L’Australie attaque le patrimoine mondial en Tasmanie
Le gouvernement australien veut amputer de 74 000 hectares une réserve naturelle protégée par l’UNESCO en Tasmanie, ses paysages et sites archéologiques uniques, ses forêts aux arbres parmi les plus hauts de la planète… Écrivons au Premier ministre Abbott qui ne fait que peu de cas du patrimoine de l’humanité !
Mises à jour AppelAu premier ministre et au ministre de l’environnement d’Australie
“Empêchons les plans du gouvernement australien d’amputer de 74 000 hectares la réserve naturelle inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en Tasmanie”
Des paysages merveilleux composés de chaines de montagnes, de karst, de forêts pluviales et de marécages, des sites archéologiques révélant une occupation humaine vieille de 30 000 ans, des espèces endémiques et menacées comme le diable de Tasmanie, des eucalyptus géants tutoyant le ciel… La Zone de nature sauvage de Tasmanie est à multiples titres inscrite depuis 1982 à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
En juin 2013, le précédent gouvernement australien avait décidé l’élargissement sur 170 000 hectares de la zone protégée pour arriver à un total de 1,58 million d'hectares.
Mais aujourd’hui la donne a changé : le chef du nouveau gouvernement Tony Abbott estime que l’Australie «a trop de forêts protégées». Lors d’un dîner partagé avec des représentants de l’industrie forestière, le conservateur Abbott déplorait «l’idéologie verte» mise œuvre dans le pays, proclamant haut et fort que «l’environnement est fait pour l’homme».
Tony Abbott veut ainsi faire déclasser, et au plus vite, 74 000 hectares bénéficiant du statut de patrimoine mondial de l'UNESCO. Selon lui, il ne s’agit là que de «modifications mineures» touchant des zones ayant déjà été déboisées qui ne valent pas la peine d’être protégées. Les écologistes australiens contestent l’ambition du premier ministre car la zone visée est composée selon eux à 90% de forêt vierge intacte.
Le gouvernement australien a déposé sa demande auprès du Comité du Patrimoine mondial le 1er février 2014. Si celle-ci venait à être acceptée, non seulement 18 eucalyptus géants (sur 58) ne seraient plus protégés, mais aussi des vallées et des forêts entières.
Les organisations écologistes australiennes font tout pour stopper le projet invraisemblable du gouvernement. Aidons-les avec notre signature !
ContexteLa Tasmanie possède des paysages divers et majestueux allant des côtes accidentées aux forêts luxuriantes en passant par des montagnes escarpées. La période glaciaire a contribué à la formation de vallées, gorges et autres montagnes alpines spectaculaires. Les régions karstiques sont truffées de grottes. Les vastes forêts pluviales tempérées sont peuplées de nombreuses variétés d’eucalyptus. Certains d’entre eux, les eucalyptus géants, atteignent plus de 80 mètres et comptent parmi les feuillus les plus hauts de la planète.
Séparée du continent australien depuis plusieurs millénaires, l’île de Tasmanie abrite une profusion d’espèces endémiques dont beaucoup sont inscrites à la liste rouge de l’UICN qui recense les espèces menacées d’extinction. Parmi celles-ci des des libellules, des vautours, des écrevisses, sans oublier le célèbre diable de Tasmanie.
Des sites archéologiques attestent une présence et un établissement humain vieux de 30 à 40 000 ans. Les Aborigènes de Tasmanie ont vécu pendant environ 500 générations sans aucune influence externe. Ils sont ainsi le groupe étant demeuré le plus isolé au monde…
En 1982, l'UNESCO a classé environ 20% du territoire de la Tasmanie au patrimoine mondial. À ce jour, 981 sites naturels ou culturels sont inscrits à la liste du patrimoine de l’humanité. La Zone de nature sauvage de Tasmanie est l’un des rares sites appartenant aux deux catégories à la fois.
À de multiples reprises, le statut de patrimoine mondial a préservé la nature d’activités nocives. Il a empêché la construction de deux barrages fluviaux en 1983 et fait stopper le déboisement dans deux vallées en 1988 et 1989. L’Unesco a réclamé plusieurs fois l’élargissement de la zone protégée, en particulier pour intégrer certaines forêts d’eucalyptus que l’organisation onusienne considérait menacées.
