexe industriel et portuaire privé (Alcântara Port Terminal - TPA), dans la zone même où vivent des communautés traditionnelles quilombolas, des descendants d’esclaves venus d’Afrique.

En plus du TPA, GPM prévoit la construction d’une ligne de chemin de fer privée de 520 km pour le transport de marchandises (EF-317) qui s’enfoncerait profondément dans la région amazonienne, traversant de nombreuses communautés traditionnelles et jouxtant six territoires indigènes.

L’entreprise ferroviaire publique allemande Deutsche Bahn (DB) participe au projet. Sa filiale, DB E.C.O. Group, a signé un protocole d’accord avec GPM pour « le développement conjoint du projet et l’exploitation ultérieure du chemin de fer. »

Depuis huit ans, le projet avance sans que le public ne soit informé ni que soit respecté le droit des peuples indigènes et des Quilombolas à la consultation et au consentement préalable, libre et éclairé, comme l’exige la convention 169 de l’OIT, signée par le Brésil et l’Allemagne. Aucune étude d’impact du projet sur la population et l’environnement n’a été réalisée.

 

Le projet est situé dans deux aires protégées de la côte atlantique, qui abritent la plus grande ceinture de mangrove continue et intacte de la planète. L’île de Cajual est une importante zone de reproduction pour 2500 ibis rouges et  d’hivernage pour les oiseaux migrateurs d'Amérique du Nord.

De plus, le tracé de la voie ferrée passe au milieu de la "zone endémique de Belém", la région du bassin amazonien la plus menacée par la déforestation.

Le projet ouvrirait en grand la région à l’exploitation et à l’exportation de matières premières telles que le soja, le minerai de fer, le cuivre, le gaz de schiste et l’hydrogène.

Demandons à la DB de se retirer immédiatement du projet GPM en Amazonie.

Lancement de la pétition : 01/08/2024

Contexte

Le 31 mai 2024, Sauvons la forêt (Rettet den Regenwald e.V.), notre organisation partenaire brésilienne Justiça nos Trilhos, le Centre de recherche et de documentation Chili-Amérique latine (FDCL), Kooperation Brasilien (Kobra) et Misereor, ont manifesté ensemble devant le siège de la Deutsche Bahn sur la Potsdamer Platz à Berlin et déposé une plainte contre la participation de sa filiale DB E.C.O. Group au projet GPM.

Les organisations participantes estiment que la démarche de GPM enfreint la Convention n°169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les peuples autochtones, qui a été ratifiée par le gouvernement allemand, ainsi que la loi sur la chaîne d’approvisionnement, qui impose aux entreprises allemandes un devoir de diligence particulier. Le projet GPM menace également la forêt amazonienne, dont la protection et la conservation constituent un objectif important de la politique allemande en matière de développement, d’environnement et de protection du climat. Nous demandons donc le retrait immédiat de la DB de ce projet.

Réactions de la Deutsche Bahn (DB)

Le service des plaintes de la Deutsche Bahn a ouvert la procédure, mais son issue est totalement incertaine. Le président du conseil d’administration et PDG de la DB, M. Richard Lutz, répond dans un courrier que le respect des droits humains et des libertés fondamentales internationalement reconnus est un principe important pour la DB, que l’entreprise prend nos préoccupations très au sérieux et que « diverses conditions supplémentaires doivent être remplies avant que la DB n’envisage de participer au projet ».

Pendant ce temps, des dirigeants des filiales de la DB et les opérateurs de GPM participent ensemble à des réunions au Brésil avec des ministres, des politiciens, des fonctionnaires et des parlementaires pour faire avancer le projet. GPM utilise le nom de la DB dans sa communication, manifestement afin de donner au projet un gage de sérieux et de compétence au projet.

Dans une vidéo de d’entreprise sur GPM, mise en ligne sur le site internet de DB E.C.O. Group, l’emplacement de la forêt amazonienne a été déplacée vers l’ouest sur une carte générale, donnant l’impression que le port d’exportation (TPA , Alcântara Port Terminal) et le chemin de fer de fret (EF-317) projetés se trouvent en dehors de l’Amazonie. Il y est également affirmé que « la production agricole brésilienne augmentera de 180 % au cours des dix prochaines années sans qu’aucun arbre ne soit abattu ».

 

Mais la vidéo et les informations fournies par les promoteurs du projet sont trompeuses : la région amazonienne est officiellement définie au Brésil comme l'"Amazonie légale" (Amazônia legal). Tant le port que le tracé complet du chemin de fer se trouvent clairement à l’intérieur de l’Amazonie, comme le montre notre carte avec les données de l’Institut géographique et statistique du Brésil (IBGE). Selon une étude récente, l’agriculture, en particulier le soja, est le principal facteur de déforestation au Brésil : les chiffres du gouvernement indiquent que 9 064 kilomètres carrés ont été déboisés rien qu’en 2023.

Lettre

À M. Richard Lutz, président du directoire de la Deutsche Bahn, à la DB et à ses filiales

Monsieur Lutz,
Madame, Monsieur,

Des organisations de protection de l’environnement, de défense des droits humains, indigènes et de Quilombola de l’État brésilien du Maranhão mettent en garde contre les effets négatifs de la possible construction d’une ligne de chemin de fer de fret de 520 kilomètres en Amazonie ainsi que d’une zone industrielle et d’un port d’exportation sur la côte atlantique.

Elles s’opposent au projet Grão-Pará Maranhão (GPM) parce que sa planification ne respecte pas certains principes fondamentaux tels que le droit des peuples autochtones, des Quilombolas et des communautés traditionnelles à la consultation et au consentement libre, préalable et éclairé. C’est précisément ce prescrit la convention 169 de l’OIT, signée par le Brésil et l’Allemagne. Il n’existe pas non plus d’études sur l’impact du projet sur la population et l’environnement.

