La Deutsche Bahn se retire du grand projet d’infrastructures GPM en Amazonie

Un groupe manifeste au centre de Berlin devant l’immeuble de la Deutsche Bahn Manifestation devant le siège de la Deutsche Bahn (DB) à Berlin contre sa participation au grand projet d’infrastructures GPM le 31 mai 2024 (© Stefanie Hess)

9 avr. 2025

Une année durant, Sauvons la forêt et des organisations partenaires ont travaillé sans relâche pour sensibiliser la Deutsche Bahn (DB) aux conséquences potentiellement désastreuses d'un projet ferroviaire et portuaire au Brésil. Avec succès : DB vient de nous informer qu'elle n'avait plus l'intention de participer au projet d'infrastructure GPM dans la forêt amazonienne.

« L’accord signé en 2023 avec la société GPM est arrivé à échéance et n’a pas été prolongé », nous a fait savoir la Deutsche Bahn suite à une demande de renseignements. « Nous n’avons pas d’échanges actifs avec GPM actuellement et ne prévoyons pas d’autre collaboration pour le moment. »

C’est une très bonne nouvelle pour cette région de l’Amazonie brésilienne et pour sa population. Nos organisations partenaires au Brésil, à l’instar de Justiça nos Trilhos, se disent soulagées et nous remercient pour notre coopération fructueuse.

En avril 2024, nous avons accompagné une activiste brésilienne lors de rencontres au ministère fédéral allemand de l’Économie et au Bundestag à Berlin afin d’alerter sur le projet GPM et ses conséquences. La compagnie ferroviaire Deutsche Bahn (DB) est détenue à 100 % par l’État allemand.

Fin mai 2024, nous avons manifesté aux côtés de partenaires allemands et brésiliens devant le siège de la DB sur la Potsdamer Platz à Berlin, pour protester contre sa participation au projet GPM. À cette occasion, nous avions également déposé une plainte dans le cadre de la loi allemande sur la chaîne d’approvisionnement.

Nous avons ensuite lancé en août la pétition en "La Deutsche Bahn ne doit pas participer au pillage de l’Amazonie !", qui a recueilli plus de 64 000 signatures.

Les conséquences catastrophiques pour la nature et les populations humaines du grand projet d’infrastructures GPM ne se limitaient pas à la construction d’une ligne de chemin de fer privée de 520 km pour le transport de marchandises et d’un port d’exportation dans les mangroves. En effet, le projet aurait ouvert en grand la région à l’exploitation de matières premières, telles que le soja et le minerai de fer, pour leur exportation sur le marché mondial.

Autre succès : l’UE ne financera pas GPM

Avec nos partenaires brésiliens, nous avons également réussi à empêcher un éventuel financement du projet GPM via l’initiative Global Gateway de la Commission européenne. Global Gateway est le pendant européen des Nouvelles routes de la soie chinoises (Belt and Road Initiative ou BRI). La Commission européenne prévoit de financer des projets d’infrastructure dans le monde entier, à hauteur de 300 milliards d’euros, afin de garantir l’accès de l’industrie européenne aux matières premières et aux marchés de vente dans le cadre de sa concurrence avec la Chine.

Suite à l’envoi de nombreux courriers aux fonctionnaires européens concernés, nous avons obtenu, en novembre 2024, un rendez-vous auprès de la Commission européenne à Bruxelles pour discuter du projet GPM. Au cours de cette réunion, nous avons été informés que l’UE ne comptait pas soutenir pas financièrement le projet à ce moment-là. La Deutsche Bahn avait aidé GPM en établissant le contact avec l’UE et en participant à au moins trois présentations du projet à Bruxelles.

Poursuite de notre collaboration avec Justiça nos Trilhos 

Notre collaboration avec l’organisation Justiça nos Trilhos au Brésil se poursuit, car la suite du projet GPM reste incertaine. En tout cas, la réalisation du grand projet d’infrastructures sera beaucoup plus difficile pour ses opérateurs sans le concours de la Deutsche Bahn et les fonds de l’Union européenne.

Des filiales de DB, telles que DB E.C.O. Group, participent également à d’autres projets ferroviaires controversés dont le but est également l’exportation de matières premières du Brésil.

Il s’agit notamment de deux lignes ferroviaires du groupe minier brésilien Vale, que DB doit aider à rendre "climatiquement neutres". Chaque année, Vale transporte par voie ferrée sur 900 km, via l'Estrada de Ferro Carajás (EFC), plus de 100 millions de tonnes de minerai de fer depuis la mine de Carajás, située dans la forêt amazonienne, jusqu’à un port d’exportation, qui lui appartient, près de São Luís sur la côte atlantique.

Plus au sud, la voie ferrée Estrada de Ferro Vitoria Minas (EFVM), d’une longueur de 700 km et qui relie les régions minières et agricoles de l’intérieur du pays à un port situé près de Vitória sur l’océan Atlantique, est également utilisée pour le transport de matières premières telles que le minerai de fer, le bois, la pâte à papier et le soja.

Par ailleurs, la Deutsche Bahn s’intéresse à un autre projet, le "Corredor Fico - Fiol", dont l’objectif est de relier les liaisons ferroviaires existantes de l’intérieur du pays à une nouvelle ligne de près de 900 kilomètres menant à un projet de port d’exportation également en projet près d’Ilheus sur la côte atlantique.


  1. Corredor Fico - Fiol

    DB, 14/02/2023. FICO – FIOL y GPM. Corredores férreos multimodales en Brasil con el know-how de Deutsche Bahn:https://uic.org/events/IMG/pdf/east-west_inrtegration_corridor_in_brazil_-_carsten_puls_db_engineering_and_consulting_230214.pdf

Cette page est également disponible en :

Inscrivez-vous à notre newsletter

Suivez l’actualité de nos campagnes pour la protection de la forêt tropicale grâce à notre lettre d’information !