Étude : les programmes alimentaires de l’Indonésie causent faim et dégradation de l’environnement

Plantation de palmiers à huile en Papouasie Les forêts de Sumatra, Bornéo et Papouasie doivent être préservées ! (© Rita Sastrawan)

9 mars 2021

La nouvelle étude "Swallowing Indonesia´s Forests" révèle les menaces pour les peuples indigènes, les forêts et la biodiversité des programmes alimentaires « Food Estate » de l’Indonésie. Les millions d’hectares de plantations industrielles de riz sur les îles de Bornéo, Sumatra et Nouvelle-Guinée ne fourniront pas de nourriture mais contribueront au contraire à la faim et à la crise climatique.

Les programmes alimentaire lancés par l’état indonésien doivent en apparence donner une solution à la crise alimentaire dans le pays et atténuer les impacts économiques du Covid 19, mais les aggraveront en réalité. Ils menacent certains des habitats à la plus grande diversité biologique de la planète sur les trois grandes îles de Sumatra, de Bornéo et de Nouvelle-Guinée.

Annoncés seulement en 2020 en pleine pandémie, certains de ces programmes ont déjà débuté. Leurs conséquences sont déjà visibles : accaparement des terres, violations des droits de l’homme et déforestation.

Les domaines suivants sont concernés, même si les plans du gouvernement ne donnent pas le détail de la taille de chaque projet pris individuellement :

  • 770 000 hectares dans le Kalimantan central sur l’île de Bornéo (soit plus de 70 fois la superficie de Paris). D’autres sites sont prévus à Kalimantan oriental.
  • 2 000 000 d’hectares dans la province de Papouasie sur l’île de Nouvelle-Guinée (soit plus de la moitié de la superficie de la Belgique).
  • 32 000 hectares dans le nord de Sumatra. D’autres sites sont prévus dans le Sumatra du Sud ainsi que sur d’autres îles.

Il est alarmant de constater que la mise en œuvre des programmes a été confiée à l’armée. Des soldats travaillent déjà sur le terrain dans la province du Kalimantan central à Bornéo. Les programmes alimentaires (Food Estate) de l’État sont dirigés par le ministre de la défense Prabowo Subianto, un homme d’affaires et ancien général au sombre passé, renvoyé de l’armée en raison de sa responsabilité dans l’enlèvement et la torture de militants pour la démocratie en 1996.

L’armée indonésienne joue encore aujourd’hui un rôle économique important, y compris dans le domaine de l’industrie agroalimentaire. Les réformes du secteur de la sécurité de 2004 n’ont pas beaucoup changé changé la donne. Les affaires de l’armée sont sujettes à la corruption. L’arrestation du ministre des affaires maritimes et de la pêche, Edhy Prabowo, est un exemple récent de l’enchevêtrement de la politique, de l’armée et de la corruption. Cette affaire de falsification de licences d’exportation n’a fait l’objet d’une enquête de la Commission anti-corruption qu’en 2020.

Les précédents programmes d’aide alimentaire, tels que le désastreux projet rizicole d’un million d’hectares (PLG) à Bornéo dans les années 1990 ou le programme d’aide alimentaire et énergétique intégrée de Merauke (MIFEE) en Papouasie débuté en 2010, ont entraîné de très importantes dégradation environnementales et de violations des droits de l’homme.

Sauvons la forêt, Environmental Paper Network, Biofuelwatch et les autres auteurs de l’étude "Swallowing Indonesia’s Forests" constatent un manque de et de responsabilité, ainsi que la violation des droits de l’homme et de la protection de l’environnement.

Les organisations environnementales demandent aux banques et autres institutions financières de ne pas faire d’investissements dans les programmes alimentaires Food Estate. La population locale et les groupes de la société civile alertent sur la destruction des écosystèmes et des moyens de subsistance des populations autochtones causés par la conversion de la forêt tropicale et des terres indigènes en cultures industrielles.

La forêt est fondamentale pour la survie matérielle et spirituelle des peuples indigènes. Ces derniers considèrent faire partie intégrante de la nature. Mais la déforestation détruit leurs existence et pratiques agricoles. Les méga-programmes alimentaires de l’état indonésien auront pour conséquence la disparition des nourriture et modes de vie locaux.

«  Aux côtés des groupes écologistes indonésiens, nous appelons à ne pas répéter les erreurs du passé et à ne pas créer de nouvelles catastrophes environnementales et climatiques avec les fous programmes alimentaires Food Estate. Les forêts tropicales et les tourbières sont particulièrement importantes pour la protection du climat mondial. Les gens sont sacrifiés pour un système économique basé sur l’exploitation de la nature » déclare Marianne Klute, présidente de Sauvons la forêt.

Pour plus d’informations (en anglais), lire et télécharger le rapport SWALLOWING INDONESIA´S FORESTS.

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