Le projet ferroviaire et portuaire doit permettre le transport chaque année de plusieurs millions de tonnes de produits agricoles et miniers tels que le soja et le minerai de fer depuis la forêt amazonienne et la savane du Cerrado. L’impact sur les communautés traditionnelles et la forêt tropicale serait dévastateur.

C’est pourquoi des organisations brésiliennes et allemandes demandent à la Deutsche Bahn et à ses filiales de ne pas participer à ce projet. Le groupe DB E.C.O. Group doit résilier le protocole d’accord qu’il a signé en février 2023 avec l’opérateur de GPM concernant le développement conjoint du projet et l’exploitation ultérieure du chemin de fer.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur Lutz, Madame, Monsieur, l’expression de nos respectueuses salutations.

Footnotes

GPM

Grão-Pará Maranhão (GPM): https://graoparamaranhao.com/en/


nombreuses communautés traditionnelles

Sont directement touchés les 2 quilombos Alcântara et Tanque de Valenca, 16 colonies de réforme agraire ainsi que 22 communautés : 

1. Alcântara ; 2. Bequimão ; 3. Peri Mirim ; 4. Palmeirândia ; 5. São Bento ; 6. São Vicente Ferrer ; 7. Olinda Nova do Maranhão ; 8. Matinha ; 9. Viana ; 10. Pedro do Rosário ; 11. Penalva ; 12. Monção ; 13. Zé Doca ; 14. Governador Newton Bello ; 15. Alto Alegre do Pindaré ; 16. Santa Luzia ; 17. Bom Jardim ; 18. Buriticupu ; 19. Bom Jesus das Selvas ; 20. Amarante do Maranhão ; 21. São Francisco do Brejão ; 22. Açailândia


six territoires indigènes

Les territoires indigènes officiellement reconnus et démarqués : Alto Turiacu, Akroá Gamela, Arariboia, Awa, Caru et Pindaré.


protocole d’accord

DB E.C.O. Group 2023. Brasiliens multimodale Logistiklösung für nachhaltige Versorgungsketten : https://db-eco.com/de/brasiliens-multimodale-logistiklosung-fur-nachhaltige-versorgungsketten/


deux aires protégées

Área de Proteção Ambiental (APA) Reentrâncias Maranhenses : https://uc.socioambiental.org/en/arp/782 et

APA Baixada Maranhense : https://uc.socioambiental.org/en/arp/785

Toutes deux sont également protégées par la convention internationale RAMSAR de l’ONU en tant que zones humides d’importance internationale : https://rsis.ramsar.org/fr/ris/640?language=fr et https://rsis.ramsar.org/fr/ris/1020?language=fr  



zone de reproduction pour 2500 ibis rouges

Rodrigues, A.A. 1995. Ocorrênciada reprodução de Eudocimus ruber na ilha do Cajual, Maranhão, Brasil. Télécharger l’article au format pdf : http://www.revbrasilornitol.com.br/BJO/article/download/0314/pdf_63


Amérique du Nord

Dont la Barge hudsonienne (Limosa haemastica) et le Courlis corlieu (Numenius phaeopus)




loi sur la chaîne d’approvisionnement

Bundesregierung, 2024. Verantwortung in globalen Lieferketten - Mensch und Umwelt besser geschützt: https://www.bundesregierung.de/breg-de/aktuelles/lieferkettengesetz-1872010



répond dans un courrier

Antwortschreiben Dr. Richard Lutz, Vorsitzender des DB-Vorstands, vom 26. Juni 2024: Antwortschreiben-Dr-Lutz-DB-Vorstandsvorsitzender-27-6-24.pdf


dirigeants des filiales de la DB

Grão-Pará Maranhão, 2023. CONSTRUCTIVE MEETING WITH THE MINISTER OF PORTS AND AIRPORTS. Ganz rechts im Foto Peter Mirow, Leiter der Niederlassung Brasilien, DB Engineering & Consulting: https://graoparamaranhao.com/en/news/meeting-minister-of-ports-airports/ und

Ministerio de Portos e Aeroportos, 2023. Projeto Grão-Pará Maranhão vai gerar mais eficiência de custos de transporte: https://www.gov.br/portos-e-aeroportos/pt-br/assuntos/noticias/2023/11/projeto-grao-para-maranhao-vai-gerar-mais-eficiencia-de-custos-de-transporte 


le nom de la DB

Grão-Para Maranhao, 2023. GPM PRESENTS A VENTURE IN PARTNERSHIP WITH DB AND SYSFER: https://graoparamaranhao.com/en/news/gpm-presents-a-venture-in-partnership-with-db-and-sysfer/ und CONSTRUCTIVE MEETING WITH THE MINISTER OF PORTS AND AIRPORTS: https://graoparamaranhao.com/en/news/meeting-minister-of-ports-airports/


site internet de DB E.C.O. Group

DB E.C.O. Group, 3.2.2023. Brasiliens multimodale Logistiklösung für nachhaltige Versorgungsketten: https://db-eco.com/de/brasiliens-multimodale-logistiklosung-fur-nachhaltige-versorgungsketten/


Selon une étude

Carreiora, I. et.al, 2024. The deforestation effects of trade and agricultural productivity in Brazil : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0304387823001736


chiffres du gouvernement

Ministério da Ciência, Tecnologia e Inovação, 2024. Desmatamento na Amazonia cai 21.8% em 2023 : https://www.gov.br/mcti/pt-br/acompanhe-o-mcti/noticias/2024/05/desmatamento-na-amazonia-cai-21-8 -em-2023

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