Ouganda : le pipeline EACOP et TotalEnergies dans la tourmente
Une semaine difficile pour le projet d’oléoduc EACOP en Afrique de l’Est, mais encourageante pour les populations et l'environnement : une nouvelle analyse d’ONG révèle que les groupes CNOOC et TotalEnergies, impliqués dans ce chantier à plusieurs milliards, continuent de rencontrer des difficultés de financement. Parallèlement, un tribunal parisien a condamné TotalEnergies pour greenwashing.
« Avertissement aux financeurs de TotalEnergies : EACOP engloutit l’argent, la nature et les moyens de subsistance », titre l’organisation Banktrack dans un article consacré à une étude sur le financement de l’oléoduc East African Crude Oil Pipeline (EACOP). Selon cette analyse, les promoteurs du projet, TotalEnergies en tête, sont contraints d’assurer eux-mêmes la quasi-totalité du financement.
Les entreprises auraient abandonné leur plan initial de couvrir 60 % de l’augmentation des coûts par des prêts bancaires et en assumeraient désormais près de 90 %. Cette mise à jour du risque financier a été réalisée par une coalition d’organisations de la société civile africaines et internationales.
Au total, 43 banques et 30 (réa)assureurs ont déjà exclu de soutenir le projet EACOP, notamment sous la pression du mouvement #StopEACOP, auquel participe Sauvons la forêt.
Un tribunal condamne TotalEnergies pour publicité trompeuse
Le 23 octobre 2025, le tribunal judiciaire de Paris a jugé que TotalEnergies avait commis des pratiques commerciales trompeuses, en affirmant « être un acteur majeur de la transition énergétique », alors que le groupe continue de promouvoir et de vendre du pétrole et du gaz.
La plainte avait été déposée par Les Amis de la Terre, Greenpeace France et Notre Affaire à Tous, soutenus par ClientEarth. Selon ces organisations, cette démarche est historique : pour la première fois une multinationale pétro-gazière devait répondre devant la justice de la sincérité de ses engagements climatiques.
Concrètement, TotalEnergies affirmait avoir « intégré le climat au cœur de sa stratégie », alors que le groupe poursuit des projets pétroliers et gaziers au Mozambique, en Tanzanie et en Ouganda, notamment EACOP et Tilenga.
Le tribunal a ordonné à TotalEnergies et à TotalEnergies Électricité et Gaz France de cesser de diffuser leurs allégations trompeuses dans un délai d’un mois, sous peine d’une astreinte de 10 000 euros par jour de retard, et de publier la décision sur la page d’accueil du site www.totalenergies.fr pendant 180 jours.
En revanche, les associations ont été déboutées, pour des raisons formelles, de leurs demandes concernant les allégations de TotalEnergies selon lesquelles les agrocarburants permettraient une réduction d’au moins 50% (voire 90%) des émissions de CO2 par rapport à leurs équivalents fossiles.