Huile de palme - questions et réponses

Des terres déboisées devant la forêt tropicale intacte © flickr/RAN

Le boom mondial de l’huile de palme

Le palmier à huile (Elaeis guineensis) est une espèce tropicale de palmier originaire de la forêt humide africaine. Aujourd’hui ces arbres poussent tout autour de l’équateur dans d’immenses monocultures industrielles. Pour croître, les palmiers à huile ont besoin d’un climat tropical, c’est-à-dire de l’humidité et de fortes températures constantes. L’huile est généralement extraite des fruits dans des moulins à huile par chauffage à haute température et pression à chaud. Les fruits couleur orangée donneront de l’huile de palme tandis que  les noyaux produiront de l’huile de palmiste. Avec 54 millions de tonnes (2011), l’huile de palme est à ce jour l’huile végétale la plus négociée au monde. L’Indonésie est la championne des exportations. Associée à la Malaisie, elles fournissent 85% de la production mondiale. Les plantations de palmiers à huile s’étalent sur 9 millions d’hectares en Indonésie, les prévisions pour 2025 sont de 26 millions d’hectares.

Pour l’huile de palme, les forêts tropicales sont détruites

85% de la production mondiale d’huile de palme est concentrée sur l’Indonésie et la Malaisie. La France importe aussi de producteurs en Afrique (Cameroun, Ghana) et en Amérique du Sud (Colombie). Les terres bon marché pour de nouvelles plantations de palmiers à huile sont celles qui abritent les forêts primaires, et les gouvernements en cèdent de vastes concessions aux multinationales. De plus, l’industrie de l’huile de palme est très liée à celle du bois exotique : les coûts d’investissements pour les plantations de palmiers à huile sont financés par la vente et l’exploitation des essences rares. La végétation restante est entièrement brûlée afin de faire de la place pour les monocultures de palmiers.

Les plantations de palmiers à huile, ennemies de la biodiversité

A cause du défrichage des forêts tropicales et de leur transformation en monocultures de palmiers à huile, des milieux naturels d’une immense diversité d’espèces animales et végétales sont détruits. Les grands singes orangs-outans ne sont que les représentants les plus symboliques des milliers d’espèces menacées. Mais les habitants humains de ces territoires pâtissent également des conséquences de la déforestation : leurs  moyens de subsistance sont détruits, et les indigènes sont expulsés de leurs terres d’origine.

L’huile de palme signifie la misère pour les populations autochtones

Aussi, les gens qui habitent dans les forêts pluvieuses sont atteints par le boom de l’huile de palme. Leurs moyens de subsistance et leur culture sont gravement touchés. Petits agriculteurs et populations autochtones sont expulsés de leurs terres ancestrales. Dans la seule Indonésie, où 45 millions de personnes vivent dans les forêts, 5.000 conflits territoriaux et humains sont imputés à l’huile de palme. En 2009, la Banque mondiale a imposé un moratoire global sur l’huile de palme après avoir financé pendant 30 ans son expansion à coups de milliards de dollars.

L’huile de palme remplit les caisses des multinationales

L’huile de palme est de loin l’huile végétale la moins chère du marché global et est mondialement commercialisée dans d’immenses quantités. Ses propriétés chimiques permettent une utilisation polyvalente dans l’industrie chimique et alimentaire. Elle a un point de fusion élevé, ce qui la rend souple et facile à étaler et en fait une matière première de premier choix pour de nombreux produits.

L’huile de palme n’est pas mentionnée à l’étiquetage

L’huile de palme se trouve dans des milliers d’articles de la grande distribution. Toutefois, très peu de fabricants –principalement les enseignes bio- font mention de la présence d’huile ou de graisse de palme sur l’emballage de leurs produits. La plupart des marques essayent de camoufler l’huile de palme derrière l’expression « huiles et graisses végétales ». Des produits typiques contenant de l’huile de palme sont: la margarine, les glaces, les biscuits, les soupes toutes prêtes, les pizzas surgelées, les lessives, les savons, les produits d’entretien, etc. Certaines entreprises ont pourtant choisi de renoncer complètement à l’huile de palme dans leur production, comme en France la marque Findus, ou le groupe Casino pour ses produits alimentaires.

Huile de palme et électricité

A l’heure actuelle, des entreprises énergétiques à travers le monde construisent des centrales qui produisent de l’électricité en brûlant de l’huile de palme. Pire, en Allemagne, une loi sur les énergies renouvelables en 2004 avait fait fortement augmenter -grâce à des subventions - les importations d’huile de palme. Un tiers de l’huile de palme importée outre-Rhin est ainsi utilisée dans des centrales électriques. La fin décidée des subventions en 2012 n’empêchera pourtant pas une protection en l’état pour une durée de 20 ans des sites existants  et l’indemnisation de ses opérateurs.

