Vue aérienne sur une rivière serpentant au milieu d’une forêt de mangrove Les forêts de mangroves qui subsistent à Sumatra ont besoin d’une protection stricte (© Rita Glaus) Photo de groupe de la biologiste Rita Glaus de Sauvons la forêt entourée de l’équipe de l’organisation AWF devant son bureau, un édifice en rotin et bambou Sauvons la forêt a rencontré ses partenaires d’Aceh Wetland Foundation sur le terrain en 2023 (© Aceh Wetland Foundation) Une collaboratrice d’AWF se tient sur des troncs d’arbre dans une tourbière, entourée de palmiers à huile 90% des tourbières de Tripa ont été détruites pour produire de l’huile de palme, une perte dramatique pour les orangs-outans (© Rita Glaus) Vue en contre-plongé sur la zone marécageuse de Paya-Nie (Sumatra) Le marais de Paya Nie est protégé par des lois indigènes strictes (© Aceh Wetland Foundation) Deux hommes travaillant à la restauration du  marais de Paya Nie grâce à des plants de mangrove « Les mangroves sont notre vie, elles donnent protection et espoir. » Sauvons la forêt finance le reboisement du marais de Paya Nie (© Aceh Wetland Foundation)

Préservation des zones humides de la province d'Aceh

Dans la province d’Aceh, au nord de Sumatra, notre partenaire Aceh Wetland Foundation œuvre à la protection des mangroves, des tourbières et des marais.

Vue d’ensemble du projet

Thématique(s)Habitats / Personnes

Objectif(s) Garantir les droits forestiers et des indigènes / Divulguer les crimes environnementaux

Activité(s) Campagnes d’information / Recherches / Investigations / Éducation / Restauration des zones touchées

Forêts de mangroves sur la côte est d’Aceh

Les mangroves sont des forêts fascinantes situées entre la mer et la terre, composées d’arbres et d’arbustes de différentes espèces pouvant survivre dans l’eau salée. Elles absorbent l’eau telle une éponge, agissent comme un rempart contre les tempêtes maritimes et stockent d’énormes quantités de carbone. Leurs systèmes racinaires, qui émergent comme des échasses du sous-sol boueux, offrent un abri à de nombreuses espèces animales. L’Indonésie possédait les forêts de mangroves les plus étendues de la planète, jusqu’à ce que la déforestation massive commence il y a quarante ans.

« Bien que l’importance des forêts de mangrove soit bien connue, la plupart d’entre elles ont été abattues », explique Yusmadi Yusuf, directeur de notre organisation partenaire, l’Aceh Wetland Foundation. « Deux entreprises détenaient à elles seules des permis d’abattage sur 32 000 hectares, soit près des deux tiers de la superficie totale des mangroves d’Aceh. »

Le meranti et d’autres bois durs précieux étaient surnommés "bois japonais" car ils étaient principalement exportés vers le Japon. Des milliers d’hectares de forêts de mangroves ont disparu au profit d’exploitations aquacoles. Les spécialistes estiment que les effets meurtriers du tsunami du 26 décembre 2004, qui a fait des centaines de milliers de victimes, ont été considérablement aggravés par la destruction des forêts de mangroves protectrices.

Aceh Wetland Foundation. Autochtones. Scientifiques. Journalistes.

 

L’Aceh Wetland Foundation a pour objectif de préserver les dernières zones humides (mangroves, tourbières et marais) de la province d’Aceh et de restaurer les zones détruites. Car il y a encore de l’espoir, notamment pour la forêt de mangrove du village autochtone de Teulaga Tujuh, dont la riche biodiversité et le rôle de forteresse rendent particulièrement fier son chef, Teungku Tahee. La scientifique Dr Rita Andini, de l’Agence nationale pour la recherche et la science (BRIN), confirme la richesse biologique. « Rhizophora Mucronata s’épanouit parfaitement ici », écrit-elle. Cette espèce de plante possède de multiples avantages : elle lutte contre l’érosion et peut servir de bois d’œuvre et de nourriture. 

Depuis 2010, l’Aceh Wetland Foundation collabore avec les communautés de la côte est pour lutter contre la destruction des forêts de mangroves.

Le renforcement des communautés autochtones est l’élément clé de la protection des mangroves. (Yusmadi Yusuf)

Par exemple, les jeunes du village de Simpang Lhee à Langsa ont reçu une formation de gardes forestiers. Ils patrouillent régulièrement pour protéger la mangrove des intrus.

« En 2011, en collaboration avec l’organisation environnementale Walhi Aceh et le groupe de conservation marine KuALA, nous avons pu empêcher la société PT Starminera Prima Abadi d’extraire du sable marin le long des forêts de mangroves à Langsa », explique Yusmadi Yusuf. 

Cependant, les forêts protégées sont également menacées, et pas seulement en raison des profits à tirer du bois tropical et du charbon de bois. Actuellement, certaines entreprises engagées dans le business des crédits carbone ont des vues sur les forêts de mangroves d’Aceh. « Nous sommes très inquiets de cette évolution », déclarent nos collègues de l’Aceh Wetland Foundation.

Nous voulons protéger les mangroves en tant que puits de carbone et écosystèmes, non pas pour faire du greenwashing, mais pour la souveraineté des populations sur leurs terres et leurs forêts.