La Zone de nature sauvage de Tasmanie s’étend sur 1,58 millions d’hectares à ce jour. Cela s’est fait en plusieurs étapes dont la dernière remonte à 2013 avec une extension de 170 000 hectares. Parmi ceux-ci, 46 000 hectares étaient déjà protégés comme Parc national, le reste bénéficiait de l’Accord sur les forêts régionales tasmaniennes (en original : Tasmanian Forest Agreement), une sorte de «traité de paix» conclu entre les organisations écologistes et l’industrie forestière.
Grâce à l’élargissement de 2013, un corridor de 180 km de forêts d’eucalyptus est dorénavant sous la protection de l’Unesco. Celui-ci abrite 58 des 100 plus grands arbres du site.
Mais le nouveau gouvernement australien veut déclasser 74 000 hectares de la réserve naturelle protégée inscrite au patrimoine mondial. Il justifie sa demande en affirmant que les zones concernées ne valent pas la peine d’être protégées. Ces terres ne compteraient pas de forêts vierges et seraient même cultivées dans certains cas.
Mais les écologistes australiens, à l’image de Bob Brown, contestent l’affirmation du gouvernement de Tony Abbott. Selon eux, 90% des 74 000 hectares sont composés de forêts vierges intactes, les zones utilisées par l’homme lors des 50 dernières années ne s’élevant qu’à seulement 5% ou 6%. Même les plantations forestières, qui représentent 218 hectares, ne doivent en aucun cas perdre leur statut de patrimoine mondial.
La demande de «Modification potentielle des limites du bien du patrimoine mondial de la Zone de nature sauvage de Tasmanie» déposée par le gouvernement australien sera examinée lors de la 38ème session du Comité du patrimoine mondial qui aura lieu du 15 au 25 juin 2014 à Doha au Qatar.
Informations complémentaires
• UNESCO : Zone de nature sauvage de Tasmanie
1- Présentation générale
2- Vidéo
• Carte de la zone protégée Tasmanian Wilderness National Heritage Area
• Article de Libération Le Premier ministre australien en a assez des forêts protégées
• Article de ABC - Radio Australia Tasmanie: permis d'abattre
en anglais
• Présentation du dernier élargissement de la Zone de nature sauvage de Tasmanie Fact Sheet on the Australian Government’s proposal to extend the Tasmanian Wilderness World Heritage Area
• Article de Liberty voice The World Leader Who Wants to Cut Down More Forests
• Rapport de The Bob Brown Foundation Submission guide - How you can help save Tasmania’s World Heritage forests from going back on the chopping block
Destinataires de la pétition
En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :
• M. Tony Abbott, Premier Ministre du gouvernement fédéral d’Australie• M. Greg Hunt , Ministre de l’Environnement d’Australie
Ambassade d’Australie
4, rue Jean Rey
75015 Paris
Tél : +33 (0)1 40 59 33 00
Fax : +33 (0)1 40 59 33 10
Courriel : info.paris@dfat.gov.au
Au premier ministre et au ministre de l’environnement d’Australie
Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Ministre,
Votre gouvernement veut déclasser 74 000 hectares de la Zone de nature sauvage de Tasmanie afin de lui faire perdre la protection de l’Unesco. Cela met en danger les exceptionnelles forêts d'eucalyptus de Tasmanie où poussent certains des plus grands feuillus de la planète.
Nous trouvons votre décision effarante étant donné l’élargissement du site du patrimoine mondial de l’Unesco par le précédent gouvernement en juin 2013. Votre plan de déclasser des zones récemment protégées est un exemple de politique environnementale rétrograde et non fiable. Ce faisant, vous nuisez sérieusement à la réputation de l’Australie et isolez votre pays au niveau international.
Nous vous demandons de reconsidérer votre politique néfaste et d’abandonner votre plan d’amputer le patrimoine mondial de l’Unesco de vastes territoires.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Ministre, en l'assurance de notre considération et de notre vigilance citoyenne.