L’huile de palme dans les réservoirs de voitures

Jusqu’à présent et pour des raisons techniques, l’huile de palme n’est mélangée au carburant fossile que dans de faibles quantités. Mais ceci devrait bientôt changer, car des procédés chimiques – l’hydrogénation de l’huile de palme- permettent d’en changer certaines propriétés. La compagnie finlandaise Neste possède un procédé breveté de cette méthode et projette de conquérir le marché européen avec du biocarburant bon marché à l’huile de palme. C’est dans ce but que trois immenses raffineries d’huile de palme voient le jour à Singapour, Rotterdam et Helsinki, et doivent entrer en fonctionnement courant 2011.

L’huile de palme réchauffe le climat

L’huile de palme contribue massivement au réchauffement climatique global. Par le déboisement des forêts et l’assèchement des tourbières pour les plantations de palmiers à huile, d’énormes quantités de carbone s’échappent dans l’atmosphère. La production d’huile de palme mobilise de plus un volume conséquent d’énergie fossile pour le travail des sols, les engrais, les pesticides, la récolte, le transport et la transformation. Les résidus de production contiennent du méthane, qui est un gaz à très fort effet de serre. Même si les palmiers à huile étaient cultivés dans le désert, le biocarburant ne serait jamais, à l’inverse de ce que prétendent les industriels, «climatiquement neutre».

L’huile de palme rend malade

L’huile de palme est composée à 45% d’acides gras saturés, pouvant augmenter le taux de mauvais cholestérol ainsi que les risques de maladies cardio-vasculaires, et qui sont décriés comme responsables d’importantes prises de poids. L’huile de palme contient de plus des esters d’acides gras (de glycidol et 3-MCPD), qui sont classifiés comme cancérigènes. Les concentrations en agents toxiques sont surtout particulièrement fortes dans l’huile de palme raffinée, un ingrédient que l’on trouve dans les aliments pour nourrisson. Même les très appréciées pâtes à tartiner au chocolat et noisettes contiennent beaucoup d’huile de palme. Etant donné que le risque sanitaire dépend de la quantité ingérée ainsi que du poids corporel, les enfants sont particulièrement menacés.

L’huile de palme « bio » ne vaux guère mieux

La branche bio mise aussi complètement sur l’huile de palme. Des centaines de produits bios de marques connues comme The Body Shop ou Biocoop contiennent de l’huile de palme. Certes, l’agriculture biologique interdit l’usage de pesticides et d’engrais chimiques ainsi que les organismes génétiquement modifiés (OGM). Mais les certifications bio ne contiennent néanmoins pas de normes contre la déforestation tropicale et l’accaparement des terres.  Par ailleurs, il est très difficile de considérer les immenses monocultures industrielles comme écologiques. Les plus grands producteurs et exportateurs d’huile de palme bio sont en Amérique du Sud. En Colombie, le groupe Daabon cultive 4.000 hectares de plantations de palmiers à huile sur la côte caraïbe au sud ouest de Santa Marta. Par ailleurs, Daabon exploite une raffinerie produisant annuellement 110.000 tonnes de biodiesel.  

Agropalma, le plus gros producteur d’huile de palme au Brésil, gère selon ses propres chiffres 39.000 hectares de palmeraies dans la forêt amazonienne dans l’État de Pará. Une hacienda  CPA de 4.107 hectares est dévolue à la production d’huile de palme certifiée biologique. Sur les images satellites disponibles sur Google Earth dans les districts de Tailândia et  d’Acará, il est aisé de localiser les plantations d’Agropalma grâce à leur trame géométrique répétitive au cœur de la forêt tropicale…

L’huile de palme certifiée n’est qu’une vaste tromperie

Les plus grands fabricants et utilisateurs d’huile de palme ont fondé avec le WWF la Table Ronde pour l’Huile de Palme Durable (Roundtable on Sustainable Palm Oil, RSPO). Le but de cette organisation est de procurer, sous couvert d’une certification, une nouvelle légitimité à une huile de palme tombée dans le discrédit, favorisant l’essor des plantations. Non seulement la RSPO n’exclut pas formellement la déforestation, mais celle-ci ne prend même pas en compte les aspects sociaux et la protection du climat. Le premier producteur d’huile de palme « certifiée » RSPO s’est révélé d’emblée être un impitoyable destructeur de forêt tropicale. 256 organisations écologiques et humanitaires de par le monde rejettent la RSPO et la considèrent comme une vulgaire escroquerie.

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