Seules 10 % des tourbières de Tripa et Babahrot encore intactes

 

Les tourbières de Tripa étaient autrefois célèbres pour abriter la plus grande population d’orangs-outans de Sumatra. A l’origine, les forêts s’étendaient sur 60 657,29 hectares. « Mais aujourd’hui, les entreprises d’huile de palme contrôlent la quasi-totalité des tourbières de Tripa et Babahrot. Tout ce qui reste, c’est la misère et des conflits fonciers sans fin », déclare Nagan Raya, chef du village de Pulo Kruet, dans le district de Darul Makmur. Des milliers d’orangs-outans ont disparu en même temps que les forêts ou sont morts brûlés.

90 % des anciennes tourbières sont aujourd’hui des plantations de palmiers à huile. « Il ne reste plus que 5 000 hectares de forêts de tourbe », affirme le célèbre journaliste environnemental Junaidi Hanafiah de Mongabay.

La destruction des tourbières de Tripa  a atteint son paroxysme en 2012, lorsque la société PT Kallista Alam a défriché 1 000 hectares de forêts de tourbe par le feu. En 2014, le tribunal de Meulaboh a condamné l’entreprise à payer 366 milliards de roupies d’amende pour la destruction des tourbières et le financement de la renaturation. L’entreprise a attendu dix ans avant de commencer à payer son amende.

Voir notre pétition Sauvons le dernier refuge des orangs-outans !

« De nouvelles terres sont défrichées dans l’ancienne concession de Kallista Alam, qui est devenue une réserve de tourbe. Même le panneau d’information du ministère a été enlevé », alerte Syukur Tadu, un militant écologiste de Nagan Raya.

Notre partenaire Aceh Wetland Foundation continue de traquer les crimes environnementaux dans le marais de Tripa-Babahrot, en patrouillant dans les zones forestières incendiées, en collaboration avec la police forestière et des volontaires.

Les autochtones de Paya Nie vivent du marais et en assurent la sécurité

 

« Nous, autochtones de deux localités, avons convenu d’une loi de droit traditionnel Adat pour protéger le marais de Paya Nie. L’agriculture et les plantations ne sont pas autorisées », explique Said Fakhrurrazi, chef de la commune de Teungku Chik Dimanyang Mukim. Elle interdit également la chasse aux oiseaux et la pêche à l’électricité et au poison. Les neuf villages situés autour du marais de Paya Nie reconnaissent également la loi Adat.

Malgré tout, la communauté autochtone de Paya Nie doit continuer à se battre, car son territoire est toujours menacé : le ministère des travaux publics prévoit en effet de transformer le marais de Paya Nie en bassin de stockage pour les installations d’irrigation de Seuke Pulot. Ce projet de grande envergure risque de détruire la biodiversité de Paya Nie. 

Faire valoir les droits des autochtones face aux intérêts de l’État et des entreprises est difficile. L’un des défis est de déterminer qui détient l’autorité en fin de compte : l’Etat. qui ne veut pas renoncer à son contrôle sur les terres, les autochtones, qui exigent le respect de leurs droits humains, ou les entreprises, qui détiennent le pouvoir économique.

L’objectif d’Aceh Wetland Foundation est de faire reconnaître l’ensemble de Paya Nie comme territoire autochtone, ce qu’elle considère comme le seul moyen d’assurer la protection de la zone humide. Pour ce faire, l’État doit reconnaître les droits des populations autochtones sur leurs terres. En attendant, notre partenaire continue à reboiser les marécages dégradés.

Sauvons la forêt soutient l’Aceh Wetland Foundation dans son action pour :

  • protéger et reboiser les mangroves de la côte est,
  • patrouiller dans les marais de Tripa et Babahrot, et enquêter sur les crimes environnementaux,
  • promouvoir la protection du marais de Paya Nie par les populations autochtones.


  1. importance des forêts de mangrove

    FAO (1985) : Pengelolaan Mangrove di Thailand, Malaysia dan Indonesia https://pdf.usaid.gov/pdf_docs/Pnaav657.pdf

    Selon cette étude, Aceh comptait 50 000 hectares de mangroves.

  2. Deux entreprises détenaient à elles seules des permis d’abattage

    Il s'agissait des entreprises PT Bakau Selat Malaka (20 000 ha) et PT Kalindi Langsa (12 000 ha). D'autres entreprises, PT. Naridu et l'entreprise publique PT. Inhutani III, possédaient également des permis d'exploitation forestière.

  3. empêcher la société PT Starminera Prima Abadi d’extraire du sable marin

    De nouveaux projets visent à autoriser le dragage du sable. Selon l'Aceh Wetland Foundation, les forêts de mangrove protégées de Teulaga Tujuh sont menacées.

  4. forêts protégées

    Selon le ministère de l'Environnement et des forêts, 9 876,39 hectares de mangroves sont protégés, dans les districts d'Aceh Timur (4 797,25 ha), d'Aceh Tamiang (4 216,33 ha) et de Kota Langsa (862,81 hectares).

Inscrivez-vous à notre newsletter

Suivez l’actualité de nos campagnes pour la protection de la forêt tropicale grâce à notre lettre d’information !