Le dragon de Komodo également menacé par la crise climatique

Un dragon de Komodo marche sur une plage L’UICN vient de classer le dragon de Komodo comme espèce "en danger" (© WALHI NTT)

14 sept. 2021

L’Union mondiale pour la nature (UICN) met en garde sur les futurs impacts des changements climatiques sur le dragon de Komodo, dont l’espèce est passée de "vulnérable" à "en danger" sur sa Liste rouge des espèces menacées.

Le dragon de Komodo (Varanus komodoensis) vit uniquement dans le Parc national de Komodo, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, et sur l’île voisine de Flores, en Indonésie. Sa population est estimée à 3 000 individus. Le plus grand lézard vivant du monde est de plus en plus menacé par la destruction de son habitat et de la contrebande d’animaux. Et les changements climatiques pourraient bientôt provoquer leur extinction.

Notre pétition "Un Jurassic Park pour le dragon de Komodo ? Non !", lancée en juin 2021 pour protester contre les projets de complexes hôteliers de luxe à l’intérieur du Parc national de Komodo, a déjà recueilli plus de 80 000 signatures à ce jour.

En raison des protestations internationales, le Comité du patrimoine mondial a demandé en août à l’Indonésie d’arrêter ses projets d’infrastructures touristiques en raison de la menace qu’ils font peser sur l’habitat des dragons de Komodo. Le gouvernement indonésien doit soumettre à l’UNESCO une révision de l’évaluation de l’impact environnemental sur le parc national d’ici septembre 2021 au plus tard.

« C’est une victoire contre la destruction d’une réserve naturelle et d’un patrimoine mondial par la politique touristique du gouvernement indonésien », déclare Cypri Jehan Paju Dale, chercheur Centre d’études sur l’Asie du Sud-Est de l’université de Kyoto et défenseur de l’environnemental né à Flores.

Le dragon de Komodo n’est pas uniquement menacé par le projet de "Jurassic Park", mais également par la crise climatique : la hausse des températures de la planète, et donc du niveau de la mer, aura pour résultat une réduction considérable de son habitat. C’est ce qui ressort d’un récent rapport de l’Union mondiale pour la nature (UICN). L’organisme a modifié le statut du dragon de Komodo sur la liste rouge des espèces animales et végétales menacées, passant de "vulnérable" à "en danger".

L’exemple du dragon de Komodo illustre particulièrement bien les conséquences dévastatrices du dérèglement climatique. Selon l’UICN,  son habitat réduira d’au moins 30 % au cours des 45 prochaines années. Les dragon de Komodo qui vivent sur l’île de Flores, en dehors des aires protégées, sont particulièrement menacés.

Alors que la population de varans à l’intérieur du Parc national de Komodo est relativement stable, leur habitat a déjà diminué de plus de 40 % entre 1970 et 2000 sur l’île de Flores, en raison des activités humaines, avertit l’UICN.

Les dragons de Komodo vivent dans les forêts et la savane aride et ne peuvent pas survivre à des altitudes supérieures à 700 mètres. Ainsi, leur population risque d’être encore plus décimée si les animaux doivent se déplacer vers les montagne à cause de la montée du niveau de la mer.

« L’idée que ces animaux préhistoriques se rapprochent également de l’extinction à cause du changement climatique est terrifiante », déclare le Dr Andrew Terry, directeur de la conservation à la société zoologique de Londres (Zoological Society of London - ZSL) . L’année dernière déjà, les experts ont appelé à des mesures de conservation urgentes pour éviter l’extinction du dragon de Komodo en raison du réchauffement climatique.

Du 3 au 11 septembre 2021 s’est tenu le Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille, auquel ont participé plus de 1300 membres, dont des décideurs politiques ainsi que des représentants d’organisations de protection de l’environnement et du monde universitaire. L’UICN est par ailleurs un organisme de conseil de l’UNESCO pour la désignation et le suivi des sites du patrimoine mondial.

L’UICN a présenté, lors du congrès, la mise à jour de sa liste rouge des espèces animales et végétales menacées. La liste, avec ses catégories allant de "Préoccupation mineure" à "éteint", comprend actuellement quelque 140 000 espèces, dont 40 000 sont "En danger critique d’extinction". La liste rouge de l’UICN s’allonge également en raison des impacts des changements climatiques